une légère hausse en 2023, et des inquiétudes sur la « financiarisation »

une légère hausse en 2023, et des inquiétudes sur la « financiarisation »
une légère hausse en 2023, et des inquiétudes sur la « financiarisation »

C’est l’un des pays d’Europe où le prix du foncier est le plus abordable. La France souhaite conserver cette singularité qui constitue un véritable atout dans sa quête de souveraineté alimentaire. C’est en tout cas l’un des objectifs de Safer, la société de développement rural et d’aménagement, qui assure depuis soixante ans la transparence des transactions et intervient en cas de dérapage des prix.

Objectif atteint en 2023 : les prix des terres agricoles sont restés contenus l’année dernière, « après une envolée en 2022 » , selon le gendarme du foncier agricole qui a présenté mercredi son analyse annuelle des marchés fonciers ruraux. Les prix des terres et prairies gratuites ont augmenté de 1,5% (à 6 200 €/ha), tout comme les prix des terres et prairies louées (+1,4%, à 5 120 €/ha).

Des intrigues « grignotées »

Dans l’ensemble, les marchés fonciers ruraux «sont en berne» (en baisse de 21% à 36,5 milliards d’euros), notamment celui de la vigne (parcelles à moins de 10 000 €/ha sur Bordeaux et Côtes du Rhône). Le vin rouge traverse une crise même si quelques ventes exceptionnelles ont fait augmenter la valeur des opérations (+16%).

Les ventes de maisons à la campagne affichent une baisse de 24% (de 32 à 22 milliards d’euros) en raison de la hausse des taux d’intérêt. On gaspille moins de terres agricoles au profit de l’urbanisation (-29% à 12 900 ha) mais la consommation masquée par des parcelles agricoles qui changent de destination (loisirs, stockage, éloignement du voisinage etc.) s’est érodée, l’année dernière, « de 15 à 20 000 hectares. »

« Financier le foncier est dangereux »

Les cessions de parts représentaient l’équivalent de 923 300 ha (soit deux fois plus que le marché foncier « classique »). Depuis la loi dite « Sempastous » de décembre 2021, les Safers ont reçu notification de ces cessions d’entreprises, même partielles. Près de la moitié de toutes les exploitations agricoles sont désormais enregistrées en tant que sociétés. Et jusqu’à la nouvelle loi, ce marché des entreprises était opaque. « On constate que 31 % de ces transferts sont conclus hors du contexte familial. Cela fait 300 000 hectares »a souligné Emmanuel Hyest, le président national de Safer. Aux pouvoirs publics de nous dire s’ils souhaitent que ces surfaces soient orientées vers l’installation plutôt que vers l’agrandissement ! »

Le départ à la retraite de la moitié des agriculteurs d’ici dix ans pourrait s’accompagner d’un bouleversement foncier majeur. Avec la possible création de GFAI (groupements d’investissement foncier agricole), initialement prévue dans le projet de loi d’orientation agricole actuellement discuté à l’Assemblée nationale, le « gendarme » du foncier agricole met en garde contre la financiarisation du foncier agricole anglais.

Lire aussi : Projet de loi agricole : la finance va-t-elle investir dans le foncier ?

« Comme le loyer des terres est réglementé (le rendement brut moyen est de 2,83%) par arrêté préfectoral du département, les investisseurs dans ces GFAI auront intérêt à voir le bien s’apprécier. Nous l’avons vu avec les groupes d’investissement forestiers. Le prix des massifs de plus de 25 ha a enregistré une hausse de 10% en 2023. C’est ce qui arrive lorsqu’un marché n’est pas régulé”a rappelé Emmanuel Hyest.

Mais, le 4 mai, en commission, les députés ont rejeté le GFAI (article 12 de la loi). Une réécriture de l’article pourrait encore être proposée à l’Assemblée nationale ou au Sénat. « Financier les terres agricoles est dangereux »prévient le président du FN Safer.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Charles Barkley dit qu’il se retire de la diffusion après la saison NBA 2024-25
NEXT 1 500 contrôles, objets saisis et 8 interpellations avant samedi