Le 20 août 2020, de retour de vacances, l’adolescent est parti dans l’après-midi récupérer un colis, quartier Talensac, à Nantes. Sa mère, ne la voyant pas revenir, est inquiète. Une heure plus tard, le corps de la jeune fille est retrouvé à 200 mètres de son domiciledans un appartement délabré, rue Adolphe Moitié, d’où s’échappait de la fumée. Mais ce n’est pas l’incendie qui a tué l’adolescent. Elle a été étranglée à mort après avoir été violée.
Comment cet adolescent, simplement allé chercher un colis, s’est-il retrouvé dans ce bâtiment, situé au fond d’une cour ? “L’individu attire l’attention de cette jeune fille en lui demandant de l’aide”explique Me Charles Philip, l’avocat des parents. “Il lui demande de porter un colis car il prétend qu’il est difficile de le transporter seul. Et c’est ainsi qu’il attire la bienveillance, l’attention de cette jeune fille qui va spontanément accepter de porter ce paquet et tomber dans son piège.
Le terme de “piège” n’est pas choisi par hasard. L’homme, placé en garde à vue une semaine plus tardreconnaît les faits. Il avoue être venu à Nantes quelques jours plus tôt pour repérer un lieu. Cet homme est avant tout un récidiviste. En 2005, à Poitiers, il est condamné à 18 ans de prison pour une dizaine de viols et tentatives de viol. Et à chaque fois, c’est le même scénario. Il attend sa victime dans la rue, lui demande de l’aider à amener un colis dans un appartement, avant de la violer.
L’homme respecte l’obligation de soins ordonnée dans le cadre de son suivi socio-judiciaire
L’homme est sorti de prison en 2015, après une peine réduite, et on n’en a plus parlé jusqu’en 2020. Il vit en couple, à Mésangerdans le Pays d’Ancenis, travaille dans une briqueterie, à La Boissière-du-Doré, et il respecte son suivi socio-judiciaire, y compris l’obligation de soins.
Avocat nantais, Me Philip assiste la famille de l’adolescent depuis le début du drame : « Je suis très impressionné par les parents de cette jeune fille. Cette famille m’inspire énormément de respect. C’est plein de douleur, c’est évident, mais c’est aussi une famille pleine de dignité, pleine de détermination. Elle se présente devant le tribunal correctionnel avec un certain nombre de questions. Elle veut comprendre et obtenir justice.
Les parents ne demanderont pas d’audience à huis clos
Les parents pourraient demander un huis clos pour l’audience, qui devrait durer cinq jours. Mais ils ne le feront pas : «Si l’on réfléchit un instant, ce sont les parents qui ont perdu leur fille, qui sont victimes de l’horreur : pourquoi iraient-ils se cacher de quelque chose dont ils sont à nouveau victimes ?“
La mort de la jeune fille, en août 2020, a ébranlé la ville. Et M. Philip n’est pas surpris : « Nous ne restons jamais indifférents à la mort de la jeunesse et de la beauté. Lorsqu’une jeune fille est assassinée, nous sommes tous stupéfaits. Cette question peut interpeller chacun de nous car nous ne comprenons pas comment, à 15 ans, on peut descendre dans une rue chercher un colis et trouver sa mort« .
L’avocat de la défense n’a pas été autorisé par son client à s’exprimer avant l’audience. L’accusé risque la réclusion à perpétuité pour ces viols répétés suivis de meurtre.