Le chercheur français et spécialiste de l’espace post-soviétique Laurent Vinatier a été condamné en octobre dernier en Russie pour non-enregistrement en tant qu'”agent étranger”, selon un tribunal de Moscou.
Le Français Laurent Vinatier a fait appel de sa peine de trois ans de prison en Russie pour ne pas s’être enregistré comme “agent étranger”, a déclaré mardi 22 octobre un tribunal de Moscou.
Le tribunal Zamoskvoretski de Moscou a reçu et enregistré “le 21 octobre” l’appel de Laurent Vinatier, arrêté le 6 juin et condamné le 14 octobre, peut-on lire sur son site internet. Son avocat, Alexeï Sinitsyn, a confirmé l’appel téléphonique à l’AFP mais s’est refusé à tout autre commentaire.
Moscou utilise l’étiquette d’« agent étranger » rappelant l’ère soviétique, accompagnée de contraintes administratives très strictes, pour faire taire et faire taire les voix critiques.
Employé sur le sol russe
Laurent Vinatier, chercheur spécialisé dans l’espace post-soviétique, était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui intervient dans les conflits en dehors des circuits diplomatiques officiels.
Le service de sécurité russe (FSB) a déclaré que les accusés avaient collecté « des informations militaires et techniques qui pourraient être utilisées par les services de renseignement étrangers contre la sécurité de la Russie ». Ces accusations avaient fait craindre une accusation plus grave, celle d'”espionnage”, un crime passible en Russie de 20 ans de prison.
Espion ou chercheur ? Pourquoi la Russie maintient-elle Laurent Vinatier en prison ?
Selon des sources interrogées par l’AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, avant même l’offensive russe de grande ampleur en février 2022, dans le cadre d’efforts diplomatiques discrets parallèles à ces États.
Jusqu’à son arrestation début juin 2024, il a voyagé dans les deux pays. A l’audience, les avocats de Laurent Vinatier ont demandé que leur client, qui avait « pleinement reconnu sa culpabilité », soit puni d’une amende simple.
Cette histoire intervient dans un moment de grande tension dans les relations entre Moscou et Paris : la Russie est accusée d’une série d’actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France est critiquée pour son soutien militaire à l’Ukraine.