Coups, humiliations, famine… Révélations sur la torture d’un Américain de soixante-dix ans détenu en Russie

Coups, humiliations, famine… Révélations sur la torture d’un Américain de soixante-dix ans détenu en Russie
Coups, humiliations, famine… Révélations sur la torture d’un Américain de soixante-dix ans détenu en Russie

Il subit la même épreuve que ses compagnons d’infortune ukrainiens. Battu, humilié, affamé par les gardes… Stephen Hubbard, un Américain de soixante-dix ans détenu au secret et condamné en octobre à Moscou pour « mercenariat » au profit de Kiev, vit une véritable épreuve en détention en Russie, selon le soldat ukrainien Igor Chychko. Ce dernier a été libéré lors d’un échange en mai 2024, après avoir été fait prisonnier en mai 2022.

Lors de deux entretiens avec l’AFP, cet ancien prisonnier des prisons russes témoigne des sévices subis par les prisonniers de guerre, et l’Américain de 72 ans capturé par l’armée en avril 2022 ne fait pas exception. Les États-Unis affirment ne disposer que d’informations « limitées » sur son cas en raison du refus de coopération de Moscou. Il a comparu devant le tribunal début octobre, frêle, pâle et ayant des difficultés à se déplacer.

Les autorités russes, seules à pouvoir le faire, n’ont pas répondu aux questions de l’AFP et n’ont donc pas confirmé que les deux hommes étaient détenus ensemble. Mais de nombreux autres prisonniers ont déclaré avoir subi des mauvais traitements similaires à ceux rapportés par Igor Chychko.

Matraques et décharges électriques

« Ils le battaient tout le temps, comme nous tous », dit-il. « Ils l’ont frappé avec des bâtons, des matraques et des coups de pied. Ils l’ont attaqué avec des chiens, […] ils le faisaient courir, ils ne le nourrissaient pas, ils le faisaient ramper dans les couloirs”, explique-t-il encore.

Les gardiens de Novozybkov ont « délibérément » frappé les organes génitaux des détenus, a-t-il expliqué, et forcé les prisonniers, dont Stephen Hubbard, à « simuler » des actes sexuels entre eux pour les humilier. Igor Chychko raconte que le septuagénaire, avec qui il communiquait du mieux qu’il pouvait en anglais, lui avait confié avoir été torturé à coups de « décharges électriques ».

Ces abus se seraient produits lors d’interrogatoires dont l’Ukrainien n’a pas été témoin, mais l’ex-détenu souligne que les tortures n’étaient pas exceptionnelles, révélant les cicatrices sur ses mains et son appareil auditif, l’ex-détenu ayant ainsi partiellement perdu l’audition des coups. . En octobre, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a accusé la Russie de recours « généralisé et systématique » à la torture contre les prisonniers de guerre ukrainiens.

« Docteur de la mort »

Autre instrument de torture : la faim. Selon le soldat ukrainien, ils étaient délibérément mal nourris et privés de repas en cas d’indiscipline. Mais Stephen Hubbard « n’a pas fait ce qu’on lui disait » de faire, affirme Igor Chychko. A Pakino, « les conditions étaient terribles. Je ne savais pas que les gens étaient ballonnés à cause de la faim. Et puis nous avons tous commencé à enfler et diverses pourritures sont apparues.

Stephen Hubbard aurait également été soumis à des mauvais traitements de la part d’un médecin surnommé « Docteur Death » en raison de sa cruauté. Pour « guérir » la gale, cet homme obligeait les détenus, dont Stephen Hubbard, à rester nus dans des pièces « froides et humides » pour des séjours pouvant durer plusieurs semaines. Et Stephen Hubbard a demandé à contacter sa famille, les autorités américaines ou encore ukrainiennes, raconte le soldat. Il ne comprenait pas pourquoi les États-Unis ne parvenaient pas à « le sortir de là ».

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Igor Chychko raconte avoir entendu des gardiens de prison, voyant son état, s’inquiéter du scandale qui pourrait entraîner la mort d’un Américain dans une prison russe. L’ancien prisonnier ukrainien a retrouvé sa femme et ses trois enfants, mais vit avec des conséquences psychologiques et physiques. Aujourd’hui, il souhaite que son compagnon américain puisse rentrer chez lui et raconter lui-même son histoire. Selon Igor Chychko, Stephen Hubbard ne pourra pas « tenir » longtemps physiquement et mentalement. A ce stade, il est déjà « entre la vie et la mort ».

 
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