« Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée », interpelle un coiffeur

Ces derniers mois, les coupures d’électricité sont devenues de plus en plus fréquentes à Ouagadougou. Les ateliers de coiffure et de soudure, comme de nombreux autres secteurs d’activité, s’annoncent moroses. Nous avons visité quelques endroits du secteur informel pour voir leurs expériences quotidiennes. Dans certains ateliers, il y a un blocage total, dans d’autres, il existe des alternatives pour continuer à fonctionner. “Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée”, a déclaré un coiffeur.

Il était à peine 10 heures du matin ce mercredi 8 mai 2024 à Ouagadougou, dans la commune n°1. 3, quartier Tampouy. Issa Kaboré, assis sur une chaise en fer, avait à ses côtés son collègue allongé sur un banc devant leur salon de coiffure, situé à 100 mètres du rond-point de la Jeunesse. En raison de la coupure de courant survenue une heure plus tôt, les deux coiffeurs se contentent de constater le vide. Celui allongé sur le banc refuse tout commentaire. “Je ne vais pas parler pour avoir des problèmes”, s’est-il justifié. Mais l’autre nommé Issa Kaboré accepte d’échanger avec nous mais pose ses conditions. «Je ne veux pas qu’on me filme», objecte-t-il. Et les échanges commencent.

Pour le soudeur Soumaïla Traoré, la situation n’a pas trop de conséquences sur son activité

L’inquiétude se voit sur le visage et dans les mots. « À cause du délestage, nous ne pouvons pas travailler. En même temps, le bailleur ne va pas toucher son dû parce que nous n’avons pas travaillé à cause des coupures d’électricité”, a-t-il déclaré, la voix presque coupée. Il s’interroge sur leur fin de mois. « Payer le propriétaire et l’électricité alors qu’on n’a pas eu trop de travaux, ça ne va pas être facile », s’inquiète-t-il. Pour lui, la compagnie nationale d’électricité doit tenir compte de ces réductions dans les prochaines factures pour rendre justice à ses clients. « Que les factures d’électricité soient proportionnelles à l’énergie consommée » espère-t-il. Même s’il reconnaît qu’il y a eu des compressions dans le passé, il estime que la situation s’est aggravée. C’est pourquoi, dit-il, les conséquences sont énormes. Avant, poursuit-il, on pouvait avoir au maximum 50 clients par jour. Mais avec ce printemps de délestage, déplore-t-il, on peut à peine en avoir dix.

À LIRE : Ouagadougou : Quand les élèves en classe d’examen doivent composer avec l’obscurité

Mais les réalités des ateliers de coiffure pour hommes diffèrent selon les investissements des propriétaires. Théodore Doussou possède également un atelier de coiffure. Confrontée à des coupures d’électricité intempestives, elle s’est équipée de panneaux solaires pour continuer à fonctionner à plein temps. Lorsque nous sommes arrivés chez lui vers 11 heures du matin, l’électricité était toujours disponible, mais il n’y avait aucun client. Pour ce jeune coiffeur entré dans le métier il y a six ans, les coupures d’électricité lui ont causé d’énormes pertes en termes de revenus. Pour répondre à ce défi énergétique et fidéliser ses clients qui fuient vers les ateliers où l’énergie solaire est fournie, il a également décidé de s’équiper de panneaux solaires. « À cause des coupures, j’ai acheté des panneaux solaires pour survivre », confie-t-il. « Nous pourrions rester assis presque une journée sans électricité », se souvient-il encore. L’achat de panneaux solaires pour alimenter son atelier répondait à une nécessité car les clients se dirigeaient vers d’autres ateliers de coiffure où il y a de l’énergie solaire, explique-t-il. Pour rivaliser avec la concurrence, il a également décidé de se procurer de l’énergie solaire. Pour l’instant, tout va bien, a-t-il conclu, avant de se retirer dans l’atelier voisin pour discuter en attendant l’arrivée du premier client de la journée.

Théodore Doussou regrette les coupures d’électricité récurrentes

A Tampouy, nous avons également rencontré Soumaïla Traoré, soudeuse. Alors que les coiffeurs se plaignent des conséquences des coupes sur leurs activités, chez eux, les choses ne sont pas alarmantes, car la situation est générale. « Comme je connais l’état du pays, les coupes ne nous dérangent pas puisque nous travaillons le fer. Nous reconnaissons que ce n’est pas facile mais nous n’en ressentons pas vraiment les conséquences sur notre activité. Pour lui, la particularité de son activité réside dans la matière avec laquelle il travaille. “Ce n’est pas un réfrigérateur dans lequel nous avons de la nourriture ou des jus qui peuvent se gâter”, a-t-il déclaré. “Même les clients comprennent puisqu’ils sont eux aussi victimes de la situation”, a-t-il conclu.

Serge Ika Ki

Lefaso.net

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Boeing va lancer deux astronautes de la NASA dans son tout premier vol spatial habité
NEXT Glucksmann appelle « tous les démocrates sincères » à vaincre Macron