un succès militaire, une opportunité politique

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un succès militaire, une opportunité politique

La mort de Yahya Sinouar, tué par l’armée israélienne dans le sud de Gaza, mercredi 17 octobre, met fin à une trajectoire synonyme de carnage et de désolation. Il est le dernier d’une longue liste de dirigeants du Hamas éliminés pour avoir choisi l’impasse de la lutte armée et du terrorisme.

Architecte des massacres de civils israéliens perpétrés le 7 octobre 2023, Sinouar aura multiplié les erreurs d’analyse. Son coup d’État, par sa barbarie, a uni temporairement une société israélienne qu’il pensait sur le point de se disloquer sous le poids de réelles divisions. Ses alliés s’en tiennent à une solidarité minimale, loin de l’embrasement régional qu’il appelle de ses vœux, même si le Hezbollah libanais a payé le prix fort : la décapitation de ses dirigeants. Le régime iranien a également subi des affronts, en Syrie et sur son sol, théâtre de l’assassinat d’un autre leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le 3 juillet.

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Pris dans la dérive meurtrière de Yahya Sinouar, et les atrocités commises le 7 octobre, ce sont pourtant les Palestiniens de Gaza qui ont payé le plus lourd tribut. Interdite à la presse internationale par Israël, l’étroite bande de territoire, étranglée depuis dix-sept ans par un indigne blocus, est ravagée comme jamais, depuis un an, par les bombardements de l’armée israélienne. Ces derniers ont tué des dizaines de milliers de civils et blessé des dizaines de milliers d’autres, même s’il est encore difficile d’évaluer cette tragédie sans précédent dans l’histoire déjà douloureuse du peuple palestinien.

“Le jour d’après”

Le succès militaire dont Israël et son Premier ministre Benjamin Netanyahu peuvent légitimement se targuer est remarquable, mais il ne saurait être suffisant. Un cessez-le-feu doit être instauré et les otages israéliens toujours détenus à Gaza doivent être restitués à leurs proches, alors que la diplomatie s’est jusqu’ici montrée plus efficace que la force pour obtenir la libération d’une grande partie d’entre eux, en novembre 2023.

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Surtout, Israël n’est toujours pas en mesure de présenter une vision politique crédible pour ce « jour d’après » qui se dessine. L’affaiblissement considérable des milices palestiniennes offre une opportunité à condition que l’Etat juif rompe avec l’unilatéralisme qui constitue un obstacle à la paix et aux droits légitimes des Palestiniens.

Ne changer aucun des paramètres qui ont conduit à cette année tragique est la garantie d’un prochain cycle de violence, toujours plus dévastateur, toujours plus sanglant. Il faut rappeler que les Palestiniens qui auront 18 ans en 2025 à Gaza n’ont connu que le joug islamiste du Hamas, la privation de liberté, la guerre et la décimation de leurs familles par l’armée israélienne.

La perpétuation du conflit est donc écrite si rien n’est fait. Il ne s’agit pas seulement de Gaza, une terre à l’agonie dont la reconstruction deviendra vite un cauchemar si aucune pression n’est exercée sur les autorités israéliennes pour dénouer le nœud qui l’étrangle. Une guerre tranquille a également lieu en Cisjordanie occupée, sur lesquels pèsent, plus que jamais, la colonisation israélienne et sa logique d’annexion. Elle est alimentée par l’aile suprémaciste et messianique de la coalition dirigée par Benjamin Netanyahu. Le désengagement international, sur une décennie, a produit ce que nous savons. Il est donc urgent de sortir d’une attitude attentiste qui n’a profité qu’aux extrêmes.

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