Le groupe Pando se positionne sur le marché des fenêtres en bois

Les 3, 8 et 9 octobre, l’agenda du président du groupe Pando, Laurent Demasles était occupé par la même tâche : la signature définitive du rachat de l’entreprise. Le déroulement des trois opérations de croissance externe a été volontairement échelonné sur les mêmes périodes, pour renforcer la symbolique du moment. « Les discussions ont pris du temps, mais les promesses d’achat ont eu lieu fin juillet, à deux ou trois jours d’intervalle. Il aurait été possible de faire le clôture le même jour, mais je souhaitais être présent dans les trois sociétés », explique Laurent Demasles. Fabricant de fenêtres basé en Bresse, dans les Vosges, le groupe Pando, représentant au total 145 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé avec les sociétés Les Zelles, Bluntzer et Pando Recyclage, vient donc de reprendre consécutivement la Menuiserie Moreau (CA : 14 M€ ; 65 salariés), dans l’Indre, Menuiserie Jung (CA : 6 M€ ; 25 salariés) dans le Bas-Rhin, et Volet (CA : 15 M€ ; 100 salariés), dans l’Aube.

Capital construit autour d’un FCPE

Discret sur l’enveloppe totale mobilisée pour financer ces trois opérations, Laurent Demasles accepte de préciser que le montage utilisé est le même que celui qui lui a permis de reprendre Les Zelles en 2021. « Nous avons cinq associés dans notre actionnariat », détaille le dirigeant. . Outre Bpifrance et BNP Paribas Développement, qui contrôlent 40% du capital, il existe un FCPE (FCPE), véhicule financier imaginé par la loi Pacte de 2019, qui détient 39% du groupe Pando et dans lequel figurent notamment tous les salariés. L’actionnariat est complété par des actionnaires minoritaires, la Caisse d’Épargne Grand Est Equity, l’Institut Lorrain de Participation et Euro Capital.

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Laurent Demasles est le président du groupe Pando — Photo : Michel Laurent – ​​Les Zelles

Actionnaires salariés

“Tous ces partenaires ont accepté de reproduire le plan imaginé lors du rachat, car ils sont totalement convaincus de la philosophie du projet”, insiste le président du groupe Pando, qui préfère toutefois rester discret sur le montant de l’augmentation de capital réalisée. pour restructurer le capital du groupe lors d’opérations de croissance externe. Disposant d’une majorité des droits de vote, les salariés peuvent utiliser le FCPE pour « partager la valeur créée » au sein du groupe, avec des systèmes d’apport leur permettant de disposer de 2 600 € pour 1 000 € investis dans le capital du groupe. « Concrètement, il faudrait que l’entreprise divise sa valeur par 2 et demi pour perdre son investissement initial », précise Laurent Demasles.

“Avec Les Zelles, nous sommes passés de 80 millions d’euros de chiffre d’affaires à près de 150 millions d’euros, soit presque un doublement d’activité en sept ans.”

Dès mai 2025, les 200 nouveaux salariés seront invités à être actionnaires du groupe. Puis, au cours des quatre années suivantes, jusqu’en 2029, une augmentation de capital leur sera proposée afin de relever le niveau de FCPE dans l’actionnariat du groupe, actuellement dilué à 35 %. « Progressivement, le FCPE montera à 39 puis jusqu’à 41 % du capital », souligne le président du groupe Pando. « Au final, l’augmentation de capital réalisée avec les salariés aura quasiment compensé l’argent que nous avons levé avec de l’endettement », souligne Laurent Demasles.

Appel à un pool bancaire

Pour mener à bien ses opérations de croissance externe, le groupe Pando a fait appel à un pool bancaire, composé de LCL, de la Caisse d’Épargne Grand Est Europe, du CIC EST, de la BNP et de la SG. Pour Laurent Demasles, ce montage basé sur un FCPE présente “toutes les vertus”, puisqu’il permet non seulement de “ramener du cash” mais aussi de “consolider financièrement” le groupe tout en impliquant les salariés dans le projet “car ils seront devenus actionnaires”. dans leur propre entreprise.

