Journée inoubliable avec les enfants talibés du Sénégal grâce au Théâtre des 4 mains et au Théâtre Soleil

Journée inoubliable avec les enfants talibés du Sénégal grâce au Théâtre des 4 mains et au Théâtre Soleil
Journée inoubliable avec les enfants talibés du Sénégal grâce au Théâtre des 4 mains et au Théâtre Soleil

Collée, la joyeuse troupe s’élance. Ou plutôt sur la piste. Pendant trois heures. La fin du voyage sera épique. Secoué comme un prunier, l’équipage meurt de chaleur. Tout le monde a hâte d’arriver au Village SOS Pilote, au Lac Rose. Notamment Adama Cissé, ancien enfant talibé, lui-même recueilli dans ce village.

Le scandale des enfants talibés

Les enfants dits talibés sont des enfants envoyés dans les écoles coraniques par leurs parents. S’ils apprennent quelques sourates, ils sont principalement exploités par les marabouts qui les envoient mendier chaque jour. Dans la rue, avec leur pot de tomates, ils doivent rapporter 1000 francs CFA par jour et 2000 francs CFA le vendredi, jour de prière. S’ils ne rapportent pas la somme demandée, ils sont battus comme une pierre.

Le témoignage émouvant d’Adama Cissé, ancien enfant talibé

Le phénomène des enfants talibés, qui sont 100 000 au Sénégal selon l’UNICEF, est partout. Les autorités, pour la plupart, minimisent l’ampleur de ce fléau. Il s’agit deun vrai scandale. Tout le monde le sait mais personne ne fait rien. Certainement pas des hommes politiques qui se contentent de promesses qui ne sont jamais tenues.

Abdou, du Village Pilote, sillonne les rues de Dakar et d’ailleurs pour identifier ces enfants, les approcher et leur proposer un accueil dans le village où ils seront nourris, logés et scolarisés. Près de 4 500 enfants y sont déjà passés. Certains d’entre eux y restent plusieurs années. Ils sont actuellement environ 300 et ont entre 5 et 23 ans. Ils viennent des daaras (écoles coraniques), des prisons pour mineurs ou de la rue. Ils étaient parfois enchaînés, enfermés dans des cages pendant des mois. Petit à petit, ils s’acclimatent, reprennent confiance, malgré les blessures, préparent leur avenir et réintègrent, dans la mesure du possible, la société. Ce jour-là, la plupart d’entre eux verront une pièce de théâtre pour la première fois : Pinocchio le Kikirga ou le conte de Carlo Collodi revisité.

Le scandale des enfants talibés au coeur d’un spectacle de marionnettes

40 ans du Théâtre des 4 mains

La journée avec eux sera inoubliable. Comme ce Festival international de marionnettes Djaram’art, qui propose des spectacles gratuits aux enfants des rues et auquel ont participé plusieurs compagnies de théâtre belges pour jeune public. Y compris le Théâtre des 4 mains, qui fête ses 40 ans en octobre (voir ailleurs) et qui parcourt le monde pour jouer devant des enfants de tous horizons et dans des circonstances parfois rocambolesques, comme ici au Sénégal, sous une chaleur étouffante. , sur la plage, à ciel ouvert et en coulisses, ou au Pilot Village, pour d’autres yeux, d’abord effrayés, puis émerveillés.

Avec ses bâtiments couleur terre, son terrain de football, son potager, son infirmerie, ses dortoirs par tranches d’âge, ses classes, son réfectoire, le village, espacé et lumineux, semble nous sourire.

Le public captivé

Lorsque la camionnette arrive au village, une nuée de têtes frisées vient aider à décharger les décorations. Attendez ensuite patiemment que les artistes soient prêts.

Après les émeutes, du théâtre et de l’espoir pour les enfants du Sénégal

Le balafon déploie ses premières notes, le silence s’abat sur l’assemblée. Le petit garçon qui vient d’arriver au Village Pilote, et qui ne sait pas trop ce qui lui arrive, se retrouve sur les genoux d’un aîné. Malgré cela, il a du mal à se concentrer et jette un regard effrayé autour de lui. Cela ne se calmera que quelques jours plus tard.

Petit à petit, le public disparate se rassemble et unit ses regards vers la scène, de plus en plus captivé par le spectacle qui se déroule sous ses yeux, qui mêle chants en moré et diula, langues burkinabè, danses, masques, cultures africaines et européennes. Les artistes donnent le meilleur d’eux-mêmes. Leur générosité est sans limite, le rythme des musiciens Sami Kimpe et Yacouba Drabo enfiévré et leur enthousiasme contagieux. Du coup, les soucis restent à l’extérieur pour suivre au plus près l’histoire de cette petite marionnette enfant en bois, imparfaite mais tellement attachante.

Un regard critique sur le monde d’aujourd’hui

Née de la rencontre entre le Théâtre des 4 Mains et le Théâtre Soleil de Ouagadougou, cette version africaine de Pinocchio, créée dans la capitale burkinabè et finalisée à Beauvechain, jongle avec l’histoire initiale et pose un regard critique sur le monde d’aujourd’hui et le cheminement de la richesse. est distribué entre les peuples.

De grandes figures de l’imaginaire de l’Afrique de l’Ouest y sont intégrées, comme Mamiwata, Siapopo et Guiro, Bala le Mignon, et d’autres personnages plus réels comme un contrebandier libyen, tissant de nombreux liens avec le fonctionnement de la société africaine d’aujourd’hui.

Quel animal social es-tu ?

“Je suis extrêmement touchée par cette démarche, par ce lieu, par ces gens qui n’ont rien et qui se mobilisent pour mettre les enfants en selle”nous raconte, à la fin du spectacle, Marie-Odile Dupuis, cofondatrice du Théâtre des 4 mains avec Benoît de Leu, et directrice de Pinocchio le Kikirga with Burkinabé Thierry Oueda. “Je suis là pour eux. Leur solidarité m’émeut, leur façon de traduire pour ceux qui ne parlent que le wolof, les adultes qui s’occupent des petits… Tout cela est bouleversant. J’ai trouvé que le message passait bien avec le pays des jouets qui devient un faux eldorado, avec la tempête, la Méditerranée qui avale… On sent qu’il s’est passé quelque chose aujourd’hui. Je serais resté toute la journée..

Mais l’heure du retour à la maison est venue. Les artistes ont démonté les décors, les ont solidement attachés sur le toit et les ont entassés à nouveau dans le fourgon, sans avoir le temps de manger ni de boire. Ce sont parfois les dures conditions des tournées. La température a encore augmenté de quelques degrés. Olivier, « le couteau suisse » de l’association Djarama, tourne la clé dans le contact et s’apprête à repartir pour encore trois heures chaotiques mais les enfants arrivent en courant pour un concert de djembé improvisé. Le plus beau merci.

« Pinocchio le Kikirga » sera joué le 12 octobre à La Montagne Magique dans le cadre du focus dédié aux 40 ans du Théâtre des 4 mains. [email protected] ou 02.210.15.90.

 
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