témoignages au cœur d’un quartier déchiré en Nouvelle-Calédonie

témoignages au cœur d’un quartier déchiré en Nouvelle-Calédonie
témoignages au cœur d’un quartier déchiré en Nouvelle-Calédonie

Si la police a repris le contrôle de nombreux « quartiers rouges » de Nouméa et de son agglomération jusqu’ici tenus par les émeutiers, les habitants se méfient de ce « calme avant la tempête ».

« Dans ce pays, nous sommes faussement calmes. Il ne faut pas se fier aux apparences. À la maison, ça bouillonne. Ces exactions font ressurgir de vieux souvenirs enfouis de la violence des Événements. Ce n’est jamais bon.

Si sa voix est douce et calme, Laure la répète d’un ton ferme : « Le calme n’est pas revenu« contrairement à ce que prône, jour après jour,
les autorités. Cette mère de famille de 52 ans quitte son domicile pour la première fois depuis le début des émeutes, il y a plus de deux semaines. Son quartier, Kaméré, est l’un des hauts lieux des violences qui secouent la métropole de Nouméa.

En ce mercredi matin, si certains habitants osent mettre les pieds dehors, c’est uniquement parce que la police a réussi à reprendre le contrôle de la route principale, après plusieurs jours de violents affrontements. Écoles, centre médical, pharmacie, supermarché, boulangerie… Ici, rien n’a été épargné par les émeutiers.

Les habitants stupéfaits

Les scènes de désolation sont difficiles à surmonter pour les rares habitants qui se risquent à faire quelques pas dans le quartier.

Debout derrière les grilles du collège, Laure, abasourdie, ne quitte pas des yeux les bâtiments en partie noircis par les incendies. Une catastrophe qui allonge encore la liste des quelque 35 établissements scolaires partiellement ou totalement détruits dans la ville.

« Je travaille dans cette structure depuis longtemps. Il était déjà très difficile de lutter contre le décrochage scolaire des jeunes de notre quartier défavorisé. Maintenant, je ne vois pas comment on va s’en sortir et avancerdésespère, les yeux vitreux, cet agent de l’État aux trente ans de carrière dans l’enseignement. Je les ai vus aux barrages routiers. Ce sont tous d’anciens étudiants. Nous faisons de notre mieux pour les aider, mais l’école est loin de pouvoir sauver tous ces jeunes. Avec l’effet de groupe, ils s’entraînent vers le pire.»

“Nous ne pouvons pas les arrêter”

Une spirale destructrice “qui n’est pas fini”, prévient encore une fois cette mère. Et elle n’est pas la seule. Cette crainte est partagée par tous les habitants rencontrés à Kaméré pour qui le traumatisme des violences de ces derniers jours est encore vif. « Nous ne pouvons pas les arrêter. Ces jeunes ont une colère devenue incontrôlablecraint Pauline, 58 ans, qui « priez tous les jours » pour que ces émeutiers « trouver le chemin de l’apaisement ».

« Ils sont complètement perdus et boire et fumer beaucoup de cannabis ne fait qu’empirer les choses. »

Ce n’est pas Pascaline et Isabelle qui diront le contraire. “Nous sommes sortis faire du shopping pour la première fois, mais nous nous dépêchons de revenir car nous ne nous sentons vraiment pas en sécurité. C’est le calme avant la tempête. Nous connaissons la mentalité des gens ici. On a beau s’appeler mon frère, ma sœur, il suffit d’un petit geste pour que tout tourne mal très vite. »

Ces Nouméennes ont encore des frissons rien qu’en repensant à une scène survenue dans leur quartier quatre jours plus tôt. En pleine nuit, alors que des maisons étaient incendiées, trente-cinq habitants ont dû fuir par la mer, signe que les « le retour au calme est très fragile ».

Se réfugier chez un proche

Un climat pour le moins oppressant, qui pousse certains habitants à prendre une décision drastique : profiter de la présence de la police pour se réfugier chez des proches dans des quartiers jugés. “plus sûr”.

C’est le choix de Robert, 57 ans, qui part à pied avec son fils de 14 ans. « C’est devenu trop dangereux de rester ici. Nous vivons dans la peur et nous n’avons pas dormi depuis deux semaines. La nuit, il fait encore chaud. Comme ils ont détruit l’éclairage public, ils font ce qu’ils veulent et c’est le bordel. Nous ne voulons pas revenir. confie ce papa. S’ils brûlent dans notre maison et que nous devons fuir, que deviendrons-nous une fois que nous les affronterons dehors ? Tout dépend des décisions prises au niveau politique, mais ces jeunes ne sont pas près de baisser les bras. Nous ne savons pas quand, mais nous savons que ça va recommencer.

Profondément divisé

Une intuition confirmée par Phaster, 38 ans, qui participe activement à la mobilisation contre le dégel du corps électoral.

C’est seulement calme parce que les gendarmes sont là et nous avons décidé de respecter leur travail. assure cette militante qui attend désormais “les instructions” donnée par les dirigeants de la CCAT (Unité de Coordination des Actions de Terrain) en première ligne de la protestation contre le projet de réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres. Les gens sont profondément divisés. Les politiques ont réussi à opposer deux blocs (indépendantiste et loyaliste) et maintenant, nous sommes l’un contre l’autre. Il y a encore beaucoup de pression. Tout peut recommencer très vite.

 
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