c’est “le trophée qu’attendait” Benjamin Netanyahu, juge un spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient

c’est “le trophée qu’attendait” Benjamin Netanyahu, juge un spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient
c’est “le trophée qu’attendait” Benjamin Netanyahu, juge un spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient

De nombreuses questions se posent après la mort de Yahya Sinouar. Est-ce la fin du Hamas ? Est-ce la fin de la guerre ? Que va-t-il arriver aux otages ? Pour David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient, la mort de Yayha Sinouar est la fin d’une séquence de la guerre Hamas-Israël, mais pas la fin.

franceinfo : Que peut changer la mort de Yahya Sinouar dans la guerre en cours ?

David Rigoulet-Rosa : D’une certaine manière, un chapitre se referme, celui de la guerre à Gaza. Je dis d’une certaine manière, parce qu’il y a le problème des otages qui n’est pas résolu, il y a encore des otages détenus par le Hamas, mais incontestablement il était l’incarnation du Hamas et donc de ce point de vue, pour Benyamin Netanyahou, il constitue le trophée qu’il attendait. C’est aussi par rapport à ce qui s’est passé le 7 octobre 2023, à la fin de l’opération militaire lancée, même si tout n’est pas résolu puisqu’il y aura encore un successeur, probablement son frère Mohamed, dont il était très proche. Il aura probablement certaines responsabilités qu’il assumera après le décès de son fils aîné. Mais à part ça, il reste la question du lendemain, qui n’est pas encore formalisée et c’est là tout le problème.

Benjamin Netanyahu s’est félicité de la mort du leader du Hamas, mais a prévenu que cela ne signifiait pas la fin de la guerre dans la bande de Gaza. Pour quelles raisons dit-il cela ?

C’est très compliqué car, en effet, le 6 octobre, le chef d’état-major Herzi Halevi a déclaré que la branche militaire du Hamas avait été détruite, anéantie. Mais le Hamas en tant qu’organisation existe toujours, même dans sa branche militaire, certains groupes sont toujours actifs. On voit bien que les opérations militaires se poursuivent, même au Nord, au centre de l’enclave, la guerre n’est donc pas terminée.

“Il est probable que la disparition du leader emblématique aura des conséquences en termes d’organisation et peut-être une perte de combativité.”

David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS

sur franceinfo

Mais pour l’instant nous n’en sommes pas encore là. Et puis se pose la question des otages, on pensait que Yahya Sinouar était entouré d’otages en guise d’assurance vie, là, intéressant, il était visiblement accompagné de deux gardes du corps et il n’y avait pas d’otages autour de lui. Reste donc la question des otages : s’ils sont encore en vie, s’ils sont toujours dans les tunnels et s’ils sont en vie, s’ils supporteront probablement le fardeau de l’élimination du leader du Hamas.

Sa mort peut-elle être considérée comme un véritable coup dur pour le Hamas ?

On ne peut pas détruire une idéologie par le combat militaire. Sur le plan opérationnel, la structure politico-militaire du Hamas est en fait presque détruite. Mais pour l’essentiel, l’idéologie persiste. La question qui se pose donc comme alternative à cette idéologie est de savoir quelles sont les perspectives politiques, notamment pour la gouvernance de l’administration de l’enclave, qui se présenteront tôt ou tard. En fait, se pose la question d’un éventuel remplacement politique, et c’est pour l’instant un grand point d’interrogation.

Quand au Quai d’Orsay on dit que cette mort devrait permettre de tourner la page de la guerre à Gaza, est-ce, n’est-ce qu’une expression, car visiblement ce n’est pas l’intention du gouvernement israélien ?

On suppose que la guerre à Gaza était une séquence. C’était la première séquence d’une séquence beaucoup plus vaste. Nous le voyons clairement avec l’opération qui se déroule aujourd’hui au Liban. La stratégie israélienne, en tout cas aujourd’hui, est de faire exploser ce que nous appelons l’axe Wuqawama, c’est-à-dire la soi-disant résistance à Israël incarnée par les différents groupes, les différents mandataires de l’Iran. En toile de fond, le véritable enjeu concerne Téhéran. Nous y voyons très clairement, dans l’attente de la réponse israélienne, les enjeux qui sont évidemment sous-jacents.

 
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