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Après le PVC, le groupe souhaite désormais s’implanter dans le bois — Photo : Michel Laurent – ​​Les Zelles

Un groupe qui se pose en consolidateur

Avec ces trois transmissions simultanées, l’effectif du groupe Pando atteint désormais un total de 800 personnes. En termes d’activités, le nouveau groupe affiche un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros, un niveau qui ne satisfait pas encore le président du groupe Pando. « Avec Les Zelles, nous sommes passés de 80 millions d’euros de chiffre d’affaires à près de 150 millions d’euros, soit un quasi doublement d’activité en sept ans », rappelle Laurent Demasles. Sur notre nouveau périmètre, avec une croissance organique, je pense que dans 5 ans, voire 10 ans, nous devrions pouvoir atteindre 250 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Atteindre une taille critique

Le président du groupe Pando ne cache pas sa stratégie : atteindre une taille critique sur le marché de la menuiserie. « Demain, il faudra être à 300 millions voire 500 millions d’euros de chiffre d’affaires pour pouvoir faire face à tous les enjeux systémiques qui se posent sur notre marché », précise Laurent Demasles qui révèle qu’il est déjà à pied d’œuvre pour réaliser de nouvelles opérations externes. opérations de croissance. Mais pour l’instant, la première priorité du dirigeant est de visiter les sociétés acquises, de présenter la feuille de route du groupe et d’élaborer les business plans.

Prenez position sur la fenêtre en bois

« Nous disposons d’une équipe dédiée, composée de sept personnes mobilisées sur le sujet », révèle le président du groupe Pando. “C’est cette équipe qui va faire entrer les entreprises dans une autre dimension, celle du groupe, déjà présent partout en France.” Sans prédire les résultats du plan que lui présentera son équipe, Laurent Demasles estime qu’il faudra injecter pas moins de 10 millions d’euros dans les sociétés acquises pour les amener à la capacité attendue. Vendant chaque année près de 200 000 fenêtres en PVC, auxquelles il faut ajouter 10 000 fenêtres en aluminium, le groupe Pando se positionne désormais sur un autre segment de marché : celui des fenêtres en bois.

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Pour améliorer les résultats de Zelles, Laurent Demasles a commencé par « vendre des chantiers », plutôt que de simples fenêtres — Photo : Jean-François Michel

Un marché qui se redresse

Il y a 40 ans, le marché français des fenêtres en bois représentait près de 20 millions de fenêtres, aujourd’hui tombé à moins d’un million. « Le PVC et, dans une moindre mesure, l’aluminium, ont largement remplacé ces volumes », précise Laurent Demasles. Mais depuis deux ans, le gestionnaire observe un complet renversement de trajectoire, notamment sous l’effet des nouvelles réglementations thermiques : le bois est à nouveau privilégié par les maîtres d’ouvrage pour ses capacités isolantes. L’aluminium, quant à lui, perd largement du terrain : matériau naturellement conducteur de chaleur et de froid, « c’est un produit très carboné, même recyclé, car il faut beaucoup, beaucoup d’énergie pour le recycler, bien plus que Le PVC présente très peu d’avantages, hormis un avantage esthétique », précise le directeur du groupe Pando.

“Si je veux suivre la tendance du marché, à l’échelle d’un groupe, si je fabrique 200 000 fenêtres en PVC, je devrais produire 30 000 fenêtres en bois.”

