Au cœur de Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine, la blessure est encore vive.
Dans le quartier historique, les dégâts causés par l’attaque russe du 4 septembre sont encore visibles. Toits arrachés, murs endommagés : les frappes de drones et de missiles ont causé d’importants dégâts.
Dans la rue, non loin des décombres, un mémorial rappelle les sept civils morts lors de cette attaque. Parmi eux, quatre membres d’une même famille, une mère et ses trois filles.
Les dégâts causés par l’attaque russe du 4 septembre sont encore très visibles à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery
Cette nuit-là, Yuri a également perdu sa femme Irina, tuée par un éclat d’obus dans leur appartement.
Ils tuent des civils
dénonce-t-il dans son appartement, où l’on peut encore constater les dégâts causés par la grève. Derrière lui, un portrait d’Irina est bien en évidence.
Yuri ne peut pas expliquer pourquoi ils n’auraient pas pu être protégés de cette attaque, étant donné les systèmes de défense anti-aérienne que l’Ukraine reçoit de ses alliés.
Le monde entier aide l’Ukraine. Les pays font beaucoup pour nous, mais peut-être avons-nous besoin de plus
» déclare l’homme en deuil.
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Yuri a perdu sa femme Irina, tuée lors des frappes de septembre.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery
Washington, un soutien crucial
C’est à des milliers de kilomètres de là, aux Etats-Unis, que se jouera le sort du soutien à son pays.
Selon le Council on Foreign Relations, Washington a déjà accordé 175 milliards de dollars à l’Ukraine, une somme destinée non seulement à l’armement, mais aussi à l’aide humanitaire et économique.
Si la candidate démocrate à la Maison Blanche, Kamala Harris, a promis un soutien sans faille à Kiev, sans donner beaucoup plus de détails, il en va autrement pour son adversaire républicain.
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Des volontaires, certains originaires de pays alliés de l’Ukraine, assemblent des filets de camouflage pour l’armée.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery
Donald Trump et son colistier JD Vance s’interrogent sur le bien-fondé de ce soutien financier, qui permet selon eux de poursuivre le conflit. En septembre, aux côtés de Volodymyr Zelensky qui était en tournée aux Etats-Unis, le candidat républicain affirmait que, s’il gagnait, il allait régler la situation assez rapidement
. L’ancien président a même évoqué un délai de 24 heures pour y parvenir.
A Lviv, le député d’opposition Roman Lozynskyi est plus que sceptique.
Certains disent que nous ne devrions pas envoyer davantage de munitions et d’armes, car cela signifierait que la guerre continuerait. Quoi qu’il en soit, la guerre continuera de toute façon jusqu’à ce que nous arrêtions la Russie.
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Le député Roman Lozynskyi ne croit pas qu’une réduction de l’aide américaine à l’Ukraine contribuerait à instaurer la paix.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery
L’élu à la Rada, le Parlement ukrainien, assure que son pays ne peut pas se permettre de plan B
. Bien entendu, Kyiv ne dépend pas uniquement de Washington pour ses armes. Plusieurs gouvernements européens, que le président Volodymyr Zelensky a rencontré plus souvent ces dernières semaines, fournissent également des armes, des munitions et de l’argent.
Mais Roman Lozynski rappelle que plusieurs de ces pays consultent les Etats-Unis, dont certains dépendent de contrats militaires, avant d’officialiser leur aide à l’Ukraine. Il est difficile de dire à quel point les pays européens sont indépendants. L’influence américaine est importante
ajoute M. Lozynskyi.
Une armée qui a déjà son lot de défis
Si l’Ukraine retient son souffle en vue de l’élection américaine, c’est parce que les impacts des modifications de l’aide américaine ont déjà pu être mesurés de manière concrète.
En avril, le Congrès américain a approuvé une enveloppe de 61 milliards de dollars après des mois de délibérations tendues. Au cours des mois d’impasse politique qui ont précédé, le manque d’armes et de munitions s’est fait sentir au front.
Si le Congrès n’aide pas l’Ukraine, l’Ukraine perdra la guerre
a assuré Volodymyr Zelensky peu avant qu’un accord ne soit trouvé à Washington.
Une baisse des approvisionnements en armes viendrait aggraver les problèmes humains auxquels est confrontée l’armée ukrainienne, entre le défi de la mobilisation et les pertes en vies humaines des soldats sur le front.
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Le Wall Street Journal estime à 80 000 le nombre de soldats ukrainiens tués depuis le début de la guerre.
Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery
Selon une estimation de Le journal Wall Street80 000 soldats ukrainiens sont morts depuis 2022, tandis que les pertes s’élèvent à 200 000 du côté de la Russie, pays qui compte environ 100 millions d’habitants de plus que l’Ukraine.
A la cathédrale de Lviv, les funérailles de soldats de la région sont fréquentes. Lors de notre visite fin octobre, des dizaines de personnes sont venues rendre un dernier hommage à Volodymyr, 22 ans.
Il était encore un enfant
se désole Bodan, un des amis du jeune soldat.
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Les funérailles de Volodymyr, un soldat de 22 ans, à la cathédrale de Lviv, en Ukraine
Photo : Radio-Canada / Mathieu Hagnery
Vous pensez peut-être que ce n’est pas votre guerre, parce que ce ne sont pas vos amis ou vos proches qui meurent, mais cette guerre est aussi la vôtre.
lance cet étudiant en droit dans un plaidoyer pour le maintien de l’aide militaire occidentale, notamment américaine.
C’est bizarre d’écouter cette polémique politique alors qu’en même temps des gens meurent. Si c’est la seule chose que vous puissiez faire, donnez-nous les armes pour que les gens ne meurent plus comme ils meurent aujourd’hui en Ukraine.
Comme beaucoup d’Ukrainiens, il affiche toujours sa détermination plus de deux ans et demi après l’invasion russe. Une volonté qui pourrait être mise à l’épreuve non seulement par les résultats de l’élection présidentielle, mais aussi par les élections à la Chambre des Représentants et au Sénat. Les scrutins se sont déroulés à plusieurs milliers de kilomètres du front.