RAPPORTS. Dans le village chrétien de Rmeich, au sud du Liban, les habitants restent malgré la guerre entre Israël et le Hezbollah

Près de la frontière avec Israël, 5 000 habitants du village de Rmeich sont pris entre les roquettes de la milice chiite et les missiles de l’État hébreu. Dans ce village majoritairement chrétien, une communauté de quelques religieuses assure une présence parmi les habitants.

Publié le 24/10/2024 10:20

Mis à jour le 24/10/2024 10:33

Temps de lecture : 3min

type="image/avif">>>>
La colline entourant le village chrétien de Rmeich est constamment bombardée, octobre 2024. (SEBASTIEN SABIRON / RADIO FRANCE)

Sur des dizaines de kilomètres, ce sont des immeubles détruits par les bombardements, des commerces évacués en toute hâte, des chevaux errant sur la route et pas un seul vivant jusqu’à Rmeich, au sud du Liban. Dans ce village chrétien, les habitants ont choisi de rester sur place et de se débrouiller malgré les bombes israéliennes et la pression du Hezbollah. Avec un large sourire et les bras ouverts, Sœur Maya nous accueille devant le monastère Notre Dame de l’Annonciation. “Je pense que seuls les fous viennent chez nous parce que c’est très dangereux”déclare la religieuse.

Parce que les collines entourant le village sont le théâtre de combats incessants, parfois rapprochés, entre les miliciens du Hezbollah et l’armée israélienne, “et nous sommes au milieu”explique sœur Maya. « Il n’y a aucune garantie de ne pas être directement bombardé. Nous sommes déconnectés depuis deux à trois jours. Il n’y a pas d’hôpital dans notre région. S’il y a des blessés, on ne peut pas appeler la Croix. Rouge Alors, qui te protège ? demande-t-elle.

L’armée libanaise s’est retirée, laissant 5 000 habitants, pour la plupart chrétiens, coincés dans cette vallée sans internet, sans produits de première nécessité et à la merci de rares convois humanitaires. « Depuis un an, l’armée est absente» déclare Vincent Gelot, responsable de l’ONG chrétienne L’œuvre d’Orient au Liban. Ce sont les villageois eux-mêmes qui protégeaient les villages, pour empêcher les miliciens du Hezbollah d’entrer dans les villages pour tirer leurs missiles depuis les toits des maisons. Nous sommes vraiment dans le cas de gens qui n’ont pas pris parti dans la guerre et qui veulent rester ici.»

Le Hezbollah les accuse cependant de collaboration avec Israël. Une volonté délibérée de semer la zizanie, estime sœur Bernadette : « Nous avons peur des miliciens car pour eux, les chrétiens sont pro-israéliens. C’est pourquoi désormais, les régions chrétiennes n’ont plus peur d’Israël. Ils ont peur des réactions des chiites. Nous sommes avec le Liban, ni avec les Israéliens ni avec le Hezbollah. »

type="image/avif">>


Nagib Amil, le curé de Rmeich exhorte les habitants du village à rester, octobre 2024. (GILLES GALLINARO/RADIO FRANCE)

>
>

Nagib Amil, le curé de Rmeich exhorte les habitants du village à rester, octobre 2024. (GILLES GALLINARO/RADIO FRANCE)

Nagib Amil, le curé de Rmeich exhorte les habitants du village à rester, octobre 2024. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Figure d’autorité très écoutée des chrétiens, l’abbé Nagib, curé de Rmeich, exhorte ses paroissiens à ne pas quitter leurs terres. « Rien ne m’inquiète, à moins que le gouvernement libanais nous laisse [tomber]explique le père Naguib qui confie sa crainte d’être envahi par « peut-être les Israéliens, peut-être le Hezbollah. » Ne pas déserter, garder la tête froide malgré les tirs croisés : un enjeu central pour ce village d’irréductibles, déjà déplacé à plusieurs reprises par le passé.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV une information judiciaire ouverte pour le meurtre d’un mineur
NEXT EN DIRECT – Suivez le multiplex de la 10e journée de Ligue 2 !