le GPA de toutes les contradictions

le GPA de toutes les contradictions
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Mardi, le Parlement européen a adopté à la quasi-unanimité une directive contraignante listant l’exploitation de la maternité de substitution (GPA) parmi les pratiques liées à la traite des êtres humains. Si les considérations préliminaires de la directive semblent relativiser la contrainte qui pourrait être imposée aux Etats membres dans ce domaine, le Parlement a choisi de ne pas faire de distinction entre les différentes formes d’AMP. Le lendemain, en , une polémique surgit d’une question formulée par la tête de liste Reconquête aux élections européennes, Marion Maréchal, après l’annonce par le styliste de mode Simon Porte Jacquemus d’une naissance par GPA : « Où est la mère ? »

Critique de la part de nombreux partisans d’Emmanuel Macron, qui affirmait pourtant en 2017 que GPA ne serait pas légalisé sous son mandat pour des raisons « éthique et dignité « . Insultes de Rima Hassan, dont le patron Jean-Luc Mélenchon refuse de soutenir » l’idée qu’une personne est un instrument de production « . Il n’était pas le seul, en 2022, puisqu’aucun candidat à la présidentielle n’a soutenu GPA, à l’exception notable de l’écologiste Yannick Jadot qui s’est cette fois affranchi de la nature pour défendre un « GPA éthique », sans toutefois l’inclure dans son programme.

Réduire l’attachement à l’enfant

Sur le sujet, les contradictions s’accumulent. D’abord celui du rapport au droit. En France, la pratique est interdite dans les textes ; mais en fait, ” l’incitation à contourner la loi est permanente. Les médias déroulent le tapis rouge aux stars qui ont recours à la GPA, les juges ferment les yeux sur les GPA subies par les enfants, les parlementaires ne complètent pas le Code pénal pour punir les GPA commises à l’étranger, les procureurs ne poursuivent pas en justice les sociétés commerciales étrangères GPA qui viennent pour solliciter des clients sur notre territoire… », souligne Aude Mirkovic, porte-parole des Juristes pour les Enfants, partisans de l’abolition internationale de la GPA.

Un paradoxe déjà soulevé lorsqu’une circulaire a permis la reconnaissance à l’état civil français des enfants nés de gestation pour autrui à l’étranger, dans la foulée de la légalisation du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels. En 2022, dans une interview au magazine Têtu, Jean-Luc Mélenchon a résumé la schizophrénie partagée par tant d’autres en se disant opposé à la GPA, mais favorable à la reconnaissance légale de ces enfants en France. Il a alors reconnu un « position paradoxale ” sans avoir ” trouvé mieux « .​ Avec cette transcription, l’enfant n’a plus accès à ses origines biologiques ou génétiques, effacées au profit de la seule existence de ses « parents d’intention », hétérosexuels ou homosexuels, qui deviennent sa seule filiation.

Là encore, la contradiction surgit. En effet, GPA est défendue au nom de la « parentalité sociale » qui à elle seule remplacerait le poids de tout lien biologique ou génétique. ” Et pourtant, ceux qui recourent à la maternité de substitution plutôt qu’à l’adoption le font précisément pour préserver le lien génétique avec leurs enfants, qu’ils jugent donc important. », remarque l’essayiste Céline Revel-Dumas, auteur de GPA, le Grand Bluff. C’est aussi ce que livrait le journaliste Marc-Olivier Fogiel dans son livre Qu’est-ce qui ne va pas avec ma famille ? publié en 2018 pour témoigner de son recours à la GPA : il décrit avoir décidé, avec son mari François Roelants, de concevoir deux filles avec le sperme de l’une… puis de l’autre, et s’être contenté de voir à quel point chacune ressemblait à l’une des eux.

