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Narratif Les avocats américains de Kiabi cherchent à obtenir de la justice américaine la saisie d’une villa de luxe achetée en octobre 2023 par Aurélie Bard. Leur plainte révèle de nouvelles informations sur le mode opératoire de la Française soupçonnée d’avoir détourné 100 millions d’euros sur les comptes de la célèbre marque.
C’est une chasse qui est à la fois une chasse au trésor et une course contre la montre. Où sont passés les 100 millions d’euros évaporés des comptes de Kiabi ? A ce jour, la principale suspecte, Aurélie Bard, une Française de 39 ans, a été interpellée alors qu’elle descendait d’un jet privé en août dernier à l’aéroport de Figari, en Corse. Depuis, elle a été mise en examen pour escroquerie et blanchiment en bande organisée et placée en détention provisoire. Si l’enquête des policiers de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) avance pour déterminer les conditions dans lesquelles se trouvait cet ancien trésorier de la célèbre marque de vêtements, propriété du groupe Mulliez (Auchan, Decathlon, Leroy Merlin…) réussi à détourner une somme aussi importante, les enquêtes visant à retrouver l’argent risquent de s’avérer plus longues et plus complexes.
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Décryptage Où sont passés les 100 millions d’euros de Kiabi ?
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Le 18 octobre, les avocats américains de Kiabi ont déposé, comme le révèle « le Parisien », une plainte devant les tribunaux civils de Miami, dont « le Nouvel Obs » a pu prendre connaissance. Ils demandent la saisie d’une villa de luxe. Après avoir quitté la France début 2024, Aurélie Bard s’installe dans la ville de Floride où elle se réinvente en tant qu’architecte d’intérieur, autoproclamée « entrepreneur visionnaire qui redéfinit les règles du luxe ».
A Miami, la Française était en tête, selon les avocats de Kiabi. Elle aurait ainsi blanchi une partie des sommes détournées en achetant, en octobre 2023, via des sociétés écrans, une villa moderne de 600 m².2 situé dans le prestigieux quartier de Miami Beach pour 16,9 millions de dollars. L’acquisition de cette propriété appartenant à un Français et présentée comme offrant l’une des plus belles vues sur le « skyline » de Miami au coucher du soleil aurait été réalisée via Grove Invest, une société créée quelques semaines plus tôt en Floride dont Aurélie Bard serait la véritable bénéficiaire.
Selon la plainte, cette dernière a également dépensé près de 3 millions de dollars pour redécorer avec des meubles de luxe et des œuvres d’art la villa construite en 2001 qu’elle a rebaptisée « Château Allison ». Des photos sur les réseaux sociaux montrent que la Française y a organisé une coûteuse soirée mondaine en mai 2024 pour lancer sa nouvelle entreprise Haute Design by Aurélie Bard, en présence de plusieurs personnalités locales. « L’une des surprises de la soirée a été la révélation de la « caverne des filles », un cadre intimiste conçu comme un bar clandestin. Cet espace secret et insonorisé est situé à côté de la salle de projection. Pour ajouter à l’attrait du lieu, la collection de vins organisée par la Maison Mura comprend de grands vins de Bordeaux, clin d’œil à l’enfance d’Aurélie Bard en France. La collection comprend des marques prestigieuses comme Petrus, Cheval Blanc, Dom Pérignon et Cristal, pour n’en citer que quelques-unes. peut-on lire sur le site de Haute Design à propos de l’événement.
Faux emails et faux documents
La plainte déposée par les avocats américains de Kiabi révèle également de nouvelles informations sur le mode opératoire de la Française pour se soustraire aux 100 millions d’euros. Via sa société APF Finance Consulting, Aurélie Bard travaillait pour Kiaby World Treasury depuis 2019. Elle était chargée de prodiguer des conseils en matière de placement des excédents de trésorerie du groupe. À l’été 2023, il aurait recommandé au groupe français de placer 100 millions d’euros sur des comptes à terme – des comptes dont le taux d’intérêt est généralement plus élevé qu’un compte de dépôt classique mais où l’argent ne peut être retiré avant un certain délai – auprès d’un moyen-investisseur. banque allemande de taille moyenne, la Volksbank.
Le 6 juin 2023, un virement de 100 millions d’euros est parti d’un compte Kiabi détenu auprès de la Société Générale vers la banque allemande. Cependant, l’argent n’aboutit pas sur un compte à terme mais sur un compte traditionnel. Une semaine après ce transfert, la Volksbank a reçu un email de l’adresse « auré[email protected]» demandant que la somme soit définitivement transférée sur le compte d’une banque turque. L’adresse email était fausse et différente de celle avec laquelle Aurélie Bard correspondait habituellement avec la banque. Elle ne voit que le feu et transfère l’argent.
Le 17 juillet 2023, le compte à la Volksbank est clôturé à la demande d’Aurélie Bard en utilisant la même fausse adresse email mais aussi une fausse lettre dans laquelle elle usurpe la signature du patron de Kiabi Worldwide Treasury. Dans le même temps, la Française a contacté le groupe français pour l’informer que les taux d’intérêt du compte à terme avaient été réévalués à la hausse mais que la durée avait également été allongée. En janvier 2024, elle adresse à Kiabi une lettre signée par plusieurs dirigeants de la banque allemande confirmant l’existence du compte et la hausse du taux d’intérêt. Un faux, encore une fois. Parallèlement, elle cesse de travailler pour la marque de vêtements pour partir vers sa nouvelle vie dans un château de Miami.
Il faudra finalement attendre juillet 2024 pour que Kiabi découvre la fraude lors des contrôles internes. Selon la plainte, des documents auraient été supprimés de son ordinateur par Aurélie Bard lors de son départ de l’entreprise en janvier 2024. » La personne mise en examen pour cette escroquerie occupait une fonction interne importante, il est soupçonné d’avoir réussi à contourner les processus de sécurité en vigueur, pourtant robustes.explique une Source à Kiabi. Nous avons immédiatement lancé toutes les actions nécessaires pour obtenir le recouvrement du montant. « . L’enquête en cours doit également déterminer si l’intéressé a bénéficié d’une complicité dans sa fraude.
Contactés, les avocats d’Aurélie Bard n’ont pas répondu à nos demandes à l’heure où nous rédigeons ces lignes.