► Un destin flamboyant
Sarah Bernhardt a vécu mille vies, dont on ne retient souvent que la flamboyance. On l’a compris : l’actrice était libre, indépendante, adorée. Grande amoureuse, elle a su s’émanciper de la domination des hommes, dans une France corsetée par les hiérarchies et le patriarcat. Pourtant, la pièce de Géraldine Martineau a l’art d’aller plus loin que le mythe, rappelant qu’elle était aussi un personnage complexe, ambivalent, douloureux. Le destin fut cruel envers cette fille de demi-mondaine, déchirée par la mort prématurée de sa sœur Régina, amputée d’une jambe à la fin de sa vie…
► Une joyeuse troupe de comédiens
Comme ils sont délicieux les personnages de ce début de siècle entre Second Empire et Belle Époque, portés par une excellente distribution d’acteurs. Derrière une Sarah Bernhardt charismatique, drôle, parfois déchirante interprétée par Estelle Meyer, on retrouve avec délice Madame Guérard, l’ange gardien du « monstre sacré », son fils Maurice, ses sœurs, mais aussi Victor Hugo, George Sand, Sacha Guitry… Un tourbillon de personnages attachants.
► Un hommage au théâtre
A travers une mise en abyme réussie, la pièce célèbre le théâtre et tout ce que la scène apporte dans son sillage : la liberté, les liens d’affection, la joie. Le spectacle vibre de ses couleurs, de son souffle, de ses personnages qui virevoltent, au son d’un violoncelle et d’une clarinette… Au point qu’on perd ses repères : sommes-nous en 2024 ? Ou en 1900, face à L’Aiglon, interprété par Sarah Bernhardt absorbée par les vers de son cher Edmond Rostand. Magnifique, dans l’uniforme blanc du fils déchu de Napoléon.
Jusqu’au 31 décembre au Théâtre du Palais-Royal à Paris, écrit et mis en scène par Géraldine Martineau, avec Estelle Meyer, durée : 1 heure 45 minutes. Réservation sur : theatrepalaisroyal.com
