40 ans après les événements, les habitants de Lépanges en ont « ras-le-bol »

40 ans après les événements, les habitants de Lépanges en ont « ras-le-bol »
40 ans après les événements, les habitants de Lépanges en ont « ras-le-bol »

“Ces mots ne servent à rien”» peste Danielle Didier, membre d’un collectif qui milite pour changer l’image de Lépanges. Dans le cahier, « Les gens devraient simplement parler de l’Église. Ni de l’affaire, ni de Gregory, ni du cimetière.

« Dépossédés » de leur village

Au quotidien, “on n’en parle pas” assure une habitante qui promène son fils en poussette et qui ne souhaite pas donner son identité.

“Il faut laisser l’eau couler sous les ponts”ajoute Adrien Michel, 37 ans, installé ici il y a trois ans pour la « tranquillité » de la commune. Il vient de déposer sa fille à l’école maternelle du village, parmi des dizaines d’autres enfants.

Désormais, le village vit paisiblement, et ce jour dramatique est bien loin, sauf lorsque Vosges Matin, le journal local, publie un article relatif à l’affaire : « Les gens le lisent et en parlent »dit un commerçant.

Au « Bistrot », le café-restaurant de Lépanges, un historien, un correspondant de presse locale et un conseiller municipal proposent de découvrir « autre chose » sur ce village qu’ils « aiment » et qui est « plus que l’affaire Grégory », comme le souligne Cédric Prévot, l’historien, dit. A l’image de ses « 17 entreprises, 30 associations », sa « tranquillité »…

Le choix du lieu n’est pas anodin : en octobre 1984 et durant les mois qui suivent, les habitants de Lépange sont « dépossédés » de ce restaurant, où la rédaction avait élu domicile.

A midi, des dizaines d’ouvriers y déjeunent. A la gare, les trains ne s’arrêtent plus, mais des bus transportent les habitants vers leur travail à Épinal ou Rambervillers.

Le boucher, qui est là depuis 20 ans, en a « marre » d’être interrogé sur l’affaire, et dit donner la même réponse, un brin agacé, à tous les journalistes qui entrent dans son commerce.

Tourner la page

Certainement, “Il s’est passé quelque chose de terrible, un véritable drame, un traumatisme pour le village, et notre initiative n’est absolument pas de prendre position contre l’affaire Grégory, contre son traitement journalistique, ni contre les victimes”assures Cédric Prévot.

Mais pour les habitants de Lépanges, la curiosité morbide n’est pas la bienvenue, d’autant que c’est à Docelles, à six kilomètres de là, que le corps de l’enfant a été retrouvé.

Propriétaire d’une maison à Docelles depuis une vingtaine d’années, Jean-Michel Boucaud affirme n’avoir “jamais entendu personne parler de l’affaire” dans ce village. “J’ai entendu dire qu’ils avaient trouvé le corps ici” avec la série Netflix sur l’affaire sortie en 2019, précise-t-il. « Les gens étaient un peu dégoûtés. Ils ne veulent plus en entendre parler.

Docelles est cependant moins évoquée, notamment dans les médias, que Lépanges, connue jusqu’au Canada, selon un habitant d’un village voisin.

À Lépanges, « il n’y a pas seulement le quarantième anniversaire de l’affaire Grégory, il y a aussi le centenaire de deux tableaux présents dans l’église, inscrits au patrimoine depuis 2008 »explains Cédric Prévot.

Autant « patrimoine ou richesse culturelle » que le collectif souhaite mettre en avant, loin de “tous les fantasmes” lié à l’affaire Grégory.

 
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