Les raisons sont multiples : le PS (PSD@, en l’occurrence) en prend un coup et perd sa majorité absolue. Histoire! Mais même si PS et MR acceptent de reconduire leur coalition vieille de 18 ans, le maire sortant ne sera au mieux qu’échevin, puisqu’il n’a signé que le 3e score de sa liste (1 672 voix de préférence), très loin derrière Vincent Sampaoli. (2 278) et Benjamin Costantini (2 175).
La journée du maire Claude Eerdekens dans notre vidéo en tête de cet article.
Une longue journée de doute
Lorsque nous l’avons retrouvé au bureau de vote du Centre Culturel, vers 8 heures du matin, Claude Eerdekens n’imaginait pas encore la journée contrastée qu’il allait vivre. Grand manteau en laine, chapeau à larges bords, qui projette une ombre protectrice sur ses yeux, le maire se rend au bureau de vote n°4.
«Eerdekens Claude»la voix de l’évaluateur, Pascal Degée, résonne comme chez chaque participant. Ici, le maire est un électeur comme les autres. Après quelques brefs instants dans l’isoloir, il en ressort, serein, glisse ses deux bulletins dans les urnes en toile noire. Un évaluateur nous dira, en souriant, qu’elles ressemblent à des urnes funéraires. Un mauvais présage. Quelques poignées de main et encouragements à l’équipe, et le voilà, devoir accompli.
Nous en profitons pour échanger quelques mots sur ses impressions. Rapidement, il se détourne. Un collègue de Bouké s’est démarqué lors de notre entretien. Il refuse de lui parler. Claude Eerdekens n’apprécie pas qu’on le compare à un parrain dans une bande-annonce de télévision locale. Une plainte a été déposée. Première tension de la journée.
On le retrouve un peu plus loin. Apaisé. Il nous dit que s’il est élu, il n’atteindra pas la fin de la législature. Trois ans comme maire, puis il passera le relais à son héritier présomptif. Mais c’était avant.
Avant que les résultats ne tombent et mettent à mal ses projets de fin de carrière apaisée.
Absent du bureau
Claude Eerdekens a travaillé toute la matinée. “Dossiers à suivre, j’ai eu un appel vendredi, quelques lettres à dicter pour apporter une aide administrative.” Une journée comme les autres, dédiée au travail.
En fin d’après-midi, la tension est palpable au sein du bureau du parti, Promenade des Ours. Les premiers résultats commencent à tomber. Les projets PSD@ s’essoufflent. Vincent Sampaoli, tête de liste, est tendu, les yeux rivés sur son téléphone.
Claude Eerdekens est absent. Tout simplement. On ne sait pas vraiment où il se trouve. Chez lui ? A la mairie ? Personne ne le sait.
Vers 18h30, nous l’avons finalement retrouvé dans le hall de la mairie. Un seul bureau a été supprimé. Sur 11. Les résultats sont pour le moins inégaux. Mais la tendance se dessine déjà. “Nous sommes toujours la première force à Andenne, même si la liste des 5300 nous a enlevé des voix. L’ADN est en déclin. Le MR progresse.
Déjà sur ses gardes, il vante les 18 années de collaboration avec le MR. En 2006, bien qu’il dispose toujours de la majorité absolue, Claude Eerdekens décide de l’ouvrir au parti de droite. Ni lui ni les observateurs de l’époque n’auraient pu imaginer que, 18 ans plus tard, cette ouverture serait peut-être finalement fatale.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Même si les contacts ont été nombreux dès les premiers résultats connus ce dimanche soir, aucune coalition ne s’est encore dégagée à ce jour. Pas même ce lundi matin.
Ambiance cosy à l’Andenne Arena
La soirée PSD@ se poursuit, comme convenu. Les candidats et leurs supporters se retrouvent à la cafétéria de l’Andenne Arena, le centre sportif de la ville, une des grandes réussites de l’équipe du maire.
Ils sont déjà nombreux, la salle est presque pleine. Il y a des chuchotements dans tous les coins. On ne dit vraiment rien. Les résultats ne sont pas ceux attendus. La liste était certes à un tournant de son histoire, avec Claude Eerdekens en dernière position, pour pousser plutôt que tirer. Mais de là à imaginer que la majorité absolue, en place depuis la fusion des communes, vacillerait. Personne n’y avait vraiment pensé. Et pourtant. La réalité des chiffres est là : le PSD@ ne dépassera même pas les 40 % des voix. Terrible désillusion.
Dernier discours ?
20h30, Claude Eerdekens fait son entrée plutôt discrète dans la grande salle. Quelques-uns l’ont repéré et l’ont applaudi. Chaleureusement. On sait déjà que le vieil ours devra céder sa place.
Signe clair, ce n’est pas lui qui parle le premier, mais son premier échevin, Vincent Sampaoli. Pour lui rendre un vibrant hommage. Pour exprimer son indignation, face à une campagne qu’il juge indigne. Pour remercier l’homme qui a tant fait pour sa ville.
Claude Eerdekens prend alors le micro. On pourrait le croire secoué, au bord des larmes ? Mais non. Il reste stoïque. Pas de larmes. Pas de pathétique. Les faits. Juste les faits. Et la cruelle réalité des chiffres. L’émotion est toujours palpable.
Il remercie surtout son équipe, ses supporters. Puis il rappelle ses projets. « Si nous sommes renvoyés dans un collège par accord majoritaire, je pourrai accompagner l’équipe dans un certain délai. Et la prochaine fois, en 2030, je ne serai plus là. Je serai à vos côtés, parmi les supporters. “ Les choses sont claires. Il réitèrera une nouvelle fois tout son amour pour sa ville, pour ses supporters. Puis il se retirera. Ici comme ailleurs. Clap de fin sur la carrière d’un des derniers dinosaures de la vie politique belge.