Dans la famille du lieutenant Didier Conca, âgé de 45 ans, nous sommes pompiers de parents en enfants. Son père, sa mère, sa sœur et son frère étaient tous pompiers volontaires, même si seuls les deux garçons ont décidé d’enfiler l’uniforme de pompier à titre professionnel – depuis 2022 pour le nouveau chef de la caserne départementale des pompiers et relève de Biot. Ces citoyens engagés représentent également près de 90 % des effectifs de la caserne.
Combien d’entre vous êtes au centre ?
Nous sommes huit pompiers professionnels dont moi-même, 2 personnels administratifs et 54 pompiers volontaires.
Quel poste occupiez-vous avant d’arriver à Biot ?
J’ai été à l’atelier départemental de Vallauris pendant deux ans et demi. C’est un lieu où nous gérons la logistique du Service Départemental d’Incendie et de Secours (Sdis) : commandes, achats, partage et réparation de véhicules, gestion du matériel, etc. Je me suis occupé de l’affectation des véhicules neufs et de la répartition des véhicules de d’une caserne à l’autre, jusqu’à leur amortissement.
Ici, votre rôle est complètement différent.
Oui. Ici, je gère des personnes, en plus de mon rôle d’officier. Je le fais au centre d’Antibes, où je m’occupe du chef de groupe. Je suis prévu pour 24 heures de garde dans l’année, durant lesquelles je suis l’officier responsable du secteur d’Antibes, Biot, Valbonne et Vallauris.
Cela ne représente-t-il pas un écart trop important ?
Non, j’ai demandé à venir à la caserne. J’avais envie de revenir aux opérations, de retrouver l’humanité, la cohésion de groupe… qu’on ne trouve que là-bas.
Avez-vous la liberté de donner une touche à la caserne ?
Oui sauf que, en principe, je ne vois pas l’intérêt de changer quelque chose qui fonctionne. Je suis encore en phase d’apprentissage, et quand quelque chose me semble modifiable, j’en parle avec les anciens de la caserne pour qu’on puisse prendre une décision collective. J’ai la chance d’avoir des chefs de section qui sont des professionnels aguerris, des vétérans de la caserne, qui connaissent le secteur et les pompiers. Je m’appuie énormément sur eux.
Biot est particulièrement exposé aux inondations. Avez-vous été formé sur ce sujet ?
Non, mais j’ai une formation générale d’animateur de groupe, ce qui est suffisant. Mon rôle est de participer au poste de commandement municipal et d’aider la mairie. En cas de besoin, nous pouvons faire appel à des sauveteurs en eaux vives. Ils interviennent auprès d’un animateur de groupe formé à cet effet, dont la spécialité est là.
Quels sont les domaines à risques dans votre secteur ?
Il y a la Marina Baie des Anges, qui est un immeuble de grande hauteur présentant des risques particuliers. Je pense aussi à la zone commerciale de Villeneuve-Loubet, qui attire beaucoup de monde, ainsi qu’au Marineland et au terrain d’Antibes. Nous couvrons également une partie du parc technologique. Notre secteur est très diversifié, avec des risques d’inondations, d’incendies de forêts, d’accidents de la route et de noyades, puisque nous allons jusqu’au bord de mer. Sans oublier le vieux village de Biot, où nous avons peu de moyens pour intervenir dans les ruelles. Tout est fait avec la puissance humaine.
Il y a aussi de grandes manifestations…
Bien sûr, à commencer par la Fête des Templiers, qui est un grand sujet pour nous. Nous avons même démarré des réunions en sous-préfecture pour l’édition 2025. L’année dernière, 100 000 personnes sont venues en deux jours. Ce qui correspond à la moitié des entrées au Carnaval de Nice sur 15 jours.
Quelle intervention vous a le plus marqué ?
C’est la tempête Alex. Basé au Plan-du-Var, j’ai été l’un des premiers à rejoindre Saint-Martin-Vésubie, où j’ai passé 48 heures. Aidé par un officier de carrière, mon premier réflexe fut d’évacuer la caserne. Elle a été emmenée une heure plus tard. Ensuite, nous avons fait le tour des maisons en contrebas, essayant de faire évacuer les gens… sans avoir le droit de les forcer. Ce fut une intervention très émouvante, au cours de laquelle nous avons perdu deux pompiers.