La nouvelle vie de Jean Asselborn comme porte-parole pour l’Europe

La nouvelle vie de Jean Asselborn comme porte-parole pour l’Europe
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Deux minutes avant 14 heures, Jean Asselborn se tient devant l’entrée de son chantier à Steinfort, attendant que quelqu’un vienne le chercher. Plus tôt dans la matinée, il était déjà l’invité de RTL en tant que « rédacteur invité » ; puis, malgré les températures fraîches, il a fait un tour sur son vélo de course.

Un détour par Sarrebruck, près de la frontière, est désormais au programme : interview télévisée sur Saarland Radio (SR), conférence de presse, discours et table ronde au sein du mouvement pro-européen « Pulse of Europe ».

A 14 heures précises, une Mercedes argentée arrive pour récupérer l’invité d’honneur. Et là, c’est presque comme avant, au cours des presque deux dernières décennies, quand Asselborn était ministre des Affaires étrangères du Grand-Duché, avec toutes les commodités qu’implique un tel poste : voiture de société et chauffeur. Un secrétariat. Une foule de diplomates à votre service. Et une omniprésence sur les écrans entre Belval et Berlin sans égal.

Kurt Engler, habitant de Sarrebruck, est bénévole dans le mouvement « Pulse of Europe ». © PHOTO : Michael Merten

Mais beaucoup de choses sont différentes dans la vie de Jean Asselborn, qui n’est pas pris en charge ce jeudi par un chauffeur professionnel, mais par un bénévole : Kurt Engler, un habitant âgé de Sarrebruck, s’engage depuis des années avec « Pulse of Europe » .

En costume-cravate, il s’est rendu en voiture privée à Steinfort pour récupérer cet intervenant qu’il ne connaissait jusqu’alors qu’à travers la télévision. Son épouse lui a offert, ainsi qu’à Jean Asselborn, un sac contenant des sandwichs au fromage, des pommes et des barres de chocolat.

Un panier-repas plutôt qu’un dîner d’État

Préférez un panier-repas à un dîner avec des invités d’État. Coordonnez vous-même les demandes de rendez-vous par téléphone ou par courrier électronique au lieu de confier cette tâche à l’une des secrétaires habituelles. Depuis le 16 novembre, le quotidien de Jean Asselborn, qui fête ses 75 anse anniversaire ce samedi, est totalement chamboulé. Contrairement à son ancien collègue des Verts, François Bausch, entré à la Chambre et candidat au Parlement européen, ce vétéran du LSAP a décidé de quitter la vie politique.

Moins de six mois se sont écoulés depuis la démission du plus ancien ministre des Affaires étrangères de l’UE. Mais le natif de Steinfort s’est déjà trouvé un nouveau rôle : celui d’un interlocuteur et d’un conférencier recherché qui met en garde contre la percée des populistes et défend avec passion les valeurs européennes. Jean Asselborn travaille désormais auprès d’institutions, d’universités et de partis politiques de tous bords. Et partout, il retrouve des compagnons de voyage d’antan.

Mardi, Asselborn s’est entretenu avec le groupe parlementaire SPD au Bundestag autour de son chef Rolf Mützenich (à gauche) et Olaf Scholz (deuxième en partant de la droite). © PHOTO : groupe parlementaire SPD

C’est également le cas à Sarrebruck, au siège de la Rundfunk sarroise (SR), où Jean Asselborn est déjà attendu cet après-midi. Un employé guide l’ancien homme politique dans les couloirs de la rédaction. C’est alors que Patricia Brever, une journaliste de Dudelange qui travaille au RS depuis 1992 et qui réalise ponctuellement des reportages télévisés sur l’ex-ministre, vient à sa rencontre. «C’est presque la même chose qu’avant», dit-elle après l’avoir chaleureusement saluée.

Le constat est exact : Jean Asselborn ne peut échapper aux demandes de rendez-vous. Cette semaine encore, il a beaucoup voyagé. Il s’est exprimé à Berlin lors d’une réunion du groupe parlementaire SPD au Bundestag, où la chancelière l’a écouté pendant trois quarts d’heure.

Les pieds sur terre et plein d’humour

C’est son compagnon de longue date, le président du groupe parlementaire Rolf Mützenich, qui en fut l’instigateur. «Jean Asselborn a toujours été pour moi, comme pour l’ensemble du SPD, un interlocuteur et un ami fiable», explique Rolf Mützenich. L’engagement pour une Europe sociale le lie au Luxembourgeois et « ce qui m’impressionne personnellement, c’est qu’il n’oublie jamais d’où il vient. Son sens des réalités et son humour le caractérisent en tant qu’homme.

