La hausse du coût de la vie a été plus brutale pour les plus démunis depuis un an. Les revenus nécessaires pour « vivre dignement » ont augmenté plus vite que la hausse de l’inflation, selon une étude de l’Institut de recherche et d’information socio-économiques (IRIS).
«La marge de manœuvre des personnes en situation de pauvreté ou au bord de la pauvreté est moindre», souligne la chercheuse du think tank de gauche, Eve-Lyne Couturier, en entrevue.
“Il est plus difficile de faire un choix entre les différentes catégories de dépenses et les dépenses les plus importantes, notamment le logement et la nourriture”, [qui] sont des catégories […] très sensible à l’inflation », poursuit-elle.
En 2015, IRIS a développé le « revenu durable », qui se veut un indicateur alternatif au seuil de pauvreté. Un revenu durable comprend les besoins essentiels, mais aussi les dépenses nécessaires pour « vivre dignement », incluant par exemple les vacances, les sorties culturelles et les économies pour faire face aux imprévus.
IRIS a mesuré l’indicateur dans sept municipalités du Québec pour trois profils de ménages : une personne seule, une famille monoparentale et une famille de quatre personnes.
Selon les différentes situations, le seuil de revenu viable a augmenté entre 6,2% et 19,3% au cours de l’année écoulée, estime l’IRIS. Pour vivre dignement, une personne seule aurait besoin entre 30 738 $ (Trois-Rivières) et 43 609 $ (Sept-Îles), selon l’endroit où elle habite. Pour une famille de quatre personnes, le revenu nécessaire se situe entre 72 788 $ (Trois-Rivières) et 86 585 $ (Sept-Îles).
Par exemple, une famille de Sherbrooke a besoin d’un revenu de 78 563 $ en 2024 pour atteindre le seuil de revenu viable. Il s’agit d’une hausse de 15,3% en un an. Une personne seule au Québec a besoin de 35 395 $, en hausse de 13,8 % par rapport à l’année dernière.
IRIS a également revu sa méthodologie, comme elle le fait tous les cinq ans, afin que ses données soient « les plus fiables possibles ». Par exemple, pour les produits d’épicerie, son équipe a relevé les prix dans les sept régions. Auparavant, les enquêtes étaient réalisées à Montréal et ajustées pour d’autres régions à l’aide d’autres données. « Les données de 2024 sont beaucoup plus représentatives du coût des courses », explique-t-elle.
Le rapport IRIS montre que le salaire minimum ne suffirait pas à sortir de la pauvreté, estime M.moi Couturier.
Par exemple, à Montréal, une personne célibataire qui travaille au salaire minimum 35 heures par semaine n’atteint que 68 % de son revenu viable. Cette personne devrait gagner 27 dollars de l’heure pour atteindre un revenu viable, toujours selon IRIS.
Le salaire minimum, quant à lui, augmentera de 50 cents pour atteindre 15,75 dollars le 1euh en mai prochain.
Une personne âgée de 65 ans qui reçoit 16 000 $ du Régime de rentes du Québec, en plus du Supplément de revenu garanti et de la pension de la Sécurité de la vieillesse, mais qui n’a aucune épargne-retraite, n’atteint que 75 % du revenu minimum viable.
«On constate que pour les retraités ou pour ceux qui travaillent à bas salaire, sortir de la pauvreté est très exigeant», souligne le chercheur.