Romain Rouillard / Crédit photo : Amir Levy / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
5h30, le 7 octobre 2024
Combien en reste-t-il ? Sont-ils encore en vie ? Et dans quel état de santé ? Un an jour pour jour après leur enlèvement par les terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, les otages détenus dans l’enfer de la bande de Gaza peinent à entrevoir le bout de leur sordide tunnel. A ce jour, ils sont encore 101, selon l’armée israélienne, à être détenus en captivité dans l’enclave palestinienne. Mais selon Benjamin Netanyahu, le Premier ministre de l’Etat hébreu, seuls 50 d’entre eux sont encore en vie alors que Tsahal fait état, jusqu’à présent, de 64 prisonniers encore en vie.
Ces dernières semaines, l’explosion des téléavertisseurs du Hezbollah suivie de l’élimination de Hassan Nasrallah, chef du mouvement terroriste libanais, a déplacé l’épicentre du conflit vers le nord d’Israël et sa frontière avec le Liban. Un affrontement avec la branche armée iranienne dans la région qui conduit inévitablement à une escalade avec Téhéran.
Arbitrages à effectuer
Le régime des mollahs n’a pas tardé à réagir en faisant pleuvoir 200 missiles balistiques sur l’Etat hébreu mardi dernier, obligeant la population à se réfugier dans des abris. Autant d’événements qui semblent assombrir encore davantage l’avenir des otages retenus dans le sud, à Gaza. Lors d’une conférence de presse à Londres, les familles des otages britanniques ont déploré « l’échec lamentable de la diplomatie internationale » à parvenir à un accord et ont craint que la lutte contre le Hezbollah ne « détourne l’attention de ce qui est le plus important, à savoir la libération des otages ». Il y a pourtant un mois, le président américain Joe Biden assurait que les négociateurs étaient « très proches » d’annoncer un accord pour une libération.
Malheureusement, selon le géopolitiste Gérard Vespierre, Israël doit désormais procéder à des arbitrages « douloureux » entre les otages retenus à Gaza – une centaine – et les 70 000 déplacés du nord d’Israël, contraints de quitter leurs foyers pour éviter les tirs quasi quotidiens du Hezbollah. depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne. « Les deux choix s’opposent, on ne peut pas faire ‘en même temps’ », souligne le chercheur associé à la FEMO (Middle East Studies Foundation).
“La porte n’est pas fermée”
Benjamin Netanyahu a estimé que l’élimination de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, pourrait au contraire « avancer » le retour des otages, dans la mesure où un tel coup porté au mouvement chiite obligerait le Hamas à assouplir sa position. Peu convaincu, Gérard Vespierre juge peu probable que le mouvement terroriste palestinien accepte de négocier un accord avec l’Etat hébreu, au moment où ce dernier intensifie la bataille avec l’Iran, soutien financier de longue date du Hamas.
Si le retour à la liberté de ces otages à court terme se fait de plus en plus lointain, le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef du magazine Défense nationale, veut néanmoins croire que « la porte n’est pas fermée ». « Le Nouvel An juif ainsi que la commémoration du 7 octobre remettront sur le devant de la scène la question des otages, car les familles s’exprimeront. Et le gouvernement devra réagir quelque chose », poursuit le militaire. Et Gérard Vespierre de conclure : « La situation actuelle avec le Hezbollah ne va pas durer très longtemps, car les 70 000 Israéliens déplacés doivent pouvoir rentrer chez eux. Je dirais jusqu’à la fin de l’année maximum. Et à ce moment-là – là, dans un deuxième temps, nous pourrons nous intéresser à nouveau à la question des otages à Gaza.»