« Les Républicains vont se retrouver dans une situation totalement incroyable »

« Les Républicains vont se retrouver dans une situation totalement incroyable »
« Les Républicains vont se retrouver dans une situation totalement incroyable »

l’essentiel
Une condamnation et plusieurs accusations civiles et pénales signifieraient la fin de la campagne pour tout candidat français, mais pas aux États-Unis. Le politologue, spécialiste du système électoral américain, Dominique Simonnet nous explique comment les déboires judiciaires de Donald Trump risquent d’influencer la campagne présidentielle.

Donald Trump a été reconnu coupable, jeudi 30 mai, de falsification de documents comptables, destinée à cacher un paiement de 130 000 dollars à l’actrice porno Stormy Daniels pour éviter un scandale sexuel en toute fin de campagne présidentielle de 2016. Une conviction « qui n’est pas vraiment dans l’esprit des valeurs démocratiques », pour le politologue Dominique Simonnet mais qui ne sonne pas le glas de la campagne présidentielle de Donald Trump. Décryptage.

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Donald Trump va-t-il poursuivre sa campagne comme si de rien n’était ?

Aux Etats-Unis, cela n’enlève rien à la possibilité de se présenter. Les conditions d’éligibilité ne sont pas réduites par une condamnation. Donald Trump peut continuer sa campagne et peut-être même être élu.

Dominique Simonnet est un spécialiste des Etats-Unis.
Photo X Dominique Simonnet

Cela pourrait-il menacer son investiture par les Républicains ?

C’est vrai que cela semble absurde, mais il n’y a pas d’autres candidats et, surtout, Trump a une base de partisans extrêmement forte qui sera également renforcée par cette conviction que Trump présente comme un complot. Les Républicains sont retenus en otages depuis plusieurs mois par l’ancien président. Ils se retrouveront dans une situation totalement rocambolesque où, quelques jours après le 11 juillet (date à laquelle le juge prononcera la sentence, NDLR), ils donneront la nomination à une personne reconnue coupable de crime (infraction grave en France, NDLR). Il s’agit d’une situation totalement inédite sur le plan politique.

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Les électeurs le suivront-ils malgré tout ?

On imagine qu’un certain nombre d’électeurs se posent des questions et sont un peu désorientés. Mais il a de bonnes chances d’être élu, oui. Cette situation semble surréaliste mais la vraie question est de savoir comment la moitié de l’électorat américain peut encore voter pour une personne si peu conforme aux règles démocratiques et être condamnée pénalement, peut-être à plusieurs reprises.

Pourquoi sont-ils toujours derrière lui ?

C’est une réalité qui est celle de l’Amérique d’aujourd’hui. Il y a une base de Trumpistes convaincus qui, quoi qu’il arrive à leur héros, seront derrière lui. Il y a aussi une partie des Américains qui voteront républicain pour ne pas voter pour Joe Biden. Bien sûr, il est un peu turbulent, un peu bruyant, mais malgré tout, il reste la meilleure personne à leurs yeux. Et puis il y a aussi une partie des Américains qui pensent qu’il est la bonne personne, qui veulent un régime présidentiel plus fort avec une tentation « illibérale », disons autoritaire. La question est « que feront les indécis, les indépendants ».

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Peut-il se pardonner s’il est élu ?

C’est un casse-tête qui occupe les avocats depuis des semaines. En effet, cela semble absurde. En droit, il y a un principe, c’est qu’on ne se juge pas soi-même, mais Donald Trump peut très bien l’ignorer. Il y aura peut-être un recours devant la Cour suprême pour la contester mais on sait qu’elle est plutôt solidaire… L’autre problème c’est qu’il s’agit d’un procès de l’État de New York, et le président ne peut pas pardonner les crimes fédéraux. Mais, là aussi, il peut très bien dire « je le fais », c’est un bulldozer, qui peut l’arrêter ? C’est un sac de nœuds légal.

On a l’impression qu’il peut faire ce qu’il veut, n’y a-t-il pas un risque pour la démocratie ?

Le risque pour la démocratie est immense. Cela n’a pas l’air bien d’avoir un président qui traîne la balle devant un tribunal pénal. En revanche, son programme laisse quelques inquiétudes puisqu’il souhaite renforcer le pouvoir présidentiel. Il veut purger les fonctionnaires, mettre au pas le ministère de la Justice. Il a évidemment un programme de type autoritaire.

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Pour éviter cela, les démocrates n’auraient-ils pas intérêt à changer de stratégie ?

Le problème est que les élections se déroulent au niveau de l’État. Dans les États tangentiels où la différence est faible, la position de la Maison Blanche sur le conflit du Moyen-Orient suscite une réaction assez forte. On dit à beaucoup de voter pour Trump contre Biden, en particulier parmi l’électorat musulman et les jeunes. Je ne pense pas que les démocrates aient intérêt à utiliser cette conviction, cela ne ferait que renforcer cette absurde théorie du complot. Au lieu de cela, ils doivent continuer à souligner le bon bilan économique de Biden et sa stabilité sur les questions internationales. Les démocrates pensent que Biden est le plus susceptible de gagner contre Trump.

 
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