par Ron Bousso
Après plus de deux années de bénéfices considérables, les plus grandes compagnies pétrolières mondiales pourraient avoir du mal à maintenir le niveau de leurs dividendes et de leurs rachats d’actions face à la chute des prix du pétrole, estiment les analystes.
Depuis des décennies, les majors pétrolières séduisent les investisseurs en promettant des dividendes réguliers, mais l’incertitude grandit quant aux perspectives à long terme de l’industrie dans le contexte de la transition énergétique.
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Chevrons
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Exxon Mobil
XOM.N
Coquille
SHEL.L et TotalEnergies TTEF.PA ont versé plus de 272 milliards de dollars (245,60 milliards d’euros) à leurs investisseurs sous forme de dividendes ou de rachats d’actions depuis début 2022, lorsque les prix du pétrole et de l’énergie ont bondi après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Selon les calculs de Reuters, ce chiffre représente presque le double des dividendes versés au cours des 10 trimestres précédents.
Toutefois, la récente chute des prix du brut autour de 70 dollars le baril ainsi que la forte baisse des bénéfices du raffinage devraient peser sur les résultats des prochains trimestres.
Ces dernières semaines, plusieurs banques ont abaissé leurs prévisions sur les prix du pétrole, invoquant des perspectives sombres pour la demande, et ont abaissé leurs attentes en matière de bénéfices pour le secteur dans son ensemble.
“Avec la modération des prix du pétrole et la faiblesse des marges de raffinage, 2025 pourrait être considérée comme une année ‘perdue’ pour le secteur”, a déclaré Biraj Borkhataria, analyste chez RBC Capital.
Selon lui, Exxon, Chevron, Shell et TotalEnergies devraient maintenir leurs projets de rachat d’actions au même niveau pour l’année à venir, même s’ils doivent pour cela emprunter.
À cette fin, selon les prévisions de RBC sur les prix du pétrole, Chevron devrait emprunter 8,6 milliards de dollars, Exxon 5,1 milliards de dollars, TotalEnergies 5,6 milliards de dollars, Shell 3,8 milliards de dollars et BP 3,1 milliards de dollars, a-t-il précisé.
BP va cependant probablement ralentir le rythme de ses rachats d’actions en raison de son niveau d’endettement plus élevé que celui de ses concurrents, note l’analyste. Pour l’italien Eni
ENI.MI, le niveau de rendement pour les actionnaires dépendra de l’ampleur des ventes d’actifs, a-t-il ajouté.
« La différence dans votre capacité à maintenir les distributions dépend de la solidité de votre bilan actuel et de votre volonté de réinvestir pour maintenir les distributions », observe Biraj Borkhataria.
Joshua Stone, analyste chez UBS, s’attend à ce que BP réduise ses rachats d’actions à 4 milliards de dollars en 2025, contre 7 milliards de dollars cette année, sur la base d’un prix moyen du brut de 75 dollars le baril.
Shell devrait réduire ses rachats de 1,5 à 12,5 milliards de dollars tandis que TotalEnergies devrait pouvoir maintenir ses rachats à 8 milliards de dollars, estime Joshua Stone.
“Les rachats devraient ralentir de manière plus significative si les prix tombent en dessous de 70 dollars le baril”, prévient-il.
Un porte-parole de BP a déclaré que les attentes du groupe en matière de rendement pour les actionnaires restaient inchangées et que la société maintiendrait un cadre financier discipliné.
Chevron, Exxon, Shell et TotalEnergies, qui organise mercredi une journée des investisseurs à New York, n’ont pas fait de commentaire dans l’immédiat.
(Écrit par Ron Bousso et Gary McWilliams, version française Pauline Foret, édité par Blandine Hénault)