Mélissa Da Costa prend soin de nous

Mélissa Da Costa prend soin de nous
Mélissa Da Costa prend soin de nous

Elle a marqué la rentrée littéraire avec son nouveau roman, Se leverinvitant le lecteur à se placer dans la perspective du handicap, à travers le récit d’un couple atteint de paraplégie. François, percuté sur son scooter, et Éléonore, sa compagne, à qui l’on annonce qu’il ne marchera plus jamais. L’histoire sans filtre d’une seconde vie façonnée par les difficultés et les douleurs du quotidien, mais aussi d’un couple prêt à se briser comme une moelle épinière.

De l’autre côté, Mélissa Da Costa ramène Le créateur d’étoiles. Court roman, publié dans Livre de Pocket en 2022, pour soutenir l’Unicef. Le titre est habillé pour l’hiver en « Conte de Noël », moyen format, d’Albin Michel. Nous sommes ici avec Arthur, un petit garçon dont la mère annonce un soir qu’elle est appelée pour une mission spéciale dans l’espace. On comprend vite que le ” mission “ est une maladie sans rémission. Un mal mortel, avec un nom jamais prononcé par les adultes “avec les dents serrées”. La mère choisira de le transformer en conte poétique pour raconter la mort à son enfant, à l’instar de Saint-Exupéry avec son Petit Prince.

La douleur physique du handicap, l’acceptation de la perte, sont les thèmes que la romancière de 34 ans explore à la recherche de « ce qui reste de nous, de notre identité » face à ces défis, comme elle nous l’explique au téléphone.

Valeurs de soin et d’empathie

Ces valeurs de soin et d’empathie, héritées d’une famille au centre de laquelle une mère « très attentive, qui fait toujours passer les autres avant elle »manifestent aussi une vocation contrariée. « Parce que j’ai avant tout été un psychologue frustré »déclare-t-elle. À l’école, elle n’avait qu’une idée en tête : devenir psychologue. Mais ses professeurs l’en dissuadent. Trop brillant pour un chemin envisagé sans perspectives ; en un mot, elle est assurée qu’elle « peut faire mieux ». Elle s’en prend ensuite aux grandes écoles de commerce, mais finit dans la communication.

Depuis, en huit romans, Mélissa Da Costa est devenue l’auteure la plus vendue en . Deux ans seulement après son apparition dans le top 10, le classement annuel publié par GFK pour Le Figaroil serait cette année en passe de supplanter le poids lourd des ventes, Guillaume Musso. A-t-elle donc failli à sa mission de soignante ?

« L’envie de révéler, de montrer ce qu’on ne veut pas voir »

Selon ses lecteurs, rencontrés sur les salons, non, bien au contraire. Certains accordent à ses livres des vertus thérapeutiques. “Ce livre m’a fait autant de bien que X années de psychothérapie”, “ce livre m’a été recommandé par mon psychologue, par mon médecin généraliste, par mon kiné”, “tu devrais être remboursé par la sécurité sociale”lui disent-ils. Elle qui pensait que la fiction ne permettait que «pour s’évader et s’amuser»la voici dotée de pouvoir “exorciser” les maux.

Tout le bleu du cielpar exemple, dont l’adaptation en bande dessinée vient également de paraître, a permis à certains lecteurs de revisiter leur « à l’approche de la maladie »devenir plus ” flexible ” avec leur proche atteint d’Alzheimer, poursuit-elle. « Le long voyage intérieur » que proposent ses livres prend la forme d’un voyage qui transforme totalement ses personnages.

Plus « sensibiliser le public » est une intention faible pour Da Costa, qui préfère parler d’un « volonté de révéler ». Pour elle, le vrai mal vient de « raccourcis et interdictions ». Tout comme dans La doublure (2022), sur les drogues et la sexualité toxique, elle exprime le désir de “montrer ce que nous ne voulons pas voir”. Da Costa écrit sur et contre les tabous de la société. Une écriture insoumise, loin de l’étiquette de « feel good » que lui ont attaché ceux qui ne l’ont pas lu.

 
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