Un premier projet va voir le jour pour valoriser la laine produite en Creuse

Un premier projet va voir le jour pour valoriser la laine produite en Creuse
Un premier projet va voir le jour pour valoriser la laine produite en Creuse

Les journées internationales de la laine viennent de se terminer à Felletin. Du 25 au 27 octobre 2024, ils ont attiré plus de 140 exposants et des milliers de visiteurs. C’est le rendez-vous de l’année pour ceux qui souhaitent valoriser les filières locales et de qualité : artisans bien sûr, mais aussi éleveurs. Un paradoxe quand on sait que la laine produite en Creuse n’a jusqu’à présent pas trouvé acheteur en et que les éleveurs la revendent à perte. Ceci n’est pas spécifique au département, l’élevage ovin en France est centré sur la production de viande et la laine n’est qu’un sous-produit, considéré par la loi comme un déchet. Les éleveurs tondent leurs moutons une fois par an pour des raisons d’hygiène et pour éviter les maladies, mais ils finissent soit jetés, soit vendus à un prix dérisoire, 10 ou 20 centimes d’euros le kilo.

Une situation jugée aberrante par Pascal Picaud, président du CELMAR, coopérative d’éleveurs ovins et bovins du Limousin : «Nous faisons venir un tondeur pour nos éleveurs, il prend environ 1,80 € par brebis, sachant qu’une brebis a deux kilos de toison, sa vente revient à 40 centimes, donc un éleveur perd aujourd’hui 1,40 euro par animal tondu. Sur notre ferme, c’est 1000 euros de perte par an» explique Pascal Picaud. Basés au GAEC avec son épouse, Isabelle Picaud, ils possèdent 700 moutons. Il explique ce paradoxe : «Il n’y a qu’un seul acheteur en France aujourd’hui et presque toute la production va en Chine à transformer et de l’autre, nous avons Aubusson, Felletin, capitale de la tapisserie et la laine utilisée est principalement importée de Nouvelle Zélande ou d’Australie« .

Un premier projet pour recycler 4 à 5 tonnes de laine de Creuse

La coopérative des éleveurs du Limousin et LAINAMAC se sont donc associés pour valoriser les 100 tonnes de laine récoltées chaque année en Creuse. “L’idée était de créer un lien entre les éleveurs et les clients potentiels, en l’occurrence le monde du luxe. Nous sommes spécialisés dans la promotion du savoir-faire et de la création autour de la laine, donc en étant aujourd’hui intermédiaires, cela permet aux éleveurs de se concentrer sur leur cœur de métier.» explique Géraldine Cauchy, directrice de Lainamac. Un premier projet est sur le point d’être réalisé avec un premier client : une marque qui fabrique des tapis et moquettes de luxe à Paris s’est engagée à acheter une tonne de laine creuoises. CELMAR s’engage à coordonner la tonte et à acheter la laine auprès de six éleveurs pour environ 1,50 €, le but n’étant pas au départ de faire du profit mais «de permettre aux éleveurs de couvrir leurs frais de tonte explique Pascal Picaud. “ça vous rend fier de savoir que la laine de nos moutons finira dans des tapis à Paris ou dans des tapis d’hôtels» poursuit son épouse, Isabelle Picaud, qui regrette la perte de laine. “Je suis fille d’éleveur et du temps de mes parents, c’était déjà considéré comme du déchet« .

100 tonnes de laine collectées chaque année en Creuse

Ce premier projet en entraîne déjà d’autres et la quantité de laine de Creuse recyclée devrait augmenter l’année prochaine. “Nous avons déjà plusieurs autres clients, ce qui nous permet de viser une valorisation de 4 à 5 tonnes de laine en 2025. » se réjouit Géraldine Cauchy. Il s’agit néanmoins d’une très petite quantité par rapport aux 100 tonnes récoltées chaque année dans le département. La Creuse compte 50 000 moutons. Lainamac souhaiterait, à terme, valoriser l’ensemble de la production de Nouvelle-Aquitaine.

La laine du mouton Texel du GAEC Picaud est douce et suffisamment longue pour répondre aux besoins de l’entreprise de luxe parisienne. © Radio-France
Solène de Larquier
 
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