“J’avais l’impression que j’allais mourir”, confie Mazarine, la fille cachée de Mitterrand

“J’avais l’impression que j’allais mourir”, confie Mazarine, la fille cachée de Mitterrand
“J’avais l’impression que j’allais mourir”, confie Mazarine, la fille cachée de Mitterrand

Il y a près de 30 ans, le 10 novembre 1994, la France et le monde découvraient l’existence de Mazarine Pingeot, la fille cachée du président Mitterrand. Après l’avoir caché pendant 20 ans, l’ancien président a laissé publier à la Une de Paris Match une photo les montrant sortant d’un restaurant. Ces jours-ci, celle que toute la France appelle Mazarine publie un livre, 11 quai Branly, du nom de l’adresse où elle a vécu cachée pendant des années.

Je me souviens très bien du 10 novembre 1994. Le rédacteur en chef de bel RTL m’a appelé à 5 heures du matin pour m’annoncer la nouvelle : « Mitterrand a une fille cachée ! Tu dois faire ton papier ce matin sur ce scoop ». Et je lui ai répondu : « Quel scoop ? Tout le monde le sait. Et c’est vrai que dans le microcosme journalistique parisien, tout le monde le savait. Mais, à l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas et les opinions privées des puissants étaient respectées. C’est mon ami et mon maître, le grand éditorialiste Philippe Alexandre, qui m’a informé. Il a même fait une allusion codée dans un de ses livres, évoquant un enfant morganatique du président.

La légende raconte que Mazarine, petite fille, écrivit sur sa fiche le premier jour d’école : profession de parents, Président de la République. Envoyé chez le directeur pour insolence, ce dernier a dû libérer l’enseignant. Non, cette petite fille n’a pas menti. C’est vrai. Ainsi dès novembre 1994, tous les Français le savaient car le président, très malade, avait décidé de lever le voile avant sa mort.

Je me suis évanoui au point de devenir invisible pour moi-même

Née en 1974, de l’amour de François Mitterrand et d’une conservatrice de musée, Anne Pingeot, Mazarine a vécu de 9 à 16 ans, 11 quai Branly, dans ce qu’on appelle le Palais de l’Alma, anciennes écuries de Napoléon III, transformées en appartements officiels pour le personnel de l’Elysée. François Mitterrand, qui habitait officiellement encore avec son épouse Danielle, y venait presque tous les soirs.

Mais bien que très aimé, Mazarine supportait mal cette fausse vie de famille. « Je n’habitais pas quai Branly et pourtant j’y habitais. Je me suis évanoui au point de devenir invisible à mes yeux », a-t-elle déclaré à Paris Match. D’où ce livre, son quinzième, consacré à cette époque qui l’a marquée à vie.

Elle raconte qu’à 16 ans, elle a préféré partir se réfugier chez ses grands-parents en province. “Je suis parti parce que j’avais l’impression que j’allais mourir.” Plus tard, à 20 ans, lorsque son existence fut révélée, elle subit un choc. «Je n’ai pas changé par rapport aux autres. J’ai changé à l’intérieur de moi. Tout ce qui m’avait constitué n’existait plus. Le secret était un statut ontologique. Il n’y avait plus de secret, plus de silence ».

Brillante étudiante, docteur en philosophie, elle devient professeur, puis écrivain. Aujourd’hui âgée de 49 ans, mère de trois enfants, elle peut désormais regarder son passé en face. Même si pour les Français, elle restera à jamais l’enfant cachée du quai Branly.

Mazarine Pingeot François Mitterand France

 
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