Concrètement, les ventes de fenêtres en aluminium se sont effondrées de 35 % sur l’année, tandis que celles de fenêtres en bois ont bondi de 20 %. Une tendance que Laurent Demasles voit se stabiliser, décrivant un « yoyo » dans les prix. «Mais les maîtres d’ouvrage, les bailleurs sociaux, qui sont des acteurs importants dans la prescription de nouvelles exigences environnementales, ainsi que les grands entrepreneurs généraux, suivent tous le rythme et veulent se projeter à 10, 15 ou même 20 ans sur une approche moins carbonée. fenêtre intensive», décrit le président du groupe Pando. Autant d’éléments de marché qui ont poussé Laurent Demasles et son équipe à vouloir créer une « division bois » pour pouvoir répondre à leurs clients. Avec les outils de production de la Menuiserie Moreau et de la Menuiserie Jung, le groupe vosgien est déjà en mesure de mettre sur le marché près de 10 000 fenêtres par an. « Si je veux suivre la tendance du marché, à l’échelle d’un groupe, si je fabrique 200 000 fenêtres PVC, je devrais produire 30 000 fenêtres bois », précise Laurent Demasles.

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Le groupe Pando emploie désormais au total 800 personnes — Photo : Michel Laurent – ​​Les Zelles

Un secteur fragmenté et des entreprises artisanales

La grande majorité des fabricants de fenêtres en bois sont souvent artisanaux et évoluent depuis des années dans un marché baissier : le leader vosgien sait que le redémarrage sera compliqué et que la situation est favorable. « Il y a des investissements à faire et malgré un marché en hausse, ce sont des opérations très capitalistiques et qui nécessitent beaucoup de main d’œuvre qualifiée », décrit Laurent Demasles. Autant d’obstacles que le groupe Pando doit savoir surmonter pour atteindre très rapidement des capacités de production industrielle de fenêtres en bois. Le président du groupe vise en effet une production annuelle de « 50 000 voire 100 000 fenêtres en bois » par an. « Nous sommes convaincus que les fondamentaux à court, moyen et long terme sont là », insiste Laurent Demasles.

Dix millions d’euros injectés dans le recyclage du PVC

Parallèlement aux investissements réalisés pour s’implanter dans le bois, le groupe Pando poursuit ses efforts dans le recyclage des fenêtres PVC. L’entreprise vosgienne a déjà injecté au total 10 millions d’euros dans un réseau de filières de recyclage, associant entreprises d’insertion, verriers et fabricants de profilés. « Nous avons ouvert huit centres couvrant près des trois quarts du territoire français, puisque nous intervenons désormais depuis le Nord, l’Île-de-France, le Grand Est, Lyon, Marseille, l’Occitanie et même Bordeaux », explique Laurent Demasles.

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Le groupe Pando et l’association d’insertion économique Aithex ont lancé en 2023 un centre de démontage de menuiseries PVC, à Rupt-sur-Moselle, dans les Vosges — Photo : Jean-François Michel

La recette est prête

Les équipes de l’entreprise vosgienne installent entre 80 000 et 100 000 fenêtres PVC par an sur les chantiers de rénovation. Une masse importante qui a permis au groupe de récupérer au total 40 000 fenêtres anciennes pour en fabriquer de nouvelles. « Aujourd’hui, nous n’en sommes pas encore là, mais nous pourrons bientôt récupérer le tonnage de PVC nécessaire pour que 100 % des fenêtres que nous fabriquons aux Zelles soient à 70 % en PVC recyclé », précise Laurent Demasles. . Deux années de travail ont été nécessaires, notamment avec le plasturgiste Benvic (CA : 500 millions d’euros ; 630 salariés), à Dijon, pour trouver la recette permettant au PVC en fin de vie de redevenir un matériau extrudable pour fabriquer de nouveaux profilés. .

Empreinte carbone limitée

Chez Rehau (CA : 104 millions d’euros ; 120 salariés), à Morhange en Moselle, un investissement de 5 millions d’euros a été nécessaire pour installer une machine capable d’extruder des profilés à partir de PVC recyclé. A terme, “on va arrêter de remplir les décharges”, se félicite Laurent Demasles, tout en notant que “l’empreinte carbone du PVC est très limitée”, notamment par rapport à l’aluminium, malgré l’énergie nécessaire pour le fondre, le broyer et le refondre. . Par rapport à une fenêtre PVC classique, qui émet 70 kg équivalent CO2 par mètre carré produit, la vitrine issue de la boucle d’économie circulaire mise en place par le groupe Pando émet 30 % de moins.

 
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