20 intervenants du monde du sport expliquent pourquoi notre hockey est malade

Le Québec a une responsabilité collective envers le hockey. C’est avec cette idée en tête que l’auteur Marc-André Leclerc a décidé, à la suite des scandales qui ont ébranlé récemment notre sport national, de se pencher dans son livre sur ce qui rend le hockey malade. Le hockey vaincu.

• Lisez également : Des jeunes de 16 ans à des centaines de kilomètres de leurs parents

«Pour moi, le hockey est trop important», souligne M. Leclerc en entrevue. La nation québécoise a été formée par nos héros : Jean Béliveau, Maurice Richard. C’est plus qu’un sport. Si nous décidons de ne pas nous en occuper […]nous décidons de prendre une partie de notre société et de la jeter à la poubelle.

Des procès pour agression sexuelle aux initiations abusives, en passant par les comportements violents des parents envers les officiels, le hockey a montré sa face la plus sombre ces dernières années.

Le hockey est “un sport qui est gravement malade, mais qui devra sortir un jour ou l’autre des soins intensifs”, souligne l’auteur dans les pages du livre.

Dépassez les limites pour la victoire

Tout au long de l’ouvrage publié cette semaine aux Éditions du Journal, Marc-André Leclerc cite 20 acteurs du secteur avec lesquels il s’est entretenu.

L’objectif, comme il l’affirme dès les premières pages, était de comprendre « pourquoi les êtres humains [souvent l’adulte] est prêt à dépasser les limites pour remporter la victoire ou réaliser son rêve.

Le hockey vaincu comprend le point de vue du commissaire de la LHJMQ, Mario Cecchini, de l’ancien directeur général de Hockey Québec Jocelyn Thibault et de la ministre responsable du Sport, Isabelle Charest.

Mario Cecchini

Photo d’archives, Martin Chevalier

Il met également en lumière des témoignages d’anciens joueurs de hockey, d’agents, de parents de joueurs ainsi que d’athlètes d’autres disciplines.

Des réalités peu connues

Issu d’un milieu politique, le chroniqueur de Québecor voit l’ouvrage comme une « très humble contribution » au débat qui entoure actuellement la façon dont le hockey est administré et pratiqué au Québec.

« L’objectif n’est de frapper personne. Mais je crois qu’il y a des passages [dans le livre] qui fera découvrir aux gens ordinaires des réalités qu’ils ne connaissent pas», estime Marc-André Leclerc.

“Tant mieux s’ils deviennent par la suite de meilleurs parents, de meilleurs entraîneurs, de meilleurs responsables associatifs”, ajoute-t-il.

Scandales et tout le reste

Les récents revers du hockey sont bien entendu évoqués dans le livre. Du prochain procès de cinq joueurs de Hockey Canada pour agression sexuelle à la comparution de l’ancien commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau en commission parlementaire, peu avant sa démission dans la foulée du scandale des initiations.

Cependant, M. Leclerc a également voulu se pencher sur d’autres enjeux et réalités du monde du hockey. Par exemple, la présence d’agents de joueurs, qui prennent parfois en charge les joueurs de hockey dès le début de l’adolescence.

Ou encore le fait que des jeunes de 16 ans aillent jouer leur hockey junior à des centaines de kilomètres de chez eux (lire ici).

L’auteur se penche également sur le monde d’autres sports, touchés par leurs propres controverses.

« Aujourd’hui, je ne parle à aucune fille de l’équipe nationale. Aucun lien, explique l’ancienne nageuse artistique Gabrielle Boisvert dans le livre. C’est une excellente représentation du type de relation que nous avions. Nous avons toujours été opposés les uns aux autres.

Le hockey doit remonter

Au terme du livre de 245 pages, Marc-André Leclerc tire ses propres conclusions sur l’état du hockey au Québec, dont la culture a été qualifiée de toxique ces dernières années.

Le hockey peut se remettre du revers qu’il a subi, dit-il. « Et il doit le faire », dit-il en faisant référence à son principe.

« Je pense que c’est une période difficile, mais les bonnes personnes sont là. Ce n’est pas parfait, mais le hockey évolue avec la société. Il y aura des changements dans les années à venir.

Quatre solutions possibles pour guérir le hockey

1. Des entraîneurs et des superviseurs correctement formés

Dans son livre, Marc-André Leclerc pose la question suivante : peut-on demander à des bénévoles de former des jeunes qui deviendront non seulement des athlètes à succès, mais aussi des « acteurs positifs hors sport » ?