Patricia Brever, de son côté, évoque le sens de l’humour de l’ancien homme politique. Jean Asselborn sait rire de lui-même, estime-t-elle. “On peut faire des blagues sur sa vanité, il n’est pas blessé.” Car on ne peut pas le nier, “il est très attiré par les médias, mais il le sait aussi et il le gère ouvertement, je trouve ça bien”.

Jean Asselborn vient dans les studios du Saarländischer Rundfunk pour une apparition de six minutes dans l’émission « aktuell Bericht ». © PHOTO : Michael Merten

Ce n’est pas comme si Asselborn s’était adressé seul à la presse. Il a du mal à dire non aux nombreuses demandes d’entretiens. Julia Lehmann, présentatrice du RS, a également invité la Luxembourgeoise dans son atelier. Devant de nombreuses caméras et projecteurs, elle l’interroge pour un reportage de six minutes sur les élections européennes. Jean Asselborn met en garde contre la montée de l’AfD et d’autres : « Une fois l’Europe brisée, nous ne pourrons plus la remettre sur pied », prévient-il.

L’animateur dira plus tard qu’il était un invité d’interview sympathique et simple, qui montrait sa passion pour l’Europe. Mais pourquoi est-il si demandé, même après avoir quitté ses fonctions ? “Parce qu’il est très direct et explique le plus clairement possible les situations compliquées”, répond Julia Lehmann. De plus, il a derrière lui une longue carrière politique.

Vers 2050, il pourrait y avoir les « États-Unis d’Europe », car « c’est ce que veulent les jeunes ». © PHOTO : Michael Merten

Rolf Mützenich souligne également l’importance de sa réputation en Allemagne. « Dans la lutte contre les autocrates de ce monde, Jean Asselborn trouve toujours un mot clair. Le Luxembourg a gagné en stature et en influence grâce à son action en tant que ministre des Affaires étrangères.»

Plus controversé dans le pays qu’à l’étranger

Au Grand-Duché, l’homme de Steinfort fait sans doute plus polémique que dans le pays voisin. Sous le nom de « Jean Quasselborn », le « Feierkrop » le prenait régulièrement pour cible. «Je pense que son image est différente à l’étranger qu’au Luxembourg», estime Patricia Brever. Dans le pays, les gens regardent de plus près les affaires gouvernementales et le public est donc plus critique. Le journaliste peut ainsi expliquer la popularité de Jean Asselborn et de Jean-Claude Juncker : «Ils disaient souvent des choses que d’autres ne révélaient pas – avec une franchise typiquement luxembourgeoise.»

Le Luxembourg a gagné en stature et en influence grâce à son action en tant que ministre des Affaires étrangères.

Rolf Mützenich

Président du groupe parlementaire SPD

Ouvert, appréciant son activité – c’est ainsi qu’Asselborn se présente également le soir où il intervient au congrès Pulse of Europe. Il défend ses positions avec passion. “Ce que les gens attendent désormais de l’Europe, c’est que nous fassions tout pour que ne gagne pas cette guerre.”

Jusqu’après 20 heures, il s’entretient avec des représentants de l’Église, de la politique, de l’économie et de la société. Lorsque les autres invités sur le podium prennent leurs verres de vin, il prend congé, car il doit prendre l’avion pour Zurich le lendemain.

Lors de l’événement « Pulse of Europe », Jean Asselborn est non seulement un conférencier, mais aussi un interlocuteur recherché. © PHOTO : Michael Merten

Il ne fête donc pas son anniversaire à la maison ce samedi. «Je n’y ai pas du tout réfléchi», a-t-il admis dans sa réponse favorable à la Société suisse de politique étrangère. Mais de toute façon, il n’a pas envie d’organiser une grande fête : « J’ai déjà vécu une très mauvaise expérience », dit-il en riant. Parce que pour ses 60 anse anniversaire, célébré en grande pompe, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’est rendu à Steinfort. Aujourd’hui, les deux ex-conseillers ne se parlent plus.

Ce dimanche, il fêtera son anniversaire en petit groupe familial. « Pour moi, ce n’est pas un événement. Ce qui m’inquiète le plus, c’est ce temps de merde”, s’exclame-t-il encore avant de monter dans la Mercedes argentée. Pour le mois de mai, il espère un temps meilleur et plus de temps pour sa grande passion, le cyclisme de course. Car même à 75 ans, « Monsieur Klartext » souhaite gravir sa montagne préférée, le Mont Ventoux, en été.

Cet article a été initialement publié sur le site Web de Moût de Luxembourg.
Adaptation : Mégane Kambala

 
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