La région de Valence, en Espagne, est touchée par les pires inondations depuis un demi-siècle, ce qui pose la question de la possibilité d’un tel phénomène en France.
Les inondations qui touchent le sud-est de l’Espagne depuis mardi 29 octobre ont causé, selon un dernier bilan provisoire qui devrait encore s’alourdir, au moins 158 morts. Des dizaines de personnes sont toujours portées disparues. Il s’agit du pire bilan humain depuis près de cinquante ans et les inondations de 1973 qui avaient fait 300 morts.
Un drame qui fait suite à un épisode méditerranéen, habituel à l’automne, associé à un phénomène de goutte froide, une poche d’air froid en altitude provoquant un dérèglement météorologique. Ensemble, ces deux événements climatiques provoquent de fortes pluies, donc des inondations, des morts et des dégâts considérables. Des images de chaos et une question : un tel phénomène peut-il se produire en France ?
Quels risques en France ?
Comme dans la région de Valence, toutes les zones situées en bordure de la Méditerranée peuvent être touchées par des épisodes méditerranéens, en Espagne, en France ou en Italie. Les experts s’accordent également sur le fait que si ces phénomènes sont fréquents, notamment à l’automne, c’est leur intensité qui a été décuplée en raison du changement climatique. La hausse de la température de la mer Méditerranée – qui se situe aux alentours de 20 degrés au large de Valence – génère davantage d’humidité favorisant les épisodes orageux en rencontrant une fameuse « goutte froide ».
En France, des régions comme les Cévennes ou la Corse sont plus exposées à de tels phénomènes climatiques. Récemment, le passage de la dépression de Kirk les 9 et 10 octobre, puis les inondations de la semaine suivante, en ont été de tristes illustrations.
« Tout l’arc méditerranéen est concerné, y compris la France », explique à La Dépêche Serge Zaka, agro-climatologue spécialisé dans l’impact du changement climatique. « En raison du réchauffement climatique, ces phénomènes météorologiques vont s’intensifier. Ce n’est pas une projection, mais une observation.
Un cocktail « dramatique », selon Jorge Olcina, professeur de climatologie à l’université d’Alicante interrogé par l’AFP. Lorsqu’elles atteignent une telle ampleur, les gouttes froides peuvent avoir des effets « très similaires » à ceux d’un « ouragan », insiste ce chercheur.
Inondations en Espagne : quels phénomènes météorologiques ont provoqué cette catastrophe ?
« Le résultat de 30 ans d’inaction climatique »
« Depuis 40 ans, l’exposition et la vulnérabilité se sont accrues et depuis 40 ans, les catastrophes se succèdent », déplore sur X Magali Reghezza, géographe spécialisée dans les risques naturels, la prévention des catastrophes et l’adaptation au changement climatique.
« Nous payons pour l’héritage de décennies de négligence. Et nous payons également le résultat de 30 ans d’inaction climatique », ajoute-t-elle.
En Espagne comme en France, l’urbanisation et l’artificialisation des sols sont également des facteurs aggravants de tels phénomènes climatiques. De la même manière, une forte densité urbaine dans les zones méditerranéennes, comme à Valence en Espagne ou, du côté français, dans le Sud-Est, peut contribuer à accroître les risques d’inondations mortelles. En Espagne comme en France, ces régions sont en proie à des étés secs, qui assèchent les sols et rendent difficile l’absorption des précipitations automnales.
« Quels que soient les projets d’adaptation, tant que la Terre se réchauffe, nous sommes condamnés à subir de plus en plus de catastrophes », conclut Magali Reghessa.
Et d’ajouter : “Malgré les progrès techniques, au-delà d’un certain niveau de réchauffement, ces territoires seront inhabitables (…) Seule l’atténuation, avec l’atteinte du zéro émission nette de CO2, stabilisera le réchauffement et permettra l’adaptation.”
François Gemenne, professeur à HEC et membre du GIEC, appelle nos confrères de RTL à « tirer des enseignements très importants de ce qui vient de se passer à Valence à la fois en termes d’alerte des populations et d’évacuation des populations, mais aussi en termes de gestion de l’aménagement du territoire ». .
Lucie Valais Journaliste BFMTV