PORTRAIT. Claude Aoustin, le chauffeur qui a connu 17 préfets, 5 présidents de la République et deux papes, prend sa retraite

PORTRAIT. Claude Aoustin, le chauffeur qui a connu 17 préfets, 5 présidents de la République et deux papes, prend sa retraite
PORTRAIT. Claude Aoustin, le chauffeur qui a connu 17 préfets, 5 présidents de la République et deux papes, prend sa retraite

l’essentiel
Chauffeur à la préfecture des Hautes-Pyrénées depuis 36 ans, Claude Aoustin, bientôt en retraite, nous livre de nombreuses anecdotes « des coulisses du pouvoir ».

Elle est un témoin privilégié de l’histoire des Hautes-Pyrénées depuis plus de 35 ans. Claude Aoustin est chauffeur à la préfecture… depuis 1989, presque par hasard. « Alors que j’étais responsable d’un hôtel à Lourdes, un jour, un collègue m’a mis au défi de passer l’examen de conduite automobile des services techniques du ministère de l’Intérieur et je l’ai réussi avec brio ».

17 préfets, 5 présidents de la République et deux papes plus tard, Claude Aoustin est toujours un pilote aguerri de « l’avion » préfectoral. L’homme dégage une élégance naturelle, toujours tiré à quatre épingles, sans pour autant se départir d’un sourire et d’une jovialité naturels.

C’est aussi une véritable mémoire vivante des secrets (parfois bien gardés) de l’or de la République. « Grâce à ce métier, j’ai appris et vu beaucoup de choses et je suis allé dans des endroits où le commun des mortels n’irait jamais » témoigne celui qui n’aurait jamais pensé vivre « une sacrée aventure » en s’engageant dans ce qui ressemble presque à une vocation : « On sait quand on part mais on ne sait pas quand on revient ».

Sous le feu de la colère des agriculteurs

Mais sans trahir « le devoir de réserve » auquel l’oblige sa fonction (« Ce qu’on entend dans la voiture reste dans la voiture »), il a accepté d’avouer quelques anecdotes « des couloirs du pouvoir » dont il a été le spectateur dans au premier rang, au volant comme tour de contrôle. Plus qu’un chauffeur, Claude Aoustin peut se révéler un véritable ange gardien des préfets et des hommes (ou femmes) politiques successifs avec lesquels il a côtoyé.

Comme ce jour (non daté) où il a dû soutenir « avec mon collègue Gérard », les fenêtres de la Préfecture pour les empêcher de céder sous la pression des canons à lisier d’une manifestation paysanne.

Il se souvient également d’une autre action « à l’arme blanche » d’agriculteurs gersois à Fontrailles où le ministre de l’Agriculture Jean Glavany et son entourage ont essuyé une pluie de projectiles et d’insultes, avant d’être « exfiltrés » par la gendarmerie. “Ça m’a coûté un procès”, s’amuse encore Claude Aoustin qui a dû faire “une grande boucle” à travers le Gers pour ramener en sécurité l’ancien directeur de cabinet de Mitterrand.

Au chevet des cheveux de Chirac et Simone Veil

L’homme était également au chevet du coiffeur de Simone Veil qui lui a laissé le souvenir d’« une personnalité exceptionnelle. Chaque fois qu’elle venait dans le département, notamment à Lourdes lorsque Philippe Douste-Blazy était maire, il pleuvait. Et comme elle n’aimait pas avoir la pluie sur ses cheveux parce qu’ils étaient crépus, elle devait la suivre partout avec un parapluie.

Il faut dire qu’au cours de ses 36 années de carrière au sein de la préfecture, le serviteur de l’État a été en contact étroit avec « les grands gens de ce monde » comme lors du sommet des chefs d’État européens à Biarritz en 2003 où le président Jacques Chirac, fidèle à son habitude, lui dit en le ramenant le soir à l’Hôtel du Palais : « Je vais me coucher, va faire la fête ».

Il a également eu le grand privilège de « se retrouver face à face avec le Pape Jean-Paul II » lors de sa deuxième visite à Lourdes en août 2004. « C’était un homme d’une volonté incroyable, car nous avons vu qu’il souffrait beaucoup à cause de sa maladie. Il garde également un souvenir inoubliable des visites à Lourdes du président togolais qui rapportait « jusqu’à 500 litres d’eau de Lourdes » dans son avion.

Marié avec deux préfets

Au quotidien, il se souvient aussi de « moments conviviaux » avec « ses patrons », et notamment des pique-niques avec Béatrice Lagarde.

Claude Aoustin a toujours entretenu avec eux des relations de confiance et de fraternité. A tel point qu’il y a deux ans, lors de son mariage à Bonrepos, la ville qui n’avait jamais vu aucun émissaire de la République, fut honorée de la présence non pas d’un mais de deux préfets ! L’hommage de son vivant à un serviteur de l’État devenu l’un de ses rouages ​​essentiels et le lien entre les 17 préfets qu’il guidait sur les routes parfois tortueuses des Hautes-Pyrénées.

 
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