Plus besoin d’aller à New York pour voir « Waitress » ! – .

Plus besoin d’aller à New York pour voir « Waitress » !

Publié aujourd’hui à 15h02

« Incroyablement, nous avons reçu une dérogation pour représenter « Serveuse », la musical de Broadway, qui ne peut être joué qu’à New York, Montréal et… à Servion ! Noam Perakis, codirecteur du Café-Théâtre Barnabé, semble devoir encore se frotter les yeux pour le croire. Pourtant c’est bien vrai. “Licence (ndlr : autorisation, payant) pour jouer cette comédie musicale a été bloqué. Lorsque nous l’avons demandé, les entreprises internationales qui s’en occupent et qui nous connaissent nous ont répondu : « Nous allons organiser cela pour vous ».

Après avoir hérité de cette scène au bord de la faillite en 2018, Noam Perakis et sa co-réalisatrice Céline Rey se sont hissés au rang… 3e rang des théâtres les plus fréquentés du canton de Vaud, derrière Vidy et Beaulieu ! Ils ont érigé leur institution comme un centre de la comédie musicale en romande, et plus largement en romande: «Le fait que nous ayons monté une version française de «Serveuse» a fait le buzz jusqu’à Paris», se réjouit Céline Rey.

Ce titre ne vous dit rien ? Les connaisseurs parlent d’une des plus belles comédies musicales récentes de Broadway, qualifiée de « hit » par le « New York Times » et nominée à plusieurs reprises aux Tony Awards (les Oscars du genre). Particularité : cette œuvre a été créée il y a moins de dix ans par une équipe entièrement féminine – du livret à la direction musicale, en passant par les costumes et la chorégraphie.

Relation toxique

Comme le titre l’indique, le personnage principal, Jenna Hunterson, est une serveuse. Chaque jour, elle « crée toute une histoire de saveurs », réalisant des tartes aux noms évocateurs, comme celle baptisée « Tant qu’il y a du beurre, il y a de l’espoir ». Ces les pies, comme on les appelle aux États-Unis, recouverts de pâte comme des tartes, constituent une métaphore de son intériorité, camouflée sous la surface.

Jenna, en fait, remplit ses créations gustatives d’amour, mais se débat dans une relation toxique. “Mettre ses émotions dans ses tartes lui permet de tenir le coup : son amour d’adolescent est devenu son agresseur et il lui est très difficile de s’en libérer”, explique Frédéric Brodard, l’un des deux réalisateurs. Elle incarne la serveuse qui doit paraître douce et parfaite pour gagner sa vie grâce aux pourboires, mais sous cette apparence, son histoire est sombre.

Lorsque Jenna se retrouve enceinte de l’homme qu’elle n’aime plus, sa vie change : va-t-elle prendre une tournure encore plus dramatique ou va-t-elle tendre vers la lumière ? Sur la scène de Barnabé, cette potentialité d’une autre vie s’illustre dans le décor : la photographie des grands espaces américains se déroule derrière le décor. dîner, ce restaurant est immédiatement reconnaissable à son sol en damier et ses banquettes en cuir rouge disposées comme des sièges de train. Le four de la cuisine est fonctionnel : « Ce sera notre premier spectacle olfactif », sourit Noam Perakis.

Extrait de «  mia ! » à “Serveuse”

Pour jouer Jenna, Aude Gilliéron. Preuve que les talents de la comédie musicale francophone s’exportent, la Vaudoise a brillé depuis octobre jusqu’à cette semaine dans plus de 150 représentations de “Mamma mia !” au Casino de Paris : elle chante et danse dans la troupe, tout en restant prête à doublurer l’une des quatre principales figures féminines, qu’elle incarne à plusieurs reprises.

Un énorme défi à poursuivre à Servion, où sa doublure Loren Muñoz a assuré récemment les répétitions, tout en l’informant à distance des changements de placement sur scène. « Normalement, les dates ne m’auraient pas permis de jouer Jenna. Mais j’ai insisté pour passer une audition. J’ai été prise et on a essayé de tout concilier, explique-t-elle au téléphone.

« J’ai vu « Waitress » à Londres le jour de mon 30e anniversaire et j’ai été choquée. Nous avons écouté l’album musical de Broadway en boucle avec Fred (ndlr : Brodard). Nous avons même réalisé une reprise vidéo d’une des chansons, qui a été postée par la production new-yorkaise sur sa page internet, dont nous étions fiers ! C’était toujours en nous de monter ce spectacle. Les valeurs de fraternité, d’amitié, de famille et les questions sur la maternité illustrées dans la pièce résonnent très fortement en moi. Être enceinte entraîne Jenna dans un voyage introspectif qui l’oblige à regarder sa vie de front.

Pour jouer Jenna, Aude Gilliéron.

Prisme de la sensibilité féminine

Les réalisateurs Frédéric Brodard et Ylan Assefy-Waterdrinker ont également assuré la traduction. Les comédies musicales sont plus difficiles à traduire que la prose, car les paroles doivent correspondre à la musique. Un travail qui a nécessité des allers-retours par téléphone ou Zoom aux Etats-Unis avec Jessie Nelson, l’auteure du livret. Il a fallu « trouver les bonnes ouvertures de voyelles pour les chansons, mais aussi trouver les rimes qui fonctionnent et ajuster les jeux de mots, dans cette histoire centrée sur les femmes et créée par des femmes, contrairement au regard masculin (ndlr : le regard masculin stéréotypé qui a longtemps prévalu dans les représentations de la femme)», explique Frédéric Brodard.

Alors, n’est-ce pas un problème que deux hommes dirigent « Waitress » ? « Cela implique de mettre un peu notre ego de côté », répond Frédéric Brodard. Ylan Assefy-Waterdrinker poursuit : « Nous n’avons pas voulu imposer notre perspective humaine et nous nous sommes abstenus de définir certaines choses, laissant la discussion ouverte. Par exemple, pour la scène de l’accouchement, nous avons demandé aux interprètes de suggérer les points où ils imagineraient avoir mal et nous avons fait appel à une sage-femme pour discuter des postures.

“Pendant les répétitions, nous avons tous pleuré au point de ne plus pouvoir jouer à la fin du 2e agir, glisse Frédéric Brodard. Je n’ai jamais vécu cela en vingt ans de travail. Personnellement, je me sens proche de cette sensibilité féminine. Mais j’espère que « Waitress » permettra aux téléspectateurs de vivre ce voyage émotionnel. Les grèves des femmes font avancer les choses, mais ce spectacle peut peut-être changer les mentalités de manière plus douce, par l’empathie.»

« Serveuse », Café-Théâtre Barnabé, Servion (VD), à partir du 3 mai. www.barnabe.ch

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