La prostitution, fille de la détresse sociale et de son exploitation, a toujours su amener ses manifestations protéiformes aux humeurs du droit et de la morale. Déplacée des bordels vers les hôtels et la rue, en 1946, l’hydre du sexe rémunéré a contourné, soixante ans plus tard, le délit de racolage passif, en infiltrant, sur la Toile, les sites de vente entre particuliers et les plateformes d’hébergement touristique. C’est pour contrer un virage numérique déjà bien engagé, et une explosion du nombre de mineurs concernés, que l’exécutif élabore ce plan national, qui sonne comme une réplique de la loi de 2016, orientée vers la pénalisation des clients. Ce nouveau texte, au-delà de l’impérieuse nécessité de protéger les mineurs et de décourager fermement toute exploitation du corps d’autrui, va-t-il se confronter à une société encore très coupable du récit subliminal irrigué par le « plus vieux métier » d’un monde où tout peut être acheté? C’est peut-être ce logiciel consumériste qu’il faut aussi peaufiner, et que la loi de 2016 semble n’avoir pas réussi à réinitialiser, selon un rapport de l’Igas, en négligeant la sensibilisation, l’éducation, fondement d’une nouvelle vision de la sexualité. L’interaction sociale la plus ancienne, bien avant le commerce.
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