A Draguignan, pour faire face aux inondations, le salut réside dans les bassins de rétention

A Draguignan, pour faire face aux inondations, le salut réside dans les bassins de rétention
A Draguignan, pour faire face aux inondations, le salut réside dans les bassins de rétention

Des vagues dévastatrices, des rues transformées en rivières déchaînées, des milliers de bâtiments inondés et 27 victimes. Un bilan réduit grâce au courage des pilotes d’hélicoptères de la sécurité civile, avec 1 350 sauvetages à leur actif. Presque autant effectués par les premiers intervenants sur le terrain. C’est le résultat des inondations destructrices de la Dracénie du 15 juin 2010.

Un épisode marquant pour les populations tout d’abord, mais aussi pour les élus locaux dans leurs réflexions sur la prévention de ce type de catastrophe naturelle. Et pour cause, au bilan humain s’ajoute le coût de ces énormes intempéries pour le territoire : environ un milliard d’euros. Un ajout de poids lié à un triste constat : en matière de régulation des débits d’eau, la Cité du Dragon est partie de rien… ou presque.

Un point de départ presque nul

Théâtre de verdure, ce bassin de rétention d’une superficie de 3 000 m² peut stocker jusqu’à 4 000 m³ d’eau en cas de fortes pluies. CD de documents photographiques.

« Il fallait tout faire »résument d’emblée Jean-Pierre Souza, adjoint au maire chargé de la prévention des risques naturels et technologiques, et Marie Scheffer, responsable des eaux pluviales au sein de la collectivité. « Lors des inondations de 2010, la commune ne disposait que de deux bassins de rétention »précise le technicien. « L’un à La Jarre, l’autre à Incapis. Depuis, nous les avons agrandis et améliorés. La première, située sous le parking de La Jarre, peut aujourd’hui absorber jusqu’à 6 800 m³ d’eau, soit deux fois et demie le volume d’une piscine olympique. Quant à celui d’Incapis, il peut désormais accueillir jusqu’à 4 200 m³.

Un système bien maigre, symbole d’une urbanisation effrénée au mépris des risques naturels, menée depuis plusieurs décennies dans toute la . Quinze ans plus tard, la fête est désormais terminée. La construction doit être conforme au potentiel d’inondation du terrain. De nombreux systèmes mesurent les risques possibles en fonction de plusieurs niveaux de crue. « La crue de 2010 est la référence de tous nos documents »précise l’élu. « Il faut renforcer ce réseau dans un contexte de pénurie foncière », poursuit-il.. “Un contexte auquel s’ajoute la topographie dracénoise, rendant la tâche un peu plus complexe.”

Et pour cause, Draguignan se dresse au creux d’un bassin avec le col de l’Ange d’un côté, le Malmont de l’autre. « Il y a cinq grandes vallées – et d’autres plus petites – qui alimentent la commune en eau : Valère, Riaille, Tours, Sainte-Barbe et Saint-Martin, qui sont divisées en quatre bassins versants »explique Marie Scheffer. « Une certaine cohérence est requise dans le positionnement des bassins de rétention. » À cela s’ajoutent les prérequis techniques propres à tous travaux de rétention. “Le fond du bassin doit être quasiment plat, et rattaché à une noue ou à un réseau d’eau courante, sans que le niveau d’eau de l’ouvrage n’atteigne le classement d’un barrage.”

Capacité de rétention déjà doublée

Les inondations du 15 mars 2010 ont causé la mort de 27 personnes en Dracénie. Photo CC.

Une fois le constat fait, il faut agir. Car un épisode méditerranéen dévastateur peut assombrir le ciel à tout moment de l’année, sans prévenir. La municipalité a augmenté la construction d’ouvrages dans la zone : onze au total. « Nous avons construit des bassins aux quatre coins de la ville »rapporte Marie Scheffer, une carte à la main, permettant de localiser les différentes œuvres. « Ils prennent plusieurs formes. Il existe des bassins de rétention, qui peuvent être enterrés ou à l’air libre. »elle présente. Comme Les Incapis ou La Jarre, mais aussi le boulevard Gambetta où a été construite une piscine de 3 000 m³.

De même, le Chemin de Folletière, en 2022, où une capacité supplémentaire de 2 100 m³ a été créée. “Il y a poursuit Jean-Pierre Souza. Et pour cause, il s’agit du théâtre de verdure, capable de stocker 4 000 m³ d’eau. « Etant donné qu’il s’agit d’un ouvrage ouvert au public, il doit être vidé dans les 24 heures »précise l’élu. Et la liste s’allonge, petit à petit : sous le parc Haussmannien (600 m³), ​​devant le lycée Léon-Blum (1 500 m³). “Il y a aussi la possibilité de stocker l’eau à l’aide d’un cadre pare-pluie”poursuit Marie Scheffer. « Le volume s’étend dans le sens de la longueur, il y en a un sous une partie du boulevard Clemenceau, entre les allées d’Azémar et l’intersection avec le boulevard Jean-Jaurès, d’une capacité de 900 m³ ; un autre est situé le long du boulevard Blum, pour une capacité de 530 m³. Au total, la capacité du réseau est passée de moins de 11 000 m³ à 18 780 m³, soit sept piscines olympiques et demie.

