“Il n’y a pas de concurrence entre alimentation et énergie”, le méthaniseur Momères produit du biogaz à partir de déchets agricoles

l’essentiel
L’installation de production de biogaz de Momères, BioMéthadour, en service depuis trois ans, produit 30 % de plus que prévu initialement. Une agréable surprise pour les exploitants des quatre fermes du village qui ont fait de leur méthaniseur un véritable projet de développement local. Avec les deux autres méthaniseurs de Trie-sur-Baïse et de Saint-Sever de Rustan, ils couvrent une partie de la consommation de gaz de ville de l’agglomération Tarbes-Lourdes.

Les deux bâtiments circulaires surmontés de dômes se devinent plus à travers les arbres qu’ils ne se voient. Dès l’arrivée, une légère odeur flotte dans l’air. Mais ça sent moins la cour de ferme. Pourtant, quelques dizaines de tonnes de fumier y attendent d’être « digérées » par les méthaniseurs BioMéthadour de Momères. Difficile de croire qu’une partie du gaz de ville qui alimente l’agglomération Tarbes-Lourdes est produit là à quelques centaines de mètres des premières habitations.

Le méthaniseur est composé de deux grandes cuves où les déchets resteront en moyenne 70 jours.
DDM – Arnaud Paul

« Les quatre fermes de la commune se sont associées pour ce projet que nous avons souhaité à l’échelle villageoise » explique Joël Vignes, l’un des partenaires à l’origine de BioMéthadour avec Mathieu Mailhes, Christophe Laporte, Baptiste Moulié, Rémi Fourcade et Véronqiue Laporte. Les agriculteurs ont pris le temps de construire un projet intégré au paysage local.

« Bien expliquer le projet »

« Nous avons pris le temps d’expliquer ce que nous voulions faire, sommes allés à la rencontre des riverains pour discuter, convaincre » se souvient Joël Vignes. Attentifs aux réactions des riverains, les partenaires ont pris en compte les montées au point de déplacer le site de quelques centaines de mètres. « Une bonne communication est indispensable si l’on veut que le méthaniseur soit accepté » souligne Joël Vignes.

Fumier d’un côté, cultures de couverture de l’autre protégées par de l’herbe.
DDM – Arnaud Paul

Et ça marche. Depuis sa mise en service il y a trois ans, le méthaniseur produit du biogaz à partir de déchets agricoles. L’installation « digère » grâce à des bactéries un mélange de fumier, de lisier, de déchets agricoles et de récolte de cultures de couverture. « Nous sommes dans une zone vulnérable. Après la récolte, nous sommes tenus de semer des cultures de couverture. Cela contribue à protéger le sol en empêchant l’érosion et en fixant l’azote. Lorsque le sol reste nu en hiver, la pluie peut le lessiver et envoyer l’azote dans la nappe phréatique » explique Joël Vignes. Auparavant, ces cultures étaient détruites avant le retour des cultures d’été. Le méthaniseur permet de favoriser ces couverts végétaux.

« Attention, prévient Joël Vignes, nous sommes des agriculteurs, pas des énergéticiens. Ces cultures d’hiver sont complémentaires aux cultures que nous cultivons. Soyons clairs, il n’y a pas de concurrence entre la production alimentaire et la production destinée au méthaniseur. De même, une réflexion a été menée pour limiter au maximum l’impact global avec la circulation des camions, etc. Par exemple, le méthaniseur est alimenté en lisier directement par une canalisation souterraine reliée à l’exploitation agricole voisine. Ainsi, pas de cuves en circulation pour transférer ce sous-produit de l’élevage laitier.

Joël Vignes peut suivre toute l’installation sur ordinateur.
DDM – Arnaud Paul

« Nous nous engageons également, et nous nous y tenons, à bien stocker les fumiers et les cultures d’hiver (dites CIVE pour cultures intermédiaires à valorisation énergétique) » explique Joël Vignes.

La production couvre la consommation de 1 500 ménages

Le méthaniseur mis en service il y a trois ans tient toutes ses promesses. Et même plus. « Notre production de biogaz, directement injectée dans le réseau, permet de couvrir la consommation de 1 500 foyers » explique Joël Vignes.

Bien que l’investissement initial de 5 millions d’euros soit conséquent, il est garanti par un contrat d’achat de gaz à taux fixe. Cela sécurise les différents partenaires de l’opération.

« Ce méthaniseur nous permet de générer des revenus complémentaires pour nos quatre exploitations » explique Joël Vignes qui y voit bien d’autres avantages. « Cela nous permet de sécuriser nos exploitations. Sur les quatre fermes et leurs 400 hectares, nous produisons 2,5 millions de litres de lait, 50 tonnes de viande bovine, 10 000 volailles fermières, des œufs… Cela nous permet également de faire vivre l’équivalent de 10 emplois entre nos salariés, entreprises de travaux agricoles…. Notre installation permet de produire du gaz en valorisant les déchets agricoles » explique Joël Vignes dont le projet contribue à l’autonomie alimentaire et énergétique.

Le gaz est
Le gaz est « nettoyé » et filtré avant d’être injecté. Sa composition est analysée en continu.
DDM – Arnaud Paul

Les différents composants (fumier, lisier, déchets agricoles, cultures de couverture) restent en moyenne 70 jours dans le méthaniseur pour être bien digérés et libérer le méthane qu’ils contiennent. La matière issue de la méthanisation est transformée en compost d’une part, et en jus d’autre part stocké dans une bassine couverte. Ces deux coproduits issus de la méthanisation serviront à fertiliser les 400 hectares exploités par les quatre exploitations. « C’est un cycle neutre puisque le carbone dégagé par la combustion du gaz est capté par les cultures » indique Joël Vignes.

Au-delà, la production de Biométhadour et des deux autres méthaniseurs de Trie et Saint-Sever permettent de couvrir 15 % des besoins annuels en gaz de l’agglomération Tarbes-Lourdes. Leur production permet de couvrir 100 % de ces besoins pendant les périodes creuses comme en août.

 
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