au coeur de l’explosion du trafic de drogue, riverains et policiers à bout de souffle

au coeur de l’explosion du trafic de drogue, riverains et policiers à bout de souffle
au coeur de l’explosion du trafic de drogue, riverains et policiers à bout de souffle

Rennes et Nantes connaissent une explosion de violences liées au trafic de drogue, avec des fusillades régulières plongeant les quartiers dans la peur. La police se dit impuissante face à cette montée des ultraviolences. Alors que Bruno Retailleau était à Rennes ce vendredi 1er novembre, certains réclament une loi adaptée au trafic de drogue, allant jusqu’à réclamer la création d’un parquet national pour lutter contre les trafiquants de drogue, qui continuent de gérer leurs affaires pénales. même depuis les prisons. .

Dans les quartiers de Maurepas et Villejean à Rennes, ou dans le secteur Malakoff à Nantes, la réalité du trafic de drogue s’étale au grand jour. Des belvédères postés aux coins des rues, des transactions rapides et discrètes, des consommateurs qui partent aussi vite qu’ils sont venus. L’ambiance est pesante, la tension palpable. Pour les habitants et les autorités locales, cette situation tourne au cauchemar, tant le phénomène semble inarrêtable. En parcourant ces quartiers en proie au trafic de drogue, on comprend que la lutte contre la drogue est une guerre apparemment déjà perdue. Rapport.

Des policiers désillusionnés face à un combat sans fin

« Ici, nous menons des combats quotidiens, mais la guerre est déjà perdue », déclare un policier rennais sous couvert d’anonymat. En poste depuis dix ans, il observe avec amertume l’explosion des points de deal dans la ville. « Nous savons où ils se trouvent, les habitants aussi. Les dealers changent de spot dès qu’ils sentent le vent tourner, et nous essayons de limiter les dégâts sans jamais vraiment éradiquer le problème. » Ce policier évoque une certaine résignation qui s’est installée au sein de la police, confrontée à un cruel manque de moyens face à des réseaux de plus en plus organisés. “ Nous procédons à des arrestations, bien sûr, mais c’est comme mettre un pansement sur une plaie béante. Les personnes arrêtées sont souvent libérées par la justice, et les deals reprennent de plus belle. »

Un de ses collègues basé à Nantes est du même avis. ” Nos efforts semblent ridicules compte tenu de l’ampleur du problème. Nous sommes obligés de concentrer nos ressources sur les petits points de vente et les petits dealers, tandis que les gros poissons restent intouchables. » Les policiers sur le terrain ne cachent plus leur exaspération, notamment face à la montée en puissance de drogues de synthèse de plus en plus dangereuses et dont les effets, souvent dévastateurs, sont encore mal maîtrisés par le corps médical.

Les riverains sous le joug de la terreur

Pour les résidents locaux, la cohabitation avec le trafic de drogue est devenue insupportable. À Maurepas, quartier emblématique de Rennes en proie aux points de vente de drogue, les habitants vivent sous une pression constante. Marie, une mère, raconte qu’elle ne préfère plus laisser ses enfants jouer seuls dehors. « Ici, on a l’impression d’être pris en otage. Les dealers et leurs guetteurs se sont installés juste devant notre maison, et nous vivons avec cette peur constante qu’une bagarre n’éclate ou qu’une balle perdue provoque un jour un drame. »

Jean-Paul, habitant historique du quartier (ses parents et grands-parents y vivaient déjà, ce qui devient rare à Rennes), évoque des mesures radicales pour échapper à cet enfer. ” À ce stade, nous ne pouvons plus nous contenter de demi-mesures. Il faut des peines exemplaires pour ces trafiquants, et même envisager des expulsions de familles entières si les trafiquants sont d’origine étrangère. Regardez ce qui se passe au Salvador : ils ont construit des prisons spéciales pour les trafiquants et ça marche. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire la même chose ici ? »

A Malakoff, quartier sensible de Nantes, les habitants réclament également des solutions extrêmes. Pour eux, la justice ne suit pas, et les pouvoirs publics se contentent de « mesures » alors que la situation empire. “ On voit bien que la police fait ce qu’elle peut, mais ce n’est pas suffisant, explique Ahmed, commerçant du quartier. Les trafiquants savent qu’ils risquent peu, ce qui les rend arrogants. »

Un enjeu de santé publique : les nouveaux médicaments, une menace croissante

Outre l’omniprésence du trafic, la qualité et la dangerosité des drogues disponibles ajoutent une autre dimension à la crise. Dans les centres de soins, mais aussi via des associations dédiées, les médecins tirent la sonnette d’alarme. « Nous voyons arriver des patients dans un état de dépendance sévère à de nouvelles substances, bien plus toxiques que les médicaments traditionnels », explique un addictologue rennais. Ces drogues de synthèse provoquent des effets délirants et des états de dépendance très rapides, avec des impacts encore méconnus sur le cerveau. »

Les médecins et les psychologues sont souvent démunis face à l’ampleur des symptômes présentés. « NOn n’a même pas toujours les traitements adaptés pour gérer ces cas, confie un psychiatre nantais. C’est une crise sanitaire qui se profile, et elle pourrait bien nous échapper. »

Une « mexicanisation » du trafic qui inquiète

Ce qui inquiète le plus les autorités, c’est la transformation progressive des trafics locaux en une structure similaire aux cartels mexicains ou colombiens.s. « On voit bien que les réseaux se professionnalisent », explique un enquêteur. Les trafiquants sont de plus en plus jeunes, de plus en plus armés, et ils n’hésitent pas à recourir à la violence pour contrôler leur territoire. La vie humaine compte aussi de moins en moins pour eux, comme au Mexique ou dans ces pays-là. C’est terrifiant » Des quartiers entiers à Rennes comme à Nantes, mais aussi à Brest, échappent peu à peu à l’autorité publique, créant des « zones de non-droit » où règne la loi du plus fort. Et ce ne sont ni les annonces du ministre de l’Intérieur, ni les mobilisations ponctuelles des CRS, ni les opérations médiatiques sur les points de deal, qui changeront la donne.

Ce constat est partagé par plusieurs associations d’habitants qui dénoncent l’inaction des pouvoirs publics et une réponse judiciaire largement insuffisante. « ÔOn sait que les prisons sont pleines, mais cela ne doit pas être une excuse pour laisser ces quartiers à l’abandon, argumente un représentant d’une association de riverains. Si l’État ne reprend pas rapidement la main, la pourrait bien basculer dans une sorte de narco-État à l’européenne. »

Quelle réponse politique ?

Face à cette situation explosive, les dirigeants politiques peinent à proposer des solutions concrètes. Pour les habitants et les policiers, les « mesures » actuelles sont loin d’être suffisantes. “JEIl est urgent que l’État prenne des décisions fortes, des solutions radicales s’il le faut, pour briser ces réseaux de trafics qui gangrènent nos quartiers. », clame Jean-Paul. Mais malgré les appels à l’aide et les promesses, le quotidien des Rennais et Nantais reste marqué par la peur, l’insécurité et le désespoir.

En attendant, ce sont les habitants, policiers et professionnels de santé qui restent en première ligne, dans un combat où ils ont de moins en moins d’espoir de voir la situation s’améliorer.

YV

Crédit photo : DR
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