Dans le titre Grenouilles, extrait de son dernier album, Dieu sauvageCitation de Nick Cave Dimanche matin, ça arrive. “C’est ma chanson country préférée, confié à Monde à cette occasion le chanteur australien. Et c’est l’un des chefs-d’œuvre de Kris Kristofferson. Un pur blues du dimanche matin, avec son désespoir total et sa grande misère lorsqu’il dit avoir enfilé sa chemise sale la plus propre. » Gueule de bois guérie par une bière au petit-déjeuner – qui sera renouvelée jusqu’au dessert –, errance dans la ville, dévastation dans la solitude : Dimanche matin, Comin’Down imposé avec une douceur tragique la signature de Kris Kristofferson.
C’est avec cette ballade que le chanteur et acteur américain, décédé samedi 28 septembre à l’âge de 88 ans dans sa résidence de Hana (Hawaï), faisait son entrée en 1969 dans le cercle des auteurs-compositeurs de Nashville (Tennessee). ), fief de la musique country. Elle a été interprétée pour la première fois par Ray Stevens avant de prendre la tête du classement des spécialistes grâce à Johnny Cash. Elle sera reprise par Waylon Jennings, figure, avec Cash et Kristofferson, du mouvement hors-la-loi, qui s’insurge contre le conformisme et la dérive pop de Nashville. Face au pouvoir évocateur de Kristofferson, l’institution a dû s’incliner ; Dimanche matin, Comin’Down a été élue chanson de l’année en 1970 par les Country Music Association Awards.
A l’âge déraisonnable de 34 ans, Kris Kristofferson a enfin été reconnu. Pas en tant que chanteur puisqu’il venait de publier un premier album sous son seul nom de famille, passé plutôt inaperçu. Sa voix caverneuse et fragile manquait singulièrement d’assurance et il l’admettait lui-même volontiers. C’est surtout la qualité exceptionnelle de son écriture qui a impressionné Fred Foster, patron du label Monument Records, qui a supervisé les carrières de Roy Orbison et Ray Stevens, et qui avait lancé celle de Dolly Parton.
Vengeance brillante
En plus Dimanche matin, Comin’Downl’album Kristofferson contient bien le tube Moi et Bobby McGee – également interprété par Janis Joplin, qu’elle a enregistré en 1970 et qui a été publié dans l’album posthume Perle sorti en janvier 1971 – avec sa célèbre formule « La liberté n’est qu’un autre mot pour dire qu’il n’y a plus rien à perdre » (« la liberté n’est qu’une autre façon de dire que nous n’avons plus rien à perdre ») ; mais aussi les ballades déchirantes qui sont Aide-moi à passer la nuit (numéro 1 du top country pour le chanteur Sammi Smith, avant d’être adopté par le soulman Al Green) et Pour les bons moments (même performance pour Ray Price), qui sera à son tour nommée chanson de l’année en 1971 par l’Academy of Country Music.
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