“Des groupes armés irréguliers” se sont emparés d’une caserne, “prenant des soldats en otages” et saisissant “des armes et des munitions”, ont indiqué les forces armées dans un communiqué. Une Source de la Défense a indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, qu’une “vingtaine” de militaires avaient été pris en otages.
Dans une vidéo diffusée par la presse bolivienne confirmée par cette Source, on voit 16 militaires entourés de paysans brandissant des bâtons.
“Le régiment du Cacique Maraza a été pris par des groupes de Tipnis, ils nous ont coupé l’eau et l’électricité, ils nous ont pris en otage”, raconte un militaire dans la vidéo.
Les Tipnis sont connus comme les territoires indigènes du Chapare, où Evo Morales possède sa base politique la plus solide.
L’ancien président Evo Morales a également annoncé ce vendredi soir qu’il entamerait une grève de la faim pour exiger un dialogue avec le gouvernement.
Depuis le 14 octobre, ses partisans bloquent les principales routes du pays pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une « persécution judiciaire » à son encontre.
Evo Morales est visé par une enquête pour le viol présumé d’une jeune fille de quinze ans alors qu’il était à la tête du pays. Il nie les faits, tandis que ses avocats affirment que le dossier a déjà été examiné et classé en 2020.
Le parquet de Tarija (sud) a ordonné son arrestation en septembre, mais le mandat d’arrêt a été annulé après un recours judiciaire favorable à l’ancien président.
Crise économique
Aujourd’hui, ses partisans réclament également la démission du président Luis Arce, jugé incapable de gérer la crise économique provoquée par la pénurie de devises étrangères.
Cet ancien allié, président depuis novembre 2020, est désormais un rival pour la candidature du parti au pouvoir à l’élection présidentielle de 2025. Malgré un jugement le disqualifiant, M. Morales, 65 ans, souhaite se présenter au scrutin.
M. Arce a exigé mercredi “la levée immédiate de tous les points de blocage”, menaçant d’une intervention des forces armées afin de mettre fin aux “mesures de pression qui étouffe” le pays.
« S’il amène l’armée, nous sommes prêts à nous battre. Nous continuerons jusqu’à sa démission», a assuré à l’AFP Carlos Flores, un agronome de 45 ans parmi les manifestants bloquant une route non loin de Cochabamba (centre).
Depuis le début des blocages, des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont fait au moins 70 blessés, dont 61 policiers et neuf civils, selon un dernier bilan des autorités.
Les partisans de M. Morales maintiennent encore une vingtaine de blocus dans le pays, la plupart dans l’État de Cochabamba, fief de M. Morales, un ancien cultivateur de coca dont les partisans sont majoritairement des paysans indigènes.
Ces blocages routiers ont exacerbé les pénuries de carburant et entraîné de longues files de véhicules dans les villes. Les prix des produits de base ont également grimpé en flèche sur les marchés.