« Nous avons également ajouté des rigoles au réseau. Ce sont des bassins de rétention à ciel ouvert beaucoup plus petits. »explique le technicien. Plusieurs sont en service, Chemin de la Clappe, tout près de la rivière, Chemin des Faïsses ou encore au Col de l’Ange, exactement en épingle, avec un volume de stockage de 200m³. Et ce n’est pas fini, puisque la mairie a encore une longue liste d’ouvrages à réaliser dans le cadre du Plan d’action et de prévention des inondations (Papi) pour la période 2020-2026, et de gestion des eaux pluviales urbaines (Gepu). « Ce plan va de pair avec des actions de gestion des milieux aquatiques, en l’occurrence les opérations de reformation de Nartuby menées par le Syndicat Mixte d’Argens (SMA) », explique Jean-Pierre Souza, également vice-président de la structure, actuellement à l’œuvre. à Trans-en-Provence, le long des routes D1555 et D54. “C’est l’action 35 du Papi de l’Argens”, précise l’élu. « Cela prend du temps, car il faut d’abord adapter les choses en aval avant d’agir en amont, sinon le flux sera disproportionné en aval, ce qui aggravera encore la situation », conclut Marie Scheffer.

D’autres bassins en perspective

« Dans le cadre de la Gestion Urbaine des Eaux Pluviales (Gepu), nous construirons des bassins supplémentaires dans les années à venir »annonce Marie Scheffer, responsable des eaux pluviales de la ville de Draguignan. « Par ailleurs, l’action 35 du Plan d’Actions de Prévention des Inondations (Papi) de l’Argens, pilotée par le Syndicat Mixte de l’Argens (SMA), prendra effet avec des opérations de réaménagement du Nartuby pour améliorer son débit »acquiesce Jean-Pierre Souza, adjoint au maire chargé de la gestion des risques naturels et vice-président de la SMA. Une opération prévue en quatre points du fleuve, sur les terres de Draguignan. A savoir, le pont de Lorgues, le secteur proche du 4ème Régiment Matériel (Rmat), au pont Incapis- SNCF, et derrière le magasin Gémo.

17 poules en préparation

Au-delà de ces travaux sur le Nartuby, la commune poursuivra la construction de bassins de rétention supplémentaires. « Dix-sept sont déjà en préparation, mais il y en aura davantage, car nous agissons en fonction des terrains disponibles, qu’ils soient à vendre ou non »poursuit le technicien, avec une cartographie des opérations futures. Une série de piscines sera construite sur les hauteurs de Malmont, une autre, non loin du terrain de motocross.

Quatre sont également prévus le long de la vallée de la Valère, pour une capacité totale de 35 100 m³, soit le double de la capacité actuelle de la commune. D’autres sont prévus, à proximité du cimetière (1 000 m³), ​​ou sur le terrain de Sainte-Barbe avec un bassin de 18 600 m³. Un autre est prévu le long de la vallée de Saint-Martin, pour un volume d’eau retenue de 14 000 m³. Au total, la ville disposera alors de plus de 94 000 m³ de stockage d’eau de pluie. Et ce n’est pas encore fini. Lors du dernier conseil municipal, la Ville a acquis un terrain auprès du Crédit Agricole pour créer une structure de 3 800 m³ début 2025.

Entretenir coûte que coûte des piscines individuelles

Au niveau résidentiel, la problématique des piscines individuelles se pose également. « Chaque maison est équipée d’un bassin de rétention adapté pour la protéger du ruissellement urbain », indique Marie Scheffer. « La noue contribue à protéger le voisin du dessous en compensant l’imperméabilisation provoquée par la maison et en n’aggravant ainsi pas la situation de ruissellement. »

Noues imperméabilisées pour réaliser des garages

En la matière, nous appliquerons la même politique que pour les Obligations Légales de Compensation (ANCIENNES)», annonce Jean-Pierre Souza, élu en charge du dossier. « Nous procéderons à des contrôles sur les individus pour nous assurer que les normes sont respectées. » Et pour cause, « trop souvent, on découvre que les propriétaires ont imperméabilisé ces noues individuelles pour en faire des garages pour voitures, des carports, ou gagner de l’espace dans le jardin en le comblant », explique le technicien. « Nous voulons éviter ce type de pratique. Ils transfèrent la pression hydraulique à leurs voisins et en aval, avec un ruissellement supplémentaire. »

Les équipes municipales pourront infliger des amendes aux contrevenants et établir des procès-verbaux afin de mettre les normes en conformité. A cela s’ajoute la récente modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU), qui limite la part de terrain imperméabilisée pour chaque parcelle, en fonction de la zone dans laquelle elle se situe. Le texte prévoit ainsi une « obligation de rétention des pluies sur la parcelle et de conservation d’un pourcentage d’espaces verts ouverts allant de 20 % à 70 % de l’unité foncière selon la zone PLU. » Par ailleurs, il est prévu « que pour les constructions ou installations présentant une nouvelle surface d’étanchéité égale ou supérieure à 30 m² un dispositif de rétention des eaux pluviales adapté soit exigé. » Autant de pierres dans l’édifice dans la lutte contre les inondations. «C’est l’affaire de tous», concluent-ils.

 
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