Conséquences des inondations et des fortes pluies

(Annonay) Dégagement de la boue et des débris : l’heure du nettoyage et du bilan des dégâts vendredi dans le Centre-Est, au lendemain d’une journée pluvieuse de violences “sans précédent” dans certaines zones de l’Ardèche.

Pauline de DIEU

Agence -Presse

“Les travaux à faire : c’est une montagne”, constate Aurélie Baïba, qui travaille dans un centre communautaire à Annonay, sous-préfecture de l’Ardèche, dont le centre a été submergé jeudi.

Depuis, l’eau s’est retirée et les passants marchent prudemment sur les monticules de boue. Balais à la main, les commerçants repoussent les branches d’arbres, tandis qu’une pelleteuse dégage la route.

L’alerte rouge « inondation » ou « pluie-inondation » a été levée dans les six départements concernés (Rhône, Loire, Haute-Loire, Ardèche, Lozère et Alpes-Maritimes), mais dix dans la moitié sud restent en alerte orange, selon à Météo-France.

Selon l’institut, cet épisode pluvieux, qui touchait encore « une grande partie de l’ancienne région Midi-Pyrénées » dans la matinée, devrait s’atténuer dans l’après-midi.

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FOTO ALAIN JOCARD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Crue de l’Yvette à côté des bâtiments suite à de fortes pluies à Gif-sur-Yvette, au sud de Paris, le 18 octobre 2024.

La France n’avait pas connu « un épisode d’une telle violence dans les Cévennes depuis 40 ans », a relevé le Premier ministre Michel Barnier. Les pompiers ont réalisé au total plus de 2.300 interventions et contribué à “sauver des vies humaines”, a-t-il ajouté.

Trois blessés légers ont été signalés. A Paris, un arbre est tombé sur une famille, dont le père n’a pas survécu, sans que le lien avec les intempéries ne soit formellement établi.

“En Ardèche, l’épisode d’hier a en effet été le plus intense jamais enregistré en deux jours depuis le début du XXe siècle”, a confirmé Météo France, qui a enregistré un niveau “sans précédent” de près de 700 mm dans le village de Meyres.

“Pagayer”

Un millier de personnes ont été évacuées et certaines ont passé la nuit dans des centres d’accueil ouverts par les autorités.

Achille, un Congolais de 57 ans, était hébergé dans le gymnase d’une école de Grigny, au sud de Lyon. « Ils se sont organisés pour nous donner des transats, des couvertures thermiques, de l’eau, des chips, tout ce qui pouvait amuser nos bouches », raconte ce demandeur d’asile qui demande l’anonymat.

La veille, il avait dû quitter son domicile, menacé par la crue du Gier. “Les pompiers sont venus nous chercher avec leurs embarcations improvisées, avec leurs pagaies.” Ce matin, “on nous a dit que l’eau s’était retirée”, mais il y a encore de la boue alors, en attendant que sa maison redevienne habitable, il attend dehors en profitant du retour du soleil.

Près de 3 000 pompiers et forces de l’ordre restaient mobilisés vendredi. Un hélicoptère de la gendarmerie effectue des vols de reconnaissance au-dessus des zones touchées par le sinistre pour évaluer les dégâts.

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FOTO ALAIN JOCARD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un millier de personnes ont été évacuées et certaines ont passé la nuit dans des centres d’accueil ouverts par les autorités.

A Annonay, Pierre-Laurent Barbe, assureur, est venu “faire le point” avec les commerçants du centre sur les dégâts subis, mais aussi “les réconforter”. “Ils essaient d’être positifs”, de se dire “on a eu de la chance, il n’y a eu aucun mort ni blessé”, rapporte-t-il.

Dans les magasins, tout le monde s’affaire à sélectionner ce qui peut être conservé. Les effets personnels et les objets boueux ont été sortis des locaux et déposés sur les trottoirs comme détritus.

Jérôme Odouard « a tout perdu » dans son atelier de joaillerie. « Les caves sont sous l’eau, on attend la pompe, puis il va falloir vider la boue… »

Le gouvernement déclarera l’état de catastrophe naturelle “dans les plus brefs délais”, ce qui permettra d’activer l’assurance, a assuré à France Info le ministre délégué chargé de la sécurité au quotidien, Nicolas Daragon.

“Eau boueuse”

Selon un bilan d’Enedis à la mi-journée, environ 4.000 foyers sont toujours privés d’électricité.

La veille des vacances de la Toussaint, les écoles n’ouvraient pas en Ardèche, dans 52 communes du Rhône et 39 de la Loire.

Le trafic ferroviaire a repris le long du littoral des Alpes-Maritimes, mais reste perturbé en Occitanie, notamment autour de Toulouse et entre Lyon et Saint-Etienne.

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FOTO JEFF PACHOUD, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des gens nettoient la boue des magasins et des rues, à Annonay, dans le centre de la France, le 18 octobre 2024, au lendemain des inondations qui ont frappé la ville.

L’autoroute A47 reste fermée à Givors, au sud de Lyon. Pomper l’eau « pourrait prendre beaucoup de temps. L’eau est boueuse de déchets. L’autre sujet est l’évacuation des véhicules puis le nettoyage et le contrôle des ouvrages et de la route”, explique la préfecture.

Le reste du pays, où les sols sont détrempés après un mois de septembre particulièrement pluvieux, a également souffert. Dans le sud des Yvelines, une cinquantaine de personnes ont dû être évacuées en pleine nuit.

En Eure-et-Loire, frappée la semaine dernière par la dépression de Kirk, certaines communes se sont retrouvées les pieds dans l’eau. “A Epernon nous avons trois rivières qui se rejoignent, au moins deux ont débordé”, explique Mathieu Ana, responsable de la communication de la commune. « C’est moins fort que la semaine dernière, mais comme tout est déjà attaqué… »

 
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