L’année 2023, la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, a une nouvelle fois battu un nouveau record : des scientifiques ont pu établir que l’été dans l’hémisphère nord a été le plus chaud depuis 2000 ans, selon une étude publiée mardi.
“2023 a représenté l’été le plus chaud de l’hémisphère nord extra-tropical au cours des 2000 dernières années”, ont écrit les auteurs mardi dans la revue “Nature”, après avoir pu reconstituer les températures passées pour les mois de juin à août.
“Pas surpris”
“Nous ne devrions pas être surpris”, a déclaré Jan Esper, professeur de climatologie à l’université Gutenberg de Mayence (Allemagne) et auteur principal de l’étude. “Pour moi, ce n’est que la continuation de ce que nous avons commencé en rejetant des gaz à effet de serre”, avec le recours massif aux énergies fossiles depuis l’ère industrielle, souligne-t-il.
Pour cette étude, les scientifiques ont utilisé les données des cernes des arbres pour estimer les températures avant qu’elles ne soient enregistrées par des instruments de mesure, entre 1850 et 1 après JC.
L’analyse des cernes de croissance – ces anneaux concentriques qui se dessinent au fil du temps au cœur de l’arbre – permet de reconstituer avec précision les conditions climatiques anciennes, selon une discipline appelée dendrochronologie.
Un demi-degré de plus qu’en 246
Il semble que la période estivale de 2023 ait été d’au moins un demi-degré Celsius plus chaude que l’été de 246, la plus chaude de cette période avant les enregistrements instrumentaux.
Ce chiffre tient compte d’une certaine marge d’incertitude pour les données passées. Sans cela, l’été 2023 serait encore 1,19°C plus chaud que celui de 246.
L’écart avec le passé se creuse encore davantage si l’on considère les années les plus froides, mettant en évidence le caractère exceptionnel du réchauffement récent. Ainsi, l’été 2023 a été près de 4°C plus chaud que l’été de 536 après JC, lorsque les températures ont plongé en raison d’une éruption volcanique.
Les seniors à risque
Les étés plus chauds ont aussi des conséquences sur la santé : dans une autre étude, également publiée mardi mais dans la revue « Nature Communications », des chercheurs ont établi que des dizaines de millions de personnes de plus de 69 ans seront exposées à des journées de chaleur extrême, dangereuses pour leur santé. , d’ici 2050.
Aujourd’hui, 14 % des seniors sont exposés à des journées où les thermomètres dépassent 37,5°C, ce qui peut aggraver de nombreux problèmes médicaux, voire entraîner la mort. Ce chiffre devrait atteindre 23 % en 2050, selon l’étude.
“Différents pays du monde sont confrontés à des problèmes similaires”, commente Giacomo Falchetta du Centre euro-méditerranéen sur le changement climatique à Venise, l’auteur principal. «Mais les niveaux de préparation, l’adaptabilité des personnes et de la société sont différents», note-t-il.
Le choc en Europe, le manque d’eau ailleurs
L’Europe, continent qui se réchauffe le plus rapidement, sera ainsi confrontée à un changement plus brutal, même si les gouvernements ont mis en place des mesures de soutien aux populations lors des canicules dans la plupart des pays.
Certaines régions d’Afrique et d’Asie sont déjà habituées aux températures extrêmes mais manquent au contraire de ressources – eau potable ou système de santé – pour aider les personnes âgées.
Même si le milieu du siècle peut paraître encore loin, Giacomo Falchetta souligne que parmi les personnes qui seront alors vulnérables à la chaleur, certaines ont aujourd’hui la quarantaine.
S’il est impossible d’empêcher le vieillissement de la population, le monde peut réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon d’ici 2050. « Cela peut réduire dans une certaine mesure l’exposition à la chaleur qui sera ressentie », insiste le chercheur. .
