Le parti est au bord de l’implosion, un mal récurrent qui a balayé les précédentes tentatives de structuration d’une offre d’extrême droite dans le sud du pays. Comme Le Libre avait pu l’expliquer, une trentaine de membres de Chez Nous ont voté cet été le limogeage de l’actuel président, Jérôme Munier (ancien cadre du Parti populaire de Mischaël Modrikamen). Derrière ce petit coup d’État, on retrouve Salvatore Nicotra, conseiller municipal à Fleurus (Hainaut) et ancien député d’Agir. Ce dernier estime représenter désormais légitimement la formation.
Le parti d’extrême droite « Chez Nous » est au bord de l’implosion
Seulement deux listes complètes
Ces divisions surviennent au pire moment. La formation recevra une nouvelle gifle lors des élections municipales et provinciales du 13 octobre. En effet, Chez Nous ne dispose de listes que dans… six communes du sud du pays (sur 262). “Il paraît que Chez Nous est en grande difficultéconfirme Benjamin Biard, chercheur au Centre d’études et d’informations sociopolitiques (Crisp) et spécialiste de l’extrême droite. Parmi les six listes déposées en Wallonie, seules deux sont complètes : à Mouscron et Fleurus, dans le Hainaut. C’est extrêmement faible. Les quatre autres communes couvertes par Chez Nous ne le sont que par des listes incomplètes : Couvin, en Namurois ; Amay et Liège en province de Liège ; Momignies dans le Hainaut. L’extrême droite wallonne est plus que jamais en difficulté à l’aube des élections locales. Chez Nous disparaît.“
À qui profitera ce déclin de Chez Nous ? Au MR ? Au PTB ? “Tout dépend de la commune examinéenuance le politologue. En 2018, lors des dernières élections locales, il n’y avait déjà pas beaucoup de listes d’extrême droite. Certains votes de protestation pourraient revenir au PTB, même si le parti a également présenté un nombre limité de listes. Le PTB n’a pas déposé de liste à Dison par exemple, où l’extrême droite est potentiellement forte. Données importantes pour estimer les transferts de voix : basées sur l’enquête à la sortie du scrutin Cévipol (Centre d’études de la vie politique de l’ULB) en juin dernier, il apparaît qu’un grand nombre d’électeurs ayant voté pour le PP ou pour le Listes Destexhe en 2019 s’est tourné vers le MR lors des dernières élections, à 64,2 %.“
La clé Imperiali, ce calcul qui pousse à former des cartels aux élections municipales : « Plus vous êtes grand au moment du vote, plus c’est avantageux »
Les provinciaux ? Pas mieux…
Au niveau provincial, Chez Nous ne brillera pas beaucoup plus que dans les municipalités. Ici aussi, l’extrême droite est quasiment absente, signe de sa déstructuration. “Le parti n’a soumis des listes que dans cinq circonscriptions électoralesspecifies Benjamin Biard. Parmi ces listes, là encore, seules deux sont complètes : à La Louvière et à Tournai. Chez Nous présente trois incomplets à Huy, Liège et Namur.« Une liste incomplète indique que le parti n’a pas été en mesure de rassembler le nombre de candidats qu’il aurait pu présenter dans une circonscription donnée.