« Nos presses étaient en pause toute la matinée, Le comte Christophe Pillon, directeur de l’imprimeur Normandie Roto, situé à Lonrai près d’Alençon (Orne), l’un des leaders du marché avec ses 25 millions de livres imprimés par an. Nous étions derrière plusieurs médias, prêts à lancer l’impression en cas de victoire de Gallimard. »
A 12h45, l’annonce tombe : Houris de l’auteur franco-algérien Kamel Daoud est sacré Goncourt. « Dix minutes plus tard, les machines tournaient à plein régime. » Même si cette année, “c’est un peu spécial”» avoue l’imprimeur.
Normandie Roto n’a pas publié les premiers exemplaires de ce roman évoquant la « décennie noire » de l’Algérie (1992-2002) mais, “probablement à cause de la capacité technique”l’éditeur Gallimard a contacté Christophe Pillon et ses équipes en amont pour assurer l’impression de la moitié des commandes post-Goncourt. Résultat des courses : plus de 100 000 exemplaires sortiront des machines ornaises.
Le bal machine, dès l’annonce du gagnant
Sept presses, dont deux numériques, remplissent les 12 000 mètres carrés d’espaces de production d’odeurs mêlées de papier chaud, de machines huilées et d’encres fraîches. Autour de ces gigantesques machines, des techniciens aux oreilles bouchées tournoient sans paroles, chacun à son poste. L’un nourrit les monstres mécaniques avec des bobines de papier immaculé ; un autre vérifie des exemples de pages, à la recherche de “saleté” ou de « maculages » ; un dernier rassemble les treize cahiers de 32 pages qui composent Houriscompressé avant d’être lié. Plus loin, une presse rotative crache des pages et des pages de la célèbre jaquette rouge siglée du « Prix Goncourt 2024 ». Tout est bientôt prêt pour le premier camion de livraison : premier départ à 5 heures précises.
France