Au procès de l’attentat du 14-Juillet, le combat des victimes contre l’oubli

Au procès de l’attentat du 14-Juillet, le combat des victimes contre l’oubli
Au procès de l’attentat du 14-Juillet, le combat des victimes contre l’oubli

Ssois digne et tais-toi ! » Combien de fois les victimes de l’attentat de Nice ont-elles entendu cette injonction, ou des propos qui y ressemblent, depuis le 14 juillet 2016 ? Me Fabien Rajon laisse la question pendante, ce mercredi, devant la cour d’assises spécialement constituée de Paris. Au nom de l’association Promenade des Anges, l’avocat évoque “la lutte des victimes contre l’oubli, le voile de la pudeur, le temps qui passe, la frénésie du moment présent, et peut-être aussi les intérêts de quelques-uns.”

« Soyez digne et taisez-vous ! » Malgré tout, de nombreuses victimes ont choisi de “ne te tais pas”. Leurs témoignages ont occupé trois des huit semaines d’audience, lors du procès en appel qui se termine dans une semaine. Ce mercredi, ce sont leurs avocats qui portent la voix des parties civiles. A commencer par les associations, ces remparts contre l’oubli.

Effets collatéraux

« Les victimes ont parfois l’impression que la nation tout entière a déjà oublié cet attentat. Et c’est insupportable ! insiste Me Océane Dufoix, pour le Mémorial des Anges. Une association créée au nom du devoir de mémoire. “Se souvenir, c’est se souvenir du pire et du meilleur pour en tirer des leçons, insiste l’avocat. Nous devons faire davantage pour les victimes. C’est la société qui doit les soutenir, et non l’inverse.»

On dénombre 86 morts, 458 blessés, 2 200 parties civiles. Et puis il y a les effets collatéraux d’un attentat : ces couples qui se séparent, ces familles qui se déchirent. “Nous qui étions tellement liés, nous n’étions plus ensemble mais côte à côte”soupire une victime, dans la plaidoirie chorale lue par Mes Chalus, Abier-Rougeron et Hébert-Marchal.

L’effet d’une bombe

Cancer, accident vasculaire cérébral, prise de poids, perte de mémoire, tentative de suicide… Les avocats énumèrent les conséquences vertigineuses de l’attaque au camion bélier. “Oui, l’attaque produit les mêmes effets qu’une bombe”note Me Antoine Casubolo-Ferro, pour l’AFVT (association française des victimes du terrorisme).

Pour les victimes, ces huit années ont été « un chemin ponctué de batailles internes, juridiques et institutionnelles, pour changer ce qui n’est plus acceptable. Nous voulons plus que la justice : nous devons servir. Nos morts doivent servir », conclut Me Virginie Le Roy, pour Promenade des Anges. Dans la salle de diffusion de Nice, les applaudissements rythment certaines plaidoiries. Ils sont bientôt maîtrisés.

La sécurité en arrière-plan

Dans ce procès, tous les regards sont tournés vers l’accusé. Mais les pensées naviguent vers Marseille, où les juges enquêtent sur le système de sécurité dans la soirée du 14 juillet. Pas question d’oublier pour Célia Viale, coprésidente de Promenade des Anges. « Oui, cette attaque aurait pu être évitée, insiste en son nom M. Rajon. Oui, le système de sécurité ce soir-là était très insuffisant. Oui, il y avait des défauts béants dont les responsables devront répondre.»

Ne pas oublier, c’est aussi « veiller au respect de ceux qui ne sont plus là », estime Me Méhana Mouhou, de Life for Nice. C’est aussi soutenir les enfants traumatisés, comme le souligne Une Voix des Enfants. Et rappelons, précise Me Marie-Pierre Lazard, « que ces accusés ont participé à une attaque qui visait des enfants ».

 
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