Pourquoi célébrer la fête des mères « avec une famille hétéronormative, sans vernis écaillé » ne fonctionne plus

Pourquoi célébrer la fête des mères « avec une famille hétéronormative, sans vernis écaillé » ne fonctionne plus
Pourquoi célébrer la fête des mères « avec une famille hétéronormative, sans vernis écaillé » ne fonctionne plus

« La société a évolué de telle manière que célébrer la fête des mères, de manière monolithique, avec une famille hétéronormative, sans vernis écaillé, sans embûches dans son parcours, ne tient plus. » Ce sont les mots d’Eléonore Quarré, responsable des études Société – Département Opinion chez OpinionWay. A l’occasion de l’hommage aux mères ce dimanche, l’institut de sondage a publié une nouvelle enquête pour l’Office néerlandais des fleurs*.

Certes, l’objectif premier de cette enquête est de savoir que les fleuristes sont heureux lors de la Fête des Mères, puisque plus de 80 % des mamans apprécient qu’on leur accorde une attention particulière ce jour-là. Pourtant, il est intéressant de constater, chiffres à l’appui, que les mœurs évoluent, que la société change. Car cette étude avait aussi pour but de comprendre et d’analyser la perception du rapport des Français avec les nouvelles typologies de maternité. Et bam : près de 8 Français sur 10 (78%) estiment que la fête des mères doit célébrer tous les types de maternité (mères de cœur, femmes en démarche d’adoption, en parcours PMA, etc.) et pas seulement « la maternité traditionnelle ». . Et c’est le champion (oui, l’inclusivité est 20 minutes)

« Attention à toutes les femmes et pas seulement aux mères biologiques »

“C’est le chiffre le plus marquant de l’étude, celui qui souligne un vrai changement des mentalités”, analyse pour 20 minutes Éléonore Quarré. Et notre reine des chiffres souligne également que, « en effet, 60 % des Français ont déjà intégré cette idée en prêtant attention à toutes les femmes et pas seulement aux mères biologiques à l’occasion de cette célébration. “C’est une preuve très concrète de ce changement de comportement.”

La Fête des Mères est-elle vraiment devenue une fête des « baby-boomers » ? Si le collègue marié et père de deux filles disait vendredi, “à la maison on ne le fête pas de toute façon”, d’autres y restent attachés. Comme notre voisin rencontré au Monop’ ce samedi matin : « ce n’est pas aussi vaniteux ou commercial que la Saint-Valentin, ce sont souvent les enfants qui offrent des cadeaux aux parents. Du collier de pâtes au vilain truc de pâte à sel, ça reste touchant. » Et Edouard explique qu’à l’école maternelle de ses filles « les enseignants réfléchissent depuis longtemps à célébrer autre chose que les mères ou les pères, car certains enfants n’en ont pas ou n’en ont plus ». Et puis il y a parfois deux papas, deux mamans… voire trois ou plus s’il y a des similitudes (on vous voit les coquins).

“C’est un peu une deuxième mère pour moi”

« Je ne pense pas avoir jamais offert un seul cadeau de l’école pour la fête des mères. Pareil pour mon petit frère, se souvient Alix, 19 ans. Nos parents sont divorcés et remariés et franchement, c’est un budget car j’offre aussi un cadeau à ma belle-mère. Je l’aime : j’avais 6 ans lorsque mon père l’a rencontrée et elle est un peu une seconde mère pour moi. Et je sais qu’elle aime quand je dis ça, parce qu’elle n’a pas eu d’enfants. »

Cette année, pour Sonia, la belle-mère, ce sera une boîte de chocolats (ceux avec du Nutella dedans). Et peut-être d’ailleurs, Sonia fait partie des 72% de femmes, quel que soit leur statut de maternité, qui se sentent justifiées d’être célébrées le jour de la Fête des Mères. «Il y a même jusqu’à 53% de ceux qui n’ont pas d’enfants», explique Eléonore Quarré.

Et nous n’allons pas les pointer du doigt. Pour quoi ? Car la Fête des Mères stricto sensu n’est plus véritablement représentative de notre société. Mais aussi « parce que le rapport à la maternité s’est profondément transformé au cours des dernières décennies : d’abord, on parle davantage de la perte d’un enfant ou du vécu d’une fausse couche ; ensuite, les moyens pour accéder au statut de mère sont multipliés (adoption, accès élargi à la PMA, etc.) », répond Eléonore Quarré. Et cela sans possibilité aujourd’hui de dire ouvertement son manque d’envie de maternité… même si des injonctions en la matière existent encore.

« Intégrer la diversité des formes de maternité »

En 2024, 25 % des femmes de 35 ans et plus déclarent ne pas avoir d’enfants, « on est donc loin de l’époque où l’objectif était d’en avoir trois avant 30 ans », ajoute notre experte. Ainsi, pour 54 % des Français, et surtout pour 67 % des jeunes, la fête des mères, telle qu’elle existe aujourd’hui, ne correspond plus à la société actuelle car « elle n’intègre pas la diversité des formes de maternité », selon OpinionWay.

Alors aujourd’hui, que signifie être mère, selon les Français ? Rappelons Éléonore Quarré aux commandes : « il a autant de conceptions que les Français, mais ce qui est sûr c’est qu’il ne s’agit plus forcément d’avoir accouché de manière 100 % naturelle. » Selon les chiffres de l’enquête, plus des trois quarts des Françaises – 77 % – nous disent que, pour eux, on peut se sentir maman même quand on ne s’inscrit pas dans un parcours maternel traditionnel. « La maternité au sens biologique du terme n’est plus la seule définition entendue par les Français : toutes les femmes qui sont dans une longue démarche d’adoption, celles en démarche PMA, celles qui ont perdu un enfant, celles qui ont essayé, sont encore qui essaient mais ont du mal à atteindre l’objectif souhaité ou même celles qui n’en ont jamais eu mais qui jouent ce rôle auprès des jeunes qui leur tiennent à cœur ont le droit de prétendre être mères. C’est une évolution forte et encourageante en termes d’inclusivité », explique le responsable des études.

+ d’informations sur le Festival « Maternités »

Reste que si la France réclame du changement maintenant… ce n’est pas trop quand même. Les personnes interrogées par OpinionWay apparaissent, en effet, plus séduites par l’idée d’une évolution des pratiques (penser célébrer toutes les femmes) que par un bouleversement étymologique. Renommer la Fête des Mères en la remplaçant par « Fête des Mères inclusive » ne ferait pas l’unanimité : seulement 34 % des personnes interrogées se déclarent favorables. «Nous dépassons la seule question de la fête des mères», précise Eléonore Quarré. Alors que les débats s’élèvent sur une peur « wokiste », la notion d’inclusivité est parfois critiquée, malmenée et malheureusement rejetée. » Une célébration de toutes les maternités, ok, mais sans trop le dire non plus.

*Cette étude a été réalisée sur un échantillon de 1 019 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, prenant en compte les critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région. de résidence. Les entretiens ont été réalisés par questionnaire auto-administré en ligne les 10 et 11 avril 2024.

 
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