Selon l’auteur, le hockey gagnerait à être encadré par des entraîneurs encadrants possédant une formation universitaire adéquate, ce qui nécessitera une participation financière du gouvernement. “Mettre de l’argent dans le sport et l’activité physique doit être considéré comme un investissement et non comme une dépense”, écrit-il.

2. Tous les directeurs régionaux de hockey devraient rendre des comptes à Hockey Québec

La démission de Jocelyn Thibault à titre de directeur général de Hockey Québec, deux ans après son arrivée en fonction, a surpris l’auteur. Il n’était pas le seul. Mais, ajoute Marc-André Leclerc, il était « clair qu’un seul homme ne pouvait pas remettre en place tout un sport ». Au-delà de ses successeurs, « d’autres acteurs du terrain doivent participer à la réflexion ».


Jocelyne Thibault

Photo d’archive, Agence QMI

La Revue avait écrit, au moment de son départ, que chacune des 14 régions administratives du Québec possède son propre organisme qui gère, de manière presque indépendante, les activités de son secteur. «Chacun est un peu maître de chez soi», expliquait alors Thibault.

«Tous les directeurs régionaux de hockey au Québec devraient relever directement de Hockey Québec», soutient l’auteur.

3. Éloignez les parents et les entraîneurs toxiques des arènes

Marc-André Leclerc croit que les parents sont des bénévoles essentiels au hockey mineur. « Qui d’autre pourrait se lever à six heures du matin pour aller dans une arène froide montrer à deux jeunes comment freiner ou manier la rondelle ? se demande-t-il.

Mais M. Leclerc estime qu’il ne faut plus tolérer ceux qui sont toxiques dans les arénas. Il en va de même pour les entraîneurs.

«Trop de comportements découlent du rêve que les parents font pour leur enfant», écrit-il. […] Cependant, les parents-entraîneurs, qui jouent un rôle essentiel dans notre système, privilégient trop souvent leurs propres enfants.

4. Focus sur les ressources pour les athlètes victimes de harcèlement

L’auteur s’est entretenu avec Sylvain Croteau, directeur général de Sport’Aide, un organisme qui met en place des initiatives pour le sport santé.

À la lumière des différents scandales qui ont éclaté dans le monde du hockey, Marc-André estime que les athlètes doivent recourir à l’aide de ces ressources lorsqu’ils se sentent victimes d’abus.

Heureusement, ajoute-t-il, tout comme la société, le sport évolue et continuera d’évoluer. “Ce qui était accepté et toléré dans les années 1980 et 1990 n’a plus sa place dans le sport ni ailleurs”, souligne-t-il.

Le hockey a été vaincu ces derniers temps

8 juin 2021 : Deux joueurs des Tigres de Victoriaville sont arrêtés dans le cadre d’une enquête pour agression sexuelle sur un mineur de 17 ans en marge de la fête suivant la victoire de l’équipe à la Coupe du Président. Nicolas Daigle et Massimo Siciliano ont depuis été reconnus coupables et condamnés à des peines de prison, mais leurs peines ont fait l’objet d’un appel.


Nicolas Daigle et Massimo Siciliano

Photos tirées du site Internet de la LHJMQ

26 mai 2022 : Le journaliste de TSN révèle que Hockey Canada a réglé à l’amiable une affaire d’agression sexuelle impliquant prétendument une jeune femme et un total de huit jeunes joueurs de hockey, dont plusieurs athlètes de l’édition 2018 d’Équipe Canada Junior. Finalement, cinq joueurs, qui ont tous joué dans la LNH, ont été nommés lors du procès. Cela débutera à l’automne 2025.

23 février 2023 : Une chronique de Martin Leclerc, de Radio-Canada, met en lumière des pratiques choquantes lors des initiations au hockey junior canadien. Des documents déposés en cours font état de témoignages troublants, notamment de cas d’abus sexuels.

5 mars 2023 : Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, démissionne. Dans les jours précédents, M. Courteau a tenu des propos contradictoires. Il a d’abord affirmé en commission parlementaire qu’aucune des situations énumérées dans l’article de Martin Leclerc ne impliquait une équipe de la LHJMQ.


Gilles Courteau

Photo d’archive, Agence QMI

Puis, devant les journalistes, il a déclaré qu’un ancien membre de la ligue avait fait une déclaration sous serment dans le cadre du recours collectif, mais « il n’y a rien de sexuel dans ce qui est dit ». Ce qui était faux.

 
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