Le benjamin de la famille Langlois soutient que l’hôtel Coulibri Ridge Resort n’a été fermé que «pendant 24 heures», alors que lui et les employés de l’hôtel ont trouvé accès au système de réservation de l’établissement aux douze suites.
« Mon frère était très secret et c’était sa compagne, Dominique, qui s’occupait de toute l’administration. Donc, c’était assez complexe d’accéder au système et aux mots de passe, on était un moment en mode panique», explique Normand Langlois, arrivé sur place peu après les tristes événements.
L’homme d’affaires et philanthrope québécois Daniel Langlois a ouvert en 2022 cet hôtel luxueux et quasi-autosuffisant sur l’île de la Dominique, aux Antilles. En décembre 2023, lui et sa compagne décèdent dans des circonstances tragiques. Leurs corps ont été retrouvés dans un véhicule incendié.
Jonathan Lehrer, un voisin de l’hôtel, et son ami Robert Thomas Snider, ont été inculpés des meurtres et restent derrière les barreaux en attendant leur procès.
Actuellement sur place à la Dominique, Normand Langlois s’occupe de la succession de son frère et de la continuité de l’hôtel, indique-t-il en entrevue avec Soleil.
Une retraite avortée
Le frère cadet de Daniel Langlois a été très impliqué dans le projet rêvé de l’homme d’affaires qui a mis près de 25 ans à se réaliser. En 2005, Normand Langlois s’installe à la Dominique pour participer au projet Coulibri Ridge Resort.
«J’ai vécu à la Dominique pendant 17 ans, j’étais donc la personne idéale pour venir là-bas et m’occuper de la succession de Daniel.»
— Normand Langlois, frère de l’homme d’affaires Daniel Langlois
Ce dernier avait pourtant prévu prendre sa retraite en 2022, mais les événements tragiques entourant le décès de son frère et de sa compagne, Dominique Marchand, ont contrecarré ses projets.
« Il y a encore une quarantaine de salariés qui travaillent ici, donc il y avait aussi des emplois en jeu. En deux jours, nous avons pris la décision qu’il fallait continuer et nous ne lâchons pas», soutient Normand Langlois.
Les deux autres frères de la famille Langlois, quant à eux, s’occupaient de la succession de Daniel à Québec. Un jugement déclarant le décès de Daniel a été rendu par un juge, ce qui a permis à la famille de procéder à la liquidation des nombreux actifs appartenant à l’homme d’affaires à Montréal.
Pas d’acte de décès
Du côté de la Dominique, le travail de succession est toutefois « loin d’être terminé », souligne Normand Langlois. Près d’un an après le décès de son frère et de sa compagne, aucun acte de décès n’a encore été délivré par les autorités dominicaines.
« Il y a eu des résultats ADN préliminaires, ils étaient censés être restitués à la défense, mais cela a été reporté à novembre. Parce que la Dominique n’est pas équipée pour ça : des tests ADN se font à Sainte-Lucie, des tests balistiques se font à la Barbade, ça se passe comme ça. Même notre avocat ici a du mal à tout suivre», explique Normand Langlois.
Alors que la succession n’est pas près d’être officialisée, la fondation philanthropique de Daniel Langlois est « sur pause », tout comme les projets en cours.
La Fondation Daniel Langlois avait, entre autres, lancé une initiative de protection des coraux via son programme REZDM. Ce programme a également permis la réouverture de l’école primaire de la Soufrière en 2019 suite à l’ouragan Maria.
Faute d’acte de décès, la famille de Daniel Langlois n’a pas non plus pu rapatrier les corps et tenir une cérémonie funéraire.
Réservations et baleines
Malgré les événements tragiques, Normand Langlois assure qu’il y a eu peu d’annulations de réservations à l’hôtel. Certains étaient un peu inquiets, mais la plupart des voyageurs « n’étaient pas au courant » de la situation, a-t-il déclaré.
Le Coulibri Ridge Resort est actuellement fermé en raison de la saison des ouragans. Il ouvrira à nouveau ses portes en novembre pour accueillir les touristes dans ses luxueuses suites.
« Nous avons plusieurs réserves avec le forfait Nagez avec la baleine à bosse, ce qui nous aide beaucoup», ajoute Normand Langlois. La société Aquatic Adventures propose à des groupes de cinq personnes de nager à quelques mètres des baleines à bosse.
Concernant les accusations de meurtre portées contre les deux suspects, il indique que le procès a été de nouveau reporté, au grand désarroi de la famille.
« Au début j’avais des contacts avec l’enquêteur principal du dossier, mais maintenant il ne me répond plus », conclut Normand Langlois avec déception.