« Nous avons une énorme armée de déserteurs qui parcourent le pays »

« Nous avons une énorme armée de déserteurs qui parcourent le pays »
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Stanislav Asseyev, journaliste et écrivain ukrainien, à Kiev, le 21 mars 2022. CHLOE SHARROCK / MYOP POUR « IL MONDO »

Deux semaines se sont déjà écoulées depuis que le vétéran ukrainien Stanislav Asseyev a annoncé publiquement son départ de l’armée. C’est donc à l’intérieur « homme libre », selon ses propres termes, alors que le célèbre journaliste et écrivain était assis dans un petit café du quartier Podil de Kiev, le samedi 19 octobre, en fin d’après-midi. L’homme de 35 ans, au teint pâle et aux yeux profonds, profite de la vie civile après avoir combattu pendant sept mois au sein d’un bataillon de défense territoriale, dont le démantèlement était inévitable depuis l’été, en raison du nombre important de désertions. Blessé à deux reprises dans le Donbass, il souhaitait rejoindre les services secrets militaires ukrainiens, les HUR. Mais sa demande, directement soutenue par le puissant chef du service, Kyrylo Boudanov, est restée lettre morte pour son ancien commandement.

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Stanislav Asseyev a finalement préféré demander sa démobilisation, un droit pour tous les anciens prisonniers des forces russes. Alors qu’il travaillait comme journaliste, il a été détenu et torturé entre 2017 et 2019 dans la prison d’Isolatsia, sous la supervision des services de sécurité russes, le FSB, à Donetsk. Il ne sait pas encore exactement ce qu’il fera, mais il poursuivra probablement son travail avec le Justice Initiative Fund, une organisation qu’il a créée pour recueillir des informations sur les crimes de guerre russes. Peut-être continuera-t-il à travailler sur un livre qui retracera son expérience militaire, commencée dans les tranchées… Ce qui est sûr, après moins d’un an de combats observant une aggravation de la situation au front, c’est que Stanislav Asseev va tout faire pour raconter le quotidien de ses anciens compagnons d’armes et alerter sur les immenses problèmes de l’armée.

Faisant référence au cas des hommes de défense territoriale, unités présentes dans toutes les régions du pays, auxquelles des dizaines de milliers de civils avaient courageusement rejoint dès les premiers jours de l’invasion, il affirme que“il n’y a presque plus de motivation”. Cependant, à ses yeux, le problème ne se limite pas à ce corps militaire spécifique, mais concerne l’infanterie dans son ensemble. “Il y a une grande crise dans l’infanterie qui s’explique par le manque de personnel, de formation et de communication entre les unitésdés. Il s’agit d’un problème interne à l’Ukraine qu’aucun pays occidental ne peut résoudre. Nous pouvons avoir tous les drones et munitions que nous voulons, s’il n’y a pas de soldats dans les tranchées, rien ne changera. »

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