Le reste après cette annonce

L’éthique GPA est une illusion, ce n’est souvent qu’une étape »

Une contradiction devenue évidente aux Etats-Unis : c’est en effet l’importance de ce lien génétique qui a poussé le pays à interdire à la mère porteuse d’être également donneuse d’ovules pour réduire l’attachement à l’enfant… Comment imaginer que le la mère développe cet attachement par la génétique et qu’il n’existe absolument pas chez l’enfant ? Et que dire de la contradiction qui habite aussi le terrain biologique, réduite à néant dans la promotion du GPA, à l’heure où les publications scientifiques regorgent d’articles explorant le lien extrêmement puissant qui se noue entre la mère et l’enfant… pendant la grossesse ?

Contradiction, toujours, dans l’appréhension du rôle joué par l’argent dans la pratique de la GPA. Certains partisans de la satisfaction maximale du désir d’enfant reconnaissent implicitement que la transaction financière institue un droit de propriété difficile à assumer et prônent donc un « GPA éthique » dépouillé de son volet financier. A droite, les critiques sont quasi unanimes ; mais la cause est bien plus largement transpartisane. Jean-Luc Mélenchon avait par exemple écarté cette possibilité en 2021 : « Je ne crois pas à un GPA éthique et volontaire […] Je suis certaine que la maternité de substitution crée nécessairement des situations d’exploitation des femmes. »

Une position également défendue en mars dernier dans une tribune d’élus socialistes publiée par Libérer, qui affirmait qu’aucun GPA ne pouvait être éthique. Car même sans argent, il reste un contrat. Céline Revel-Dumas, qui a étudié la pratique partout dans le monde, va encore plus loin : « Le Canada, souvent cité en modèle, prévoit une petite compensation financière dans la dernière version de sa loi. L’évolution est toujours la même : les pays qui refusent que la mère porteuse soit rémunérée au nom de la justice due à l’enfant finissent par y revenir au nom de la lutte contre… l’injustice. En effet, la GPA impose un contrat, des avocats, des assureurs, et donc de l’argent en jeu. Au bout de quelques années, certains s’indignent que la mère porteuse soit la seule à ne pas être payée. ! Le GPA « éthique » est une illusion, ce n’est souvent qu’une étape. »

Il existe cependant des pays où cette rémunération reste strictement interdite : « En effet, et les plus riches continuent de partir à l’étranger car il y a trop peu de candidats… », insiste l’essayiste. De son côté, la juriste Aude Mirkovic refuse même d’entrer dans ce débat, le situant ailleurs : « Quoi qu’il en soit, l’enfant fait l’objet d’un acte de disposition, prérogative du propriétaire. C’est la définition de l’esclave retenue par les conventions internationales ainsi que par le Code pénal français. Et l’amour promis, et sans doute réel, n’y change rien. »

Contradiction, encore une fois, même dans la place accordée aux besoins de l’enfant dans notre réflexion. Les premières lois de bioéthique, votées en 1994, interdisent la pratique de la GPA en France. Mais ils se sont néanmoins intéressés à cette question du lien biologique en matière de procréation médicalement assistée (PMA), en balayant son importance au moment d’établir les grands principes du don de gamètes : libre consentement et anonymat. Le législateur avait déjà pensé, à la place de l’enfant, que la décision n’aurait aucun effet.

Mais ces enfants sont devenus adultes, formant des associations, dont plusieurs ont fini par réclamer la levée de cet anonymat au nom de la nécessité d’accéder à leurs origines. Ils n’ont pas relativisé la capacité d’être de bons parents de ceux qui recourent à ces pratiques, mais se sont interrogés sur les conséquences bien réelles dans leur propre vie. Lors de la dernière révision de ces lois, en 2021, le législateur a édicté de nouvelles dispositions pour permettre à ces enfants de connaître l’identité du tiers donneur. L’époque, facilement intransigeante avec les tolérances passées, devrait avoir peur d’oublier les besoins de l’enfant au profit des désirs des adultes. Car ces enfants nés de gestation pour autrui pourraient finir par se demander, à leur tour, où est leur mère.

 
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