La médecine du travail ne se limite pas aux visites pré-embauche. Ses missions ont évolué et se concentrent désormais sur la prévention des risques des entreprises. Notre équipe a suivi le quotidien de ces soignants corréziens qui mettent tout en œuvre pour que travail rime avec santé.
« Portez-vous des lunettes ou des lentilles de contact ? » Tous les salariés connaissent le principe : Leslie Lopez vient d’être embauchée dans un garage corrézien. Elle a rendez-vous au Service de Prévention Santé au Travail de Tulle pour une toute première visite médicale. « Prenez-vous des médicaments qui peuvent altérer la vigilance : somnifères, antidépresseurs, antiépileptiques ? » demande l’assistante du médecin.
Eric Chinchilla est un ancien médecin généraliste et urgentiste. Désormais, il prévient les maladies, accompagne les collaborateurs en cas de problème, et conseille toujours : « Elle travaille dans une atmosphère où il y a des agents polluants, des gaz d’échappement… donc il y a des règles, des consignes. Si elle doit peindre, il y a aussi des règles.
Lorsqu’on lui demande si elle fera attention, la mécanicienne répond : « Le dos surtout, pour se baisser, pour bien travailler les cuisses… »
“Bonjour, c’est Mme Laville de la médecine du travail, pour les mesures de bruit.” La santé au travail ne se limite plus aux visites médicales. Chrystelle Laville est technicienne en santé et sécurité. Ce jour-là, sa mission l’amène dans une entreprise de Malemort, en Corrèze, qui fabrique des confitures et des compotes. Elle est venue accompagnée d’un drôle de petit objet : “C’est un posemètre : je vais le mettre sur ton épaule”, explique-t-elle à Jacky Martins, opérateur de machine. “Il n’enregistre pas ce que vous dites, ne vous inquiétez pas…”
Il ne s’agit pas d’inspection du travail, il n’y a pas de sanction, mais des mesures et des échanges : « Bruit, vibrations, radon, poussières, lumière… Tout cela, il faut savoir si on dépasse les seuils réglementaires et accompagner les entreprises pour réduire l’exposition des salariés aux risques.
Il faut penser à l’avenir : si nous sommes constamment dans le bruit sans protection, nous ne savons pas ce qui pourrait nous arriver dans cinq ou dix ans.
Jacky Martins, opérateur de machine
Moins bruyante, une table ronde sur le statut des salariés soignants qui doivent s’occuper d’un proche dépendant, en complément de leur activité professionnelle. Avec le vieillissement de la population, le sujet est préoccupant. « Des salariés qui ne vont pas se déclarer, c’est peut-être parce qu’ils n’osent pas et parce qu’ils ont peur de l’impact de leurs déclarations… » avance ça soignant.
Dans les locaux du service de santé au travail, une mutuelle informe les chefs d’entreprise et les responsables RH des éventuelles aides, comme Sandrine Dounies : « Je pense que c’est un problèmesera de plus en plus important dans les années à venir, nous devons donc être prêts, nous devons avoir des solutions.
Pour faire face à ces enjeux, la santé au travail tente d’attirer de nouveaux médecins comme Alexane Dupuy, une jeune interne en stage, convaincue par l’enjeu de la prévention.
« Si on évite de tomber malade, dans ce cas, on n’a pas besoin de soigner… Cela peut paraître un peu frustrant quand on a passé dix ans à étudier des livres entiers sur les traitements pour finalement ne pas pouvoir prescrire. Certains stagiaires sont assez réticents à ce sujet, c’est normal. Mais tu as besoin de tout !
Cependant, la médecine du travail n’est pas très attractive. C’est la spécialité la moins demandée par les étudiants en médecine. Elle présente cependant des avantages : le médecin a le statut de salarié et travaille trente-cinq heures par semaine, jamais le week-end. Par ailleurs, il accompagne de plus en plus de profils selon Philippe François, président du Service de Prévention Santé au Travail de Tulle : « Désormais, nous sommes en pleine prévention : le salarié vient voir son médecin du travail quand il le souhaite. Le manager aussi, lui aussi, est nouveau.
En 2022, sur 120 postes de médecin du travail ouverts en France, seuls 96 ont été pourvus.
