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Harris ou Trump : les Américains votent
Ce sera, forcément, un résultat historique : l’Amérique décidera mardi si Kamala Harris ou Donald Trump entrera à la Maison Blanche, au terme d’une campagne d’une tension incroyable, indécise jusqu’à la dernière minute. Les bureaux de vote ouvrent à 18h00. Heure locale sur la côte est des Etats-Unis (11h00 GMT) et des millions de personnes ajouteront leurs voix aux plus de 80 millions de bulletins de vote déjà déposés à l’avance ou envoyés par courrier postal. Il faudra des heures ou des jours pour départager le vice-président démocrate de 60 ans et l’ancien leader républicain de 78 ans, dont les personnalités et les visions ne pourraient être plus différentes. Deux Amériques apparemment irréconciliables se sont rassemblées ces dernières semaines pour se rencontrer, chaque camp étant convaincu que l’autre mènerait le pays au désastre. « Si elle ne gagne pas, nous sommes foutus. Totalement. Donald Trump met le paquet. ruine. Il est hors de contrôle», s’inquiète Robin Matthews, un leader communautaire de 50 ans venu écouter Kamala Harris lundi soir à Philadelphie. Mais pour Ruth McDowell, Trump « est celui qui sauvera ce pays ». Cette assistante administrative de 65 ans, venue assister au dernier meeting des républicains dans le Michigan, assure qu’elle sera “très triste pour (ses) petits-enfants” en cas de victoire du vice-président. Kamala Harris a qualifié sa rivale de « fasciste ». Donald Trump a insisté sur le fait qu’elle était “bête comme ses pieds” et qu’elle allait “détruire” le pays. – Au coude à coude – Mardi à minuit, Dixville Notch, un hameau perdu dans les forêts du New Hampshire à la frontière nord-est de les États-Unis avec le Canada, comme la tradition a lancé le vote. A l’instar des sondages, ses six électeurs n’ont pas pu départager les deux candidats : trois voix chacun. Le verdict des urnes sera en tout cas historique. Soit l’Amérique enverra pour la première fois une femme à la Maison Blanche. Soit il renverra la tribune populiste, condamnée pénalement et visée par de nombreuses poursuites, dont le premier mandat (2017-2021) avait entraîné le pays et le monde entier dans une série ininterrompue de convulsions. Les derniers sondages donnent les deux adversaires quasiment à égalité dans les sept Etats cruciaux, ceux qui, dans ce vote indirect, donneront au démocrate ou au républicain le nombre d’électeurs suffisant pour atteindre le seuil de 270 sur 538, synonyme de victoire. Pour tenter de convaincre en seulement trois mois de campagne, Kamala Harris s’est concentrée sur un message de protection de la démocratie et du droit à l’avortement, à destination des femmes comme des républicains modérés. Le démocrate, né d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, organise sa soirée électorale dans son ancienne université, l’institution historiquement noire Howard, à Washington. Donald Trump sera à Palm Beach, en Floride, son État de résidence. Dans cette campagne, le milliardaire a rejoué la même partition qu’en 2016 et 2020, se présentant comme un candidat antisystème proche du peuple, le seul capable de sauver un pays ravagé selon lui par les migrants et l’inflation galopante. – Drones, tireurs d’élites – Mardi conclut une course stupéfiante, marquée par l’entrée brutale en lice en juillet du vice-président, remplaçant le président vieillissant Joe Biden, et par deux tentatives d’assassinat contre l’ancien président républicain, quatre fois inculpé au pénal. Ce qui se passera ensuite reste une grande inconnue. Les deux camps ont déjà engagé des dizaines de poursuites judiciaires, tandis que deux Américains sur trois craignent une éruption de violence après le vote. Certains bureaux de vote se sont transformés en forteresses, surveillés par des drones et avec des tireurs embusqués sur les toits. Les agents électoraux ont également suivi une formation pour apprendre à se barricader dans une pièce ou à utiliser une lance à incendie pour repousser d’éventuels intrus. Dans la capitale fédérale Washington, des barrières métalliques entourent la Maison Blanche, le Capitole et d’autres sites sensibles. Un nombre impressionnant de magasins du centre-ville ont recouvert leurs vitrines de planches de bois. Les images du 6 janvier 2021, où les trumpistes ont attaqué le siège du Congrès américain, restent dans toutes les têtes. Rien ne dit que le pays va être secoué par des violences similaires. Donald Trump a pourtant déjà posé les premières pierres d’une nouvelle contestation, accusant, réunion après réunion, les démocrates de « tricher comme l’enfer ». Et le camp démocrate a déclaré « s’attendre » à ce que le républicain se déclare vainqueur prématurément, comme il l’a fait en 2020.aue-cjc/bpe/emd/oaa