jeRécemment, dans le cours de politique étrangère américaine que j’enseigne à Sciences Po, j’ai demandé à un étudiant lituanien ce qui se passerait si Donald Trump, réélu, décidait de quitter l’OTAN. Elle m’a regardé droit dans les yeux et m’a répondu sans hésiter : « Les Russes envahiraient mon pays. » Si, le mois prochain, le candidat républicain était réélu président des États-Unis, je ne suis pas sûr que la Russie envahirait immédiatement l’Union européenne, mais je suis convaincu que les conséquences pour l’Europe seraient terribles.
A l’heure actuelle, personne ne peut dire avec certitude le nom du prochain président américain. Les sondages sont serrés, surtout en États swingcette poignée d’Etats qui peuvent faire basculer l’élection présidentielle du 5 novembre d’un côté ou de l’autre. Il est donc tout à fait possible que Donald Trump sorte vainqueur des urnes. Si tel est le cas, les Européens sentiront le vent tourner.
Le premier mandat de Trump nous a donné un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l’avenir. Cela dit, je pense que son premier gouvernement n’était rien d’autre qu’une répétition générale quelque peu chaotique de ce qui pourrait arriver ensuite. Cette fois, l’impact de sa politique risque d’être d’une tout autre ampleur. Comment une nouvelle présidence Trump changerait-elle votre monde ?
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Premièrement, en matière de sécurité, l’Europe devrait se passer des garanties américaines. Trump a toujours été un critique virulent à l’égard de l’OTAN : lors d’un second mandat, il reverrait sans doute en profondeur les engagements américains en matière de sécurité transatlantique. Il n’y aura peut-être pas de retrait total de l’OTAN, du moins pas dans l’immédiat, mais il est presque certain que Trump modifierait le positionnement des forces armées américaines. au sein de l’OTAN. Le think tank Center for Renewing America, lié à Trump, plaidait, en 2023, en faveur d’une « L’OTAN endormie »un concept qui semble avoir le vent en poupe dans les cercles politiques républicains.
Critique du libre-échange
Dans le scénario d’un « L’OTAN endormie »le parapluie nucléaire américain resterait en place, ainsi que certaines forces aériennes et navales présentes sur le théâtre européen. Pour le reste, les troupes terrestres américaines partiraient et l’Europe se retrouverait largement seule face aux menaces militaires. Pire : Donald Trump mettrait à mal la coordination politique indispensable au sein de l’Otan. Le consensus transatlantique entre les démocraties occidentales sur les questions de sécurité pourrait bien être menacé. Les conseillers politiques de Trump promeuvent l’idée de l’OTAN “à deux vitesses”dans lequel les États-Unis garantiraient uniquement la sécurité des pays qui « payer leur juste part ».
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