pourquoi les Canadiens se souviennent-ils moins des Américains? – .

pourquoi les Canadiens se souviennent-ils moins des Américains? – .
pourquoi les Canadiens se souviennent-ils moins des Américains? – .

Au-dessus des dunes de Juno Beach, flottent des drapeaux français et canadiens. Le seul musée français consacré aux Canadiens pendant la Seconde Guerre mondiale se trouve là, à Courseulles-sur-Mer, derrière la plage où débarquèrent 14 000 Canadiens le 6 juin 1944. « On sent la Mémoire quand on vient ici », confie Chantal, installée pendant quatre ans dans la ville balnéaire. « Mais, avoue-t-elle, avant, j’allais plutôt à Colleville-sur-Mer (site du célèbre cimetière américain), à Longues-sur-Mer. C’est vraiment depuis que je suis ici que je m’intéresse aux Canadiens. »

Elle n’est pas la seule. Même si la Semaine acadienne rend un hommage festif et chanté (début août) aux liens entre la Côte de Nacre et les soldats du pays à la feuille d’érable, l’histoire des Canadiens demeure relativement dans l’ombre des frères et sœurs armes américaines et britanniques. « Les Canadiens ont été oubliés. Au début des commémorations, on ne parlait que des Américains et des Britanniques», témoigne Michel Lebaron.

Il n’avait que dix ans le jour J mais il n’oubliera pas les Canadiens : « Mon père a caché un pilote canadien dans le gabion. Il l’avait vu sauter en parachute et connaissait bien le terrain. Il l’avait trouvé avant les Allemands. » Des années plus tard, Michel Lebaron lance une cérémonie annuelle à la mémoire des Canadiens, à Bretteville-sur-Laize, au cimetière militaire.

L’hommage à ces libérateurs engagés au Nord-Ouest de Caen ne va pourtant pas de soi. Robert a également vécu le jour J dans sa jeunesse. Il se souvient d’une cérémonie en 2019 à Rots près de Caen : « Il n’y avait que des Britanniques. Puis nous nous sommes rendus à la stèle canadienne et aucun Anglais n’est venu lui rendre hommage. Nous ne comprenons pas. Mon père a toujours dit que les Canadiens étaient nos cousins ​​américains.

“C’est un peu dans notre culture d’être plus discret”

Sa compagne, Louisette, marraine des tombes du cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. Encore une démonstration d’attachement local. Au-delà, c’est plus compliqué : les Américains et les Britanniques étaient plus nombreux. « Et Hollywood a joué un rôle », note Nathalie Worthington, directrice du Centre Juno Beach.

Ce 14 mai, une délégation de l’ambassade du Canada s’est rendue à Courseulles-sur-Mer pour visiter quelques sites emblématiques. Parmi ses membres, John Desrosiers donne son explication de ce « déficit de mémoire », aux yeux du grand public. « Après la Seconde Guerre mondiale, les gens voulaient oublier. Il y a moins de mémoriaux et de monuments, constate le directeur des opérations internationales au ministère canadien des Anciens Combattants. Le Centre Juno Beach de Courseulles est par exemple récent (2003). C’était avant tout un souvenir entre Canadiens. Pour les gens, les Alliés sont plutôt les Américains et les Anglais. » Et glisse : « C’est un peu dans notre culture d’être plus petit, plus discret ».

Mais il n’est pas question de disparaître. Depuis sa création il y a 21 ans, le musée de Courseulles a accueilli un peu plus d’un million de visiteurs. Et les grands anniversaires sont l’occasion de grandes cérémonies. Celle de cette année se tiendra le 6 juin au Centre Juno Beach, en présence de 15 anciens combattants, âgés de 98 à 104 ans. Certains retourneront pour la première fois en Normandie, pour la liberté de laquelle 5 500 Canadiens ont perdu la vie en quelques mois. Les guides du musée rappellent qu’ils étaient presque tous des bénévoles, issus de diverses origines géographiques et sociales. La proximité linguistique aura souvent permis de tisser des liens avec les locaux.

« Ce sont des gens simples. Ils se démarquent à leur manière. Et les civils ici se sont souvenus qu’ils n’avaient pas été bombardés par les Canadiens», note Michel Lebaron. Comme à Caen, où les troupes des « cousins ​​d’Amérique » sont entrées le 9 juillet. Le 80e anniversaire du DDay, sous les projecteurs du monde entier, sera l’occasion de mettre en avant leur rôle.

 
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