Ce sera donc surtout le référendum organisé au même moment qui sera scruté : les électeurs approuveront-ils l’inscription de l’objectif européen dans la Constitution, présentée comme le seul rempart contre Moscou ?
La Moldavie a déjà un pied dans l’UE avec l’ouverture officielle des négociations d’adhésion en juin et les sondages prévoient une victoire de 55 % du « oui ».
“Je suis venue donner ma voix pour la prospérité, la paix et le bien-être de notre pays”, a déclaré à l’AFP Olga Cernega, une économiste de 60 ans, après avoir voté sous des températures glaciales dans la capitale Chisinau.
D’autres, comme ce juriste d’une soixantaine d’années nommé Ghenadie qui n’a pas voulu révéler son nom de famille, s’inquiètent du virage « occidental » de la Moldavie et jugent que le gouvernement actuel « a aggravé la situation », alors qu’une partie de la population est appauvrie par une inflation record.
Parce que les élections de dimanche en Moldavie seront étroitement surveillées par le Kremlin
“Notre destin”
Les bureaux ouvrent à 7h00 (04h00 GMT), les haut-parleurs diffusent l’hymne national. Les premiers résultats sont rendus une heure après la fermeture, vers 22 heures.
L’inconnue est le taux de participation qui doit atteindre au moins 33 %, les partis pro-russes ayant appelé au boycott du référendum dans l’espoir d’invalider le vote.
Corruption, entraînement de commandos, désinformation : ces derniers mois, la police a procédé à 350 perquisitions et à des centaines d’arrestations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral au nom de Moscou.
Un système d’achat de voix « sans précédent » a été révélé, impliquant 150 000 Moldaves payés pour déposer des bulletins de vote anti-Sandu et anti-UE dans les urnes, soit jusqu’à 300 000, y compris leurs proches, selon les enquêteurs. Soit environ un quart des électeurs attendus dans un pays de 2,6 millions d’habitants.
« Ce vote déterminera notre destin pour de nombreuses décennies », a déclaré Maia Sandu lors de son vote tard ce matin, appelant tous les citoyens, y compris l’importante diaspora, à manifester.
“C’est la volonté du peuple moldave” qui doit s’exprimer, “pas celle des autres, pas l’argent sale”, a insisté le candidat à la figure fragile, crédité de près de 36% des intentions de vote.
Première femme à occuper les plus hautes fonctions de cet État situé entre l’Otan et la sphère d’influence russe en 2020, cette économiste de 52 ans à la réputation d’incorruptible est devenue une figure européenne de premier plan.
Adhésion de la Moldavie à l’Europe : Moscou dépense des millions de dollars pour acheter les votes des électeurs
“Gang d’arnaqueurs”
Face à elle, pas de poids lourds mais une flopée de dix candidats, pour la plupart plus ou moins liés à Moscou derrière les discours de “neutralité”. Certains parlent russe, en plus de la langue officielle, le roumain.
Alexandr Stoianoglo, ancien procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, est à 9 %. Licencié par son rival, il demande, l’air sévère dans sa tenue, de “rétablir la justice” face à un pouvoir prêt, selon l’opposition, à violer les droits.
Se disant favorable à “une politique étrangère équilibrée” et à la reprise des relations avec la Russie, il s’est abstenu lors du référendum.
Renato Usatii, ancien maire de Balti, deuxième ville de Moldavie (6,4%), a aussi une carte à jouer. Avec le drapeau moldave sur les épaules, l’homme de 45 ans affirme être “le seul candidat qui n’est contrôlé ni par l’Est ni par l’Ouest”.
Selon le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé environ cent millions de dollars au cours de la période précédant le vote. Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude.
“La Russie ne chôme pas, elle n’a jamais investi autant d’argent”, explique à l’AFP l’historien roumain Armand Gosu, spécialiste de la région.
“Alors que notre pays est à la croisée des chemins, une bande d’escrocs tente de tromper la population”, a prévenu le Premier ministre Dorin Recean, appelant les Moldaves à être “vigilants”.
Le Kremlin a rejeté « catégoriquement » les accusations d’ingérence.