A 42 ans, Gaël Faye remporte le Renaudot pour son deuxième roman, Jacarandapublié chez Grasset, dans lequel il évoque une nouvelle fois le génocide au Rwanda. Il était l’un des favoris de Goncourt 2024 qui a finalement été attribué à Kamel Daoud pour Hourisédité par Gallimard.
JacarandaLe mot préféré de Gaël Faye, c’est le nom de cet arbre majestueux, aux fleurs violettes, dans lequel Stella, une enfant née après le génocide, aime se réfugier. Dans JacarandaGaël Faye explore le silence. Celui d’une mère envers son fils, Milan, qui a grandi à Versailles avec son père français et sa mère rwandaise. C’est lui qui nous parle tout au long du roman. Il avait 12 ans lors du génocide de 1994 et regardait les images au journal télévisé, sans le moindre commentaire de sa mère Venancia. Un soir, Claude, un jeune adolescent du même âge, arrive chez lui, accompagné de Venancia. C’est une cousine, elle répond aux questions de son fils. Claude, rescapé du génocide, y reste quelques mois avant de repartir, aussi brusquement qu’il est arrivé. Un crève-cœur pour Milan. Jusqu’à quatre ans plus tard, l’adolescent qui ne connaît toujours rien de ses origines, du pays ou de la famille de sa mère, se rend pour la première fois au Rwanda. S’ensuivent des années de va-et-vient, parfois sans retour, où s’entremêlent l’histoire de Milan et celle du Rwanda, retracées à travers plusieurs générations. Gaël Faye évoque le génocide, notamment à travers un témoignage émouvant d’un de ses personnages. Mais aussi ses conséquences sur les plus jeunes, à travers Stella, qui vit avec le poids des « événements » comme on a longtemps coutume de le dire, qu’elle n’a pas encore vécus. Le silence de sa mère est celui de tous les survivants. Gaël Faye dit avoir ici connaissance de « rompre le pacte tacite de ce silence ». Car même si des survivants témoignent chaque année durant les trois mois de commémorations du génocide, il n’est pas courant de prendre la parole au sein des familles. Jacaranda c’est aussi la réconciliation de tout un peuple, et le long chemin qui y mène, parfois tourmenté et tortueux.
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Déjà récompensé du Goncourt des lycéens en 2016
En 2016, le premier roman de Gaël Faye, Petit paysavait déjà été couronnée de succès. Finaliste du Goncourt, le Franco-Rwandais avait notamment obtenu le prix Goncourt des lycéens. Son livre a été traduit dans une quarantaine de langues, adapté au cinéma et vendu à près de 1,5 million d’exemplaires. Ainsi, pour son deuxième roman, Gaël Faye a voulu écrire sur “autre chose” que le génocide et avait commencé un roman sur un chanteur de rock. Mais Jacaranda s’est imposé à lui, dit-il. Sans être une suite, ses deux romans sont liés, à travers des personnages. Mais dans Petit paysun adolescent témoigne de la guerre au Burundi et du génocide au Rwanda qu’il vit directement. Gaël Faye puise dans sa propre histoire, lui qui est né et a grandi au Burundi, d’une mère réfugiée rwandaise et d’un père français, avant son exil en France en 1995.
L’exil, la guerre, le métissage sont des thèmes qui inspirent aussi l’artiste Gaël Faye car sa plume s’illustre aussi dans ses chansons. En 2018, Gaël Faye – le rappeur – remporte la Victoire de la musique pour révélation de la